Accaparement des gisements de gaz et de pétrole euro-asiatiques : les vrais enjeux cachés de l’impérialisme « humanitaire » en Syrie*

samedi 31 août 2013

Il semblerait malgré les avertissements à considérer, que les puissances impérialistes, dont on déplore la présence hexagonale, s’apprêtent à s’immiscer davantage en Syrie. Ne nous abusons pas, elles sont à l’origine de ce conflit. Les principes si souvent vantés de liberté, démocratie, laïcité ne sont que des prétextes motivant leur opiniâtreté à s’emparer de la république laïque syrienne et de ses immenses ressources en méthane, ainsi que de sa position stratégique, comme ce fut le cas précédemment en Algérie, en Irak, en Afghanistan et en Libye.

« Plus le mensonge est gros, plus il passe. Plus souvent il est répété, plus le peuple le croit …  » Goebbels déjà en 1933 théorisait sur la psychologie panurgienne des masses et l’importance d’une utilisation itérative de la propagande. Les USA et leurs fidèles séides réitèrent depuis 2011, ces préceptes à propos de la Syrie et de son président que l’on nous présente, tel un autocrate ayant décidé de décimer son peuple, avec en point d’orgue l’usage de moyens de destruction non conventionnels, intégrant presque la solution finale, si l’on s’en réfère aux récents événements.
Une histoire simple, un salaud et de vertueux impérialistes défendant les principes universels auxquels tout un chacun adhère. La fable manichéenne est démentie par une réalité beaucoup moins vertueuse.

La déstabilisation de la Syrie entreprise par l’impérialisme américain et hexagonal, financée par le Qatar et l’Arabie Saoudite depuis 2011, trouve son origine dans un concept que le complexe pétro-militaire étasunien dénomme la « domination du spectre complet » (Full spectrum Dominance) lequel a comme objectif, l’annexion par les USA de l’ensemble des ressources énergétiques de la planète et en particulier la confiscation des gisements méthaniers « depuis le Maghreb à travers le Moyen-Orient et directement en Asie centrale en passant par l’Afghanistan et le Pakistan, jusqu’à la province du Xinjang en Chine ».

Cette théorie est supportée par la mise en œuvre d’un ébranlement politique de ces territoires selon « l’arc de l’instabilité ». L’instrument ravageur, l’islam et une organisation politico-religieuse « les frères musulmans » ayant eu par le passé des accointances avec les nazis, dont l’usage par les USA depuis l’Afghanistan et l’intervention de l’URSS a permis d’élaborer et d’affiner une réalité politique fondée sur la terreur et désignant l’entité musulmane, après la disparition de l’Union soviétique, comme « le mal absolu » de substitution, selon la formule du président Ronald Reagan à l’endroit de l’Union Soviétique.

Les « printemps arabes » suscités par les USA, ont démontré l’inanité de cette stratégie en Égypte et en Tunisie où le sort des frères musulmans est en suspens.
Au delà de la mise en scène grossière, dont les puissances impérialistes nous gratifient en ces jours à propos de la Syrie, où les pseudos démocraties omnipotentes, que l’on nous enjoint de révérer, démontrent leur réalité tyrannique et mercantile exclusive, il n’est nullement présomptueux de s’appesantir sur les réelles causes de cette outrecuidance expansionniste, que manifestent les puissances occidentales, y compris celles faussement qualifiées de socialistes, à l’endroit de la Syrie qu’elles agressent depuis 2011. Les raisons se déclinent en quelques terminologies empruntées aux vocabulaire des géographes et aux historiens. « North Stream », « South Stream », « Nabucco » et « Ducstan ».

North Stream qualifie les ouvrages tubulaires acheminant des ressources en méthane de la Russie en Allemagne par la Baltique, jusqu’en Grande-Bretagne en passant par les territoires tchèque et slovaque. La source principale de méthane naturel concernant le North Stream est le gisement de Ioujno-Rousskoïe, situé en Russie, exploité par Gazprom société nationale russe dédiée à l’extraction des ressources énergétiques, en collaboration participative minoritaire de BASF et E.ON entreprises allemandes, ainsi que GDF et Gasunie un consortium composé de Royal Dutch Shell (25%), ExxonMobil (25%) et le royaume néerlandais (50%). Ses réserves sont évaluées ? 700 milliards de mètres cubes. Cette production approvisionne cet Occident si désireux d’un affrontement au Levant.

Le South Stream est un ouvrage convoyant le méthane à raison de 65 milliards de m3 annuel, auquel est associé EDF à hauteur de 30 %, mais dont la maîtrise technique et financière appartient à Gazprom et à l’ENI entreprise italienne spécialisée dans l’extraction et la distribution des hydrocarbures. Débuté en 2007, le montant de l’opération s ’élève à 25 milliards de dollars. Il raccordera la Russie à la partie occidentale du continent européen à partir de la Mer Noire, il traversera la Mer Caspienne, le Kazakhstan, la Bulgarie, la Serbie, l’Italie, l’Autriche et la Turquie. Son achèvement est prévu en 2015.

