Ahmed Zabana premier condamné à mort éxécuté durant la guerre de libération nationale le 19 juin 1956, il y a 60 ans à la prison Barberousse

lundi 20 juin 2016
par  Alger républicain

Ahmed Zabana, militant du FLN était membre CGT et Organisation Spéciale (1947-1950)

.

JPEG - 18.2 ko
Ahmed Zahana dit Zabana premier martyr de la lutte de libération nationale exécuté le 19 juin 1956 par la France coloniale

.

Né dans l’Oranie, Ahmed Zabana, ouvrier cimentier et délégué C.G.T.à la cimenterie lorsqu’il accède au P.P.A.-M.T.L.D. Responsable d’un groupe de l’O.S. il est arrêté en 1950 et fait 37 jours de grève de la faim. Libéré le 8 mai 1953, il part à Sidi Bel Abbès où il trouve un emploi de soudeur, ce qui lui permet d’apprendre à fabriquer des explosifs. Contacté par Larbi Ben M’hidi, il accepte de créer un groupe d’action aux environs de Tlelat à 30 km au Sud d’Oran et participe aux opérations du 1er novembre.

Capturé huit jours après le déclenchement de la lutte armée lors d’un accrochage près de Saint Denis du Sig, Ahmed Zabana est jugé par le Tribunal des Forces Armées qui le condamne à la peine capitale le 3 mai 1956. Militant du FLN, il est le premier condamné à mort exécuté le 19 juin 1956 à la prison de Barberousse.

— -

Sources :

El Moudjahid : n°1, 4 juillet 1956 – « Lettre à ses parents. »
Algérie Actualité : n° 941 – 27 octobre – 2 novembre 1983 – « Il avait 30 ans » – Entretiens militants algériens.
In « Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens – 1926 1954 » de B. Stora.



Il y a 60 ans, le 19 juin 1956, à 4 heures du matin, le couperet de la guillotine, qui avait auparavant « refusé » par deux fois d’aller jusqu’au bout de la sale besogne qui lui avait été assignée, trancha la tête d’Ahmed Zahana dit Zabana, un des moudjahidine de la première heure et responsable du FLN-ALN de la zone Ouest d’Oran.

Cinq minutes plus tard, le temps de mettre le corps de Zabana dans la nacelle prévue à cet effet, un autre Algérien, déserteur de l’armée coloniale pour rejoindre le FLN-ALN, Abdelkader Ferradj, subit le même sort. Ils seront les premiers d’une liste de 300 martyrs de l’indépendance à subir ce sort barbare. François Mitterrand alors ministre de la « justice » est directement responsable de ces crimes.



Condamné à la peine capitale par le tribunal d’Oran, Ahmed Zabana, de son vrai nom Zahana, fut exécuté le 19 juin 1956 à la prison Barberousse, à Alger. Il était le premier guillotiné parmi plus de 200 autres Algériens lors de la guerre de Libération. Zabana est né à el Hamri, quartier populaire d’Oran, en 1926. Il était membre de l’organisation spéciale (OS).


« Robert Lacoste, ministre-résidant en Algérie, pensait qu’en guillotinant Zabana, et en l’exécutant comme un vulgaire criminel, il s’attirerait les faveurs des colons et la complaisance des généraux. »

écrit Boualem Nedjadi dans son ouvrage Viva Zabana, paru aux éditons ANEP, 2006.

Source de cet extrait : ici



Dernière Lettre adressée par Zabana à sa famille

« Prison civile d’Alger, le 19 juin 1956.

Très chers parents, chère mère,

Je vous écris cette lettre, je ne sais si c’est la dernière, Dieu seul le sait. Toutefois, s’il m’arrive quoi que ce soit, il ne faut pas croire que c’est fini, parce que mourir pour la cause de Dieu, c’est la vie éternelle. Et mourir pour sa patrie, ce n’est qu’un devoir. Et votre devoir à vous, c’est d’avoir sacrifié l’être qui vous est le plus cher.
Il ne faut pas me pleurer, au contraire, il faut être fier de moi.

Enfin recevez, peut-être le dernier bonjour du fils et frère qui vous a toujours chéris et que vous avez toujours chéri. Le bonjour à toi, chère mère, à papa, à Noura, Lahouari, Halima,Habib, Fatima, Kheïra, à Sessalhe, à Denia, à mon frère Lahouari, à toi cher frère Abdelkader ainsi qu’à tous ceux qui partageront votre peine.
Dieu est grand et seul juste.

Votre fils et frère qui vous embrasse bien fort

Hmida. »