17e RENCONTRE INTERNATIONALE DES PARTIS COMMUNISTES ET OUVRIERS ISTANBUL - TURQUIE

30 octobre-1er novembre 2015
lundi 16 novembre 2015

Intervention du Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme :

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La crise du système capitaliste reste toujours aigüe.

Les travailleurs résistent et défendent leurs conquêtes sociales. Mais le mouvement communiste devra intensifier le combat idéologique pour que leurs luttes atteignent le niveau de conscience et le degré de combativité nécessaires pour faire échouer l’offensive de la bourgeoisie, pour répandre l’espoir en posant la question fondamentale du remplacement du capitalisme par le socialisme. Les causes de ce retard par rapport aux exigences historiques se trouvent dans des facteurs objectifs - affaiblissement des rangs de la classe ouvrière par suite des mouvements de délocalisation et de destruction des capacités productives dans les vieux pays capitalistes - mais aussi et surtout dans des facteurs subjectifs : lente montée de la conscience de classe des travailleurs dans les nouveaux pays industrialisés, matraquage anti-communiste de la bourgeoisie, travail de sape effectué par la social-démocratie pour confiner les travailleurs dans la voie de la collaboration de classe.

La crise du système capitaliste exacerbe les contradictions inter-impérialistes.
Les pays dits Bric’s aspirent à obtenir eux aussi leur part du repartage du monde dans l’exploitation de la classe ouvrière mondiale, le contrôle des marchés, des zones d’influence et des sources d’énergie. Les vieilles puissances impérialistes défendent par tous les moyens leurs positions et cherchent à les étendre.

Il est clair que la Russie est un pays impérialiste qui tente de prendre sa part du redécoupage du monde, d’ouvrir au capital monopoliste russe des voies de pénétration. Elle cherche à gagner dans ce but des alliés au Moyen-Orient et dans d’autres régions du monde.
Les illusions sur les prétendus bienfaits d’un monde multipolaire sur la paix et l’indépendance des peuples contre les convoitises des USA ou de l’Union européenne, sans renversement de l’ordre capitaliste international, doivent être combattues.

Cependant les contradictions qui opposent les nouveaux aux anciens pôles impérialistes, peuvent être dans une certaine mesure exploitées par les peuples qui se battent pour échapper à la domination impérialiste. A condition que les forces révolutionnaires ne répandent pas des illusions au sein de leurs peuples et de leurs classes ouvrières sur la nature socio-économique bourgeoise réelle de ces Etats et ne se rangent pas derrière un pôle ou l’autre.

Dans les conditions de la crise de suraccumulation de capital, la contradiction fondamentale entre le travail et le capital se manifeste par une offensive ininterrompue contre les conquêtes sociales des travailleurs. A l’extérieur, cette contradiction se traduit par une agressivité dangereuse en direction de toutes les régions du monde, par l’intensification des activités militaires de l’OTAN, le long des frontières de la Russie notamment. Le soutien politique, financier et militaire apporté à diverses forces internes en Afrique et au Moyen Orient pour faire tomber les régimes indociles ou détruire des forces incontrôlables - Libye, Irak , Syrie, Yémen, etc. - a plongé de nombreux peuples dans d’immenses malheurs, la misère et l’exode.

Les Etats impérialistes intensifient leurs pressions sur les pays économiquement dominés, pour les contraindre à réorganiser leur système économique en fonction des seuls désirs du grand capital étranger, de sa soif inextinguible de profits. Ils soutiennent tout Etat bourgeois, tout courant politique bourgeois pour mater les luttes ouvrières et populaires. Mais ils ne reconnaissent aux équipes dirigeantes bourgeoises locales aucune autonomie de décision susceptible de contrarier les intérêts du grand capital étranger. Si le rapport des forces internes entre la bourgeoisie et les masses populaires fait hésiter les équipes dirigeantes à aller à la confrontation avec les travailleurs, les Etats impérialistes entreprennent de les remplacer par d’autres plus dociles au moyen de leur soutien à la subversion interne et de la menace au recours à la force extérieure. Ils s’appuient sur toutes les forces réactionnaires en conflit avec les équipes dirigeantes, y compris sur les groupes fascistes, de type nazi ou prétendument islamiste. Les Etats impérialistes accusent tout dirigeant qui leur résiste, fût-il un partisan du capitalisme, de crimes contre l’humanité quand les conflits provoqués par leurs interventions extérieures font couler le sang.