Nabucco décidé en 2002 était originellement situé en Iran. élaboré à partir des gisements méthaniers de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan, il a comme objectif de desservir l’Autriche, la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie et la Turquie avec le soutien de la commission européenne préconisant à l’instigation des USA, une jonction avec l’Irak et l’Égypte. Ce projet a reçu les faveurs des USA, mais il est aujourd’hui en rivalité avec North Stream et South Stream dont la mise en œuvre est une réalité et son accomplissement sera parachevé en 2015.

Le Ducstan est l’œuvre inachevée, de celui que les médias nous présentent comme l’exterminateur planétaire, le président syrien, médecin à l’origine, si honni des puissances impérialistes, lequel ambitionnait de développer son territoire en relation avec son environnement géographique immédiat, parmi lequel on distinguait l’Égypte, le Liban, l’Iran, l’Irak et la Turquie, mais devenait un rival en exportant sa production vers le continent européen, que Nabucco ne pouvait pas accepter, d’autant que sa capacité d’acheminement est 30 % inférieure à celle du Ducstan.

Il projetait l’édification à partir de l’Iran d’une vaste desserte énergétique en méthane entre l’Iran (South Pars), la Turquie, l’Irak, la Syrie et un élargissement vers le Liban et l’Égypte reliés par l’Arab Gas Pipeline, concrétisant la théorie des « Quatre mers », initiée en 2010 par le président syrien reliant la Mer Méditerranée, la Mer Caspienne, la Mer Noire et le Golfe Persique. Les réseaux turcs et syriens ont été raccordés en 2011, puis avec ceux de l’AGP (Égypte et Liban). Sont demeurées dans l’incertitude, les jonctions avec les oléoducs et les méthanoducs irakiens, dont la construction en 2011, en raison des événements présents en Syrie, a été interrompue.

Dès lors, le sort de la Syrie était scellé aux lendemains des accords avec la Turquie. « Les masses syriennes » entreprenaient des soulèvements loués comme émancipateurs, sous l’égide d’une coalition américano-hexagonale supportée par leurs financiers Qataris et Saoudiens, recrutant à travers le Maghreb et plus tard en Libye, avec le soutien idéologique de l’organisation des frères musulmans, les hordes prétendument islamico-révolutionnaires et dont l’instruction militaire leur sera délivrée en Turquie et en Jordanie, par des éléments appartenant aux forces spéciales américaines et hexagonales.

La Syrie comme auparavant l’Irak et la Libye se heurtait aux USA et à leur stratégie de remodeler le Moyen-Orient à l’aune des mercantis travestis en démocrates idolâtrant le coran. Antérieurement l’Irak avait dérogé à l’ordre établi par les USA en 1971, lorsque le dollar devenait l’unique moyen de servir les transactions internationales, en acceptant que ses livraisons d’hydrocarbures lui soit acquittées en Euros, concurrençant le dollar. La Libye préméditait de créer une union africaine monétaire, dont la devise serait gagée sur le dinar libyen maintenue par les immenses réserves en dollar que lui procurait ses revenus en hydrocarbures. La Russie, l’Inde la Chine entreprennent leurs négoces dans leur monnaie usuelle en roupies, en yuans et en roubles, le continent latino-américain en formant l’ALBA défie la prédominance économique des USA.

On est très éloigné des contingences humanistes, dont les puissances occidentales prédatrices arguent de manière à justifier leur interventionnisme militaire. Il s’agit d’actes d’envahissement et d’accaparement, organisés par des nations impérialistes, dont l’objectif est de maintenir intacte leur puissance et de perpétuer leur domination sur d’autres nations, lesquels ont en commun la transformation des conditions d’existence de leurs populations.

Depuis la seconde déflagration mondiale et son terme en 1945, les USA et le continent européen se sont disputés la primauté de la planète en exerçant leur magister politique, économique et militaire sur un planète peuplée en majorité de nations abritant 7 milliards d’individus démunis et ignorants. S’autorisant à bâtir un éden, certes imparfait, mais fort lucratif et dont nous nous enorgueillissons. Dans ces conditions, comment peut on être enjôlé par cette propagande, que nous délivre un gouvernement relevant d’un socialisme frelaté par la fréquentation assidue des émirs du golfe persique et des autocrates du continent africain appartenant au « pré-carré » francophone. Il n’est plus qu’un satrape au service des oligarchies d’outre-atlantique, puisqu’il a décidé d’offrir à l’encan cette nation.

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*Titre modifié par la rédaction d’Alger républicain. Le titre originel est : « L’impérialisme rédempteur ».

Ajoutons aux faits analysés par l’auteur de l’article cette précision que le Qatar projetait de faire passer un gazoduc vers l’Europe en traversant la Syrie pour concurrencer le gaz russe et algérien. La Syrie s’y est opposée. Or l’unique source de revenus du Qatar est l’exportation de gaz et son principal client les USA, lesquels devraient restreindre leurs importations de gaz qatari, suite à la promotion du gaz de schiste, mettant ainsi sur la paille l’Émir et sa valetaille qui ont investi des sommes énormes dans la production de gaz.

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Par Habib Abba-Sidick

Repris de : http://colereetespoir.over-blog.com