En Algérie, les dirigeants ont depuis 25 ans, cassé l’économie productive moderne du pays en satisfaisant de nombreuses revendications du capital étranger et donné sa part du marché national à chaque groupe impérialiste dans le monde. Le régime algérien a veillé à stabiliser et à renforcer la domination de la bourgeoisie. Sous prétexte de barrer l’accès au pouvoir des courants politiques qui utilisent l’Islam, il a verrouillé l’activité politique par des lois anti-démocratiques. Dans les faits ces lois entravent surtout les luttes de la classe ouvrière et des masses populaires. Mais les puissances impérialistes exigent toujours plus, notamment la privatisation des gisements d’hydrocarbures. Le régime actuel ne semble pas leur convenir complètement car il hésite à aller à la confrontation directe avec les masses populaires. Elles cherchent à le remplacer par un autre plus docile, soit par des méthodes « douces », soit par des manœuvres violentes. Elles s’appuient sur d’autres fractions de la bourgeoisie impatientes de s’emparer de la totalité des biens de la nation et acceptant de se mettre totalement à leur service. Elles s’appuient aussi sur les courants de l’ultra-réaction à vernis religieux.

Les confrontations inter impérialistes sont entrées dans une nouvelle phase avec les derniers développements en Syrie.

La guerre interne qui déchire ce pays depuis 2011 a été provoquée par le soutien apporté par les grandes puissances impérialistes, leurs alliés dans la région, la Turquie et les monarchies rétrogrades du Golfe, à l’insurrection armée organisée par les tendances politiques idéologiques les plus rétrogrades de la société. Les courants réactionnaires camouflés sous la bannière de l’Islam ont exploité le mécontentement social suscité par les conséquences anti-populaires du tournant effectué vers le capitalisme.

Nous exprimons à cette occasion notre solidarité avec nos camarades communistes de Syrie. Instruits par les leçons de notre propre expérience en Algérie, où les courants opportunistes avaient complètement désarmé le mouvement communiste en le réduisant à l’état de force d’appoint du pouvoir petit-bourgeois puis bourgeois, et où les forces de l’obscurantisme ont assassiné durant les années 1990 des dizaines de milliers de citoyens, nous sommes convaincus que la voie la plus juste est de participer au combat sous toutes les formes, économiques, politiques, idéologiques et armées afin d’infliger une défaite aux groupes obscurantistes et aux mercenaires à la solde des forces de l’ingérence étrangère. C’est la voie dictée par les réalités concrètes syriennes pour renforcer le poids des forces communistes révolutionnaires, pour imposer sur le terrain des luttes l’indépendance d’action du mouvement ouvrier par rapport à la bourgeoisie, y compris par rapport à celle qui se qualifie d’anti-takfiriste. C’est la voie requise pour l’accumulation des forces et de la conquête de l’influence politique et idéologique nécessaires à la transformation de la résistance à l’obscurantisme et aux ingérences impérialistes en processus de lutte pour le socialisme.

Les communistes algériens considèrent que :

1/ les partis communistes du monde entier dont le nôtre ont une grande responsabilité pour élaborer une stratégie et des orientations politiques et idéologiques ayant pour objectif essentiel de renverser le système capitaliste, fondement économique de l’impérialisme, qui ne peut être réformé mais doit être remplacé par le système socialiste. Ils doivent réaffirmer le contenu historique de notre époque : la lutte résolue pour le passage au socialisme. Les conditions matérielles objectives de ce passage existent à grande échelle.

2/ La raison d’être du mouvement communiste, en tant qu’avant-garde révolutionnaire, est de faire prendre conscience à la classe ouvrière ouvrière et aux couches populaires opprimées par le capitalisme, dans les luttes de classe quotidiennes, de la nécessité de la révolution socialiste, de l’avènement du pouvoir de la classe ouvrière et de ses alliés, de la socialisation des moyens de production, de la planification économique et sociale.

Notre raison d’être est de combattre l’influence de l’idéologie bourgeoise et notamment celle de la sociale-démocrate au sein de la classe ouvrière qui retarde la prise de conscience de la nécessité du socialisme, d’éduquer la classe ouvrière pour qu’elle prenne conscience que ses intérêts ne peuvent pas être défendus sans l’existence d’un parti communiste révolutionnaire, sans des syndicats de classe indépendants de la bourgeoisie, sans des syndicats internationalistes, sans ses propres luttes. Sans tout cela, elle sera toujours trompée par les mensonges de la bourgeoisie et toujours exploitée.

L’édification du parti, sa consolidation ou sa reconstitution là où les renégats l’ont détruit, doivent être au centre de notre travail en liant les luttes quotidiennes des travailleurs et des autres couches populaires pour leurs revendications immédiates et leurs intérêts, contre l’austérité et la remise en cause de leurs acquis, à la propagande inlassable sur la nécessité de la révolution socialiste.
Le parti communiste doit s’ancrer parmi les ouvriers et les couches populaires. Il doit impulser et orienter la constitution de ses syndicats ouvriers de classe et des organisations populaires ( paysans pauvres, femmes, jeunes, travailleurs indépendant ).

Les tendances idéologiques et politiques au réformisme social-démocrate, au révisionnisme, au repli nationaliste, au national-fascisme, à l’obscurantisme religieux manipulé par les forces bourgeoises dans les pays dominés économiquement, doivent être combattues avec fermeté quotidiennement avec les moyens dont nous disposons et que nous devons renforcer notamment sur le plan médiatique.

3/ La classe ouvrière et son parti doivent veiller à réaliser les alliances avec les masses laborieuses vivant de leur travail dans la paysannerie, les autres couches sociales populaires, les cadres attachés à la défense des aspirations populaires et qui refusent la domination capitaliste.
Il ne peut y avoir d’alliances politiques et sociales durables pour en finir avec le capitalisme sans un parti communiste enraciné et influent au sein de la classe ouvrière, agissant de façon indépendante et refusant de se diluer dans de soi-disant mouvements de gauche larges internes ou externes.

4/ Le combat contre toutes les lois et mesures prises pour empêcher l’existence légale des PC et de syndicats de classe ou pour les interdire ou restreindre leur activité doit être mené dans chaque pays concerné et solidairement par tous les PC du monde envers les partis qui en sont victimes.

5/ L’une des tâches primordiales des communistes est de dévoiler et de combattre les buts poursuivis par les Etats impérialistes dans leurs plans d’une nouvelle guerre mondiale qui sera dévastatrice en raison de l’emploi inévitable des armes de destruction massive. Notre lutte pour la paix doit montrer aux peuples que les causes des guerres ne disparaîtront qu’avec l’abolition du capitalisme. Il est illusoire de croire qu’une alliance avec une fraction soi-disant pacifiste de la bourgeoisie peut empêcher le déclenchement d’une guerre.

il convient à cette fin de :

  • s’opposer à toutes les ingérences des pays impérialistes dans les affaires intérieures des peuples. Les communistes des pays impérialistes doivent combattre ces ingérences et soutenir le combat des forces anti-impérialistes révolutionnaires de ces pays. Les communistes des pays dominés ou agressés doivent lier la lutte contre les ingérences à la lutte pour un front interne de résistance animé par la classe ouvrière et ses alliés dans une perpective socialiste.
  • détruire le système colonial à l’origine des guerres comme c’est le cas actuellement en Palestine en menant le combat pour le droit du peuple palestinien à édifier son Etat souverain et indépendant avec Jérusalem-est pour capitale, pour le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, pour la réunification de Chypre, etc.
  • lutter dans chaque pays pour le retrait des forces d’occupation étrangères, pour le démantèlement de leurs bases militaires, pour le retrait des alliances militaires agressives de l’impérialisme, comme l’OTAN.
  • lutter dans les pays impérialistes ou inféodés à l’impérialisme contre toute augmentation des budgets de guerre, pour leur diminution, contre les armes nucléaires, pour leur réduction et leur destruction ; militer dans les pays menacés par les ingérences impérialistes au renforcement des capacités militaire de défense en liaison avec les luttes pour l’instauration d’un pouvoir démocratique populaire, pour la mobilisation démocratique des masses contre les menaces externes et les alliés internes de l’impérialisme, pour le renforcement sur cette base des liens entre l’armée et le peuple, pour le rejet de la propagande bourgeoisie sur la neutralité politique de l’armée par rapport aux visés impérialistes et sur la fausse opposition entre le politique et le militaire, propagande qui tend en fait à soumettre l’armée au intérêts de l’impérialisme et de ses alliés internes.

6/ Développer la solidarité internationaliste des Partis communistes et ouvriers sur la base des tâches immédiates auxquelles ils sont confrontées, mais aussi de celles qui concernent la défense de l’Union soviétique, de la reconnaissance de son caractère socialiste, contre le révisionnisme de l’histoire du mouvement ouvrier, pour le renforcement de leurs liens et de leur cohésion sur la base du marxisme-léninisme et de l’enrichissement de son apport idéologique et politique.

7/ Renforcer les liens entre les partis marxistes-léninistes qui sont convaincus que leur tâche est de mener sur tous les plans et notamment sur le plan idéologique, la bataille pour que le prolétariat mondial et ses alliés se préparent à reprendre l’offensive pour l’abolition du capitalisme et l’instauration du socialisme.