Analyse du Parti communiste de Turquie sur les événements actuels

lundi 10 juin 2013

1. Voici des jours que la Turquie est témoin d’un véritable mouvement populaire. Les actions et les protestations qui ont commencé à Istanbul et se sont répandus sur la Turquie ont un caractère massif, légitime et historique. La plus importante de toutes est l’envie de lutter du peuple. La peur et le manque d’enthousiasme ont été dépassés et le peuple a acquis la confiance en lui-même.

2. Dés le premier jour, le Parti communiste de Turquie a été une partie du mouvement populaire débutant et il a mobilisé toutes ses forces. Il a essayé d’insuffler au mouvement un caractère prolétarien révolutionnaire. Il s’est efforcé d’imprégner une attitude de discipline rigoureuse. Il a organisé de nombreuses actions et manifestations. Dans ce processus les forces de police ont exécuté un assaut lourd sur le siège central de notre parti à Ankara. Partout en Turquie, plusieurs membres du Parti ont été blessés et arrêtés. Il y a eu certaines tentatives d’enlèvements de cadres de notre parti. Mais les tentatives de provocation contre notre parti ont été vaincues.

3. Notre insistance sur le rôle du Parti communiste de Turquie n’a pas pour objectif de sous-estimer la nature spontanée du mouvement ou la contribution des autres acteurs politiques. Au contraire, Le PCT a souligné que ce mouvement a un aspect qui est au dessus de l’impact de tout acteur politique et de toute sorte d’opportunisme politique.

4. L’appel des masses afin que le gouvernement démissionne est une vérité absolue de ce mouvement. Même s’il est évident qu’une alternative de gauche ne peut pas être construite « tout de suite », cette revendication devait être exprimée hautement. Cette option pour les travailleurs peut être provoquée seulement pour tirer profit de l’énergie qui surgit de ce moment historique. Le PCT se concentre à cela et il montre la signification réelle des alternatives telle que « la formation d’un gouvernement national », qui sera mise en place de cette manière pour abuser la masse des travailleurs afin qu’ils pensent que la crise peut être surmontée de cette manière.

5. Sans aucun doute, les détenteurs du pouvoir politique chercheront à calmer le peuple, à instituer le contrôle et même la tentative d’utiliser la situation à leur avantage. Ils peuvent temporairement obtenir des résultats. Même dans ce cas le mouvement populaire ne pourra pas être gâché. Le PCT est prêt pour une période de résistance mais de lutte intense.

6. Dans le but d’agir de concert, différentes branches du mouvement socialiste partageant des buts et intérêts similaires ont besoin d’évaluer immédiatement la grandeur de ce mouvement populaire. Le PCT, sans interrompre ses missions quotidiennes et ses activités, va agir avec esprit de responsabilité à propos de cette question et encourager la création d’une orientation de base commune sur les exigences urgentes qui suivent.

7. Dans le but d’annuler les plans du gouvernement pour classer et diviser le mouvement en légitime et illégitime, toutes les forces ont besoin d’éviter les pas qui peuvent causer un dommage à la légitimité du mouvement. C’est le pouvoir politique qui attaque. La population doit se défendre elle-même avec une action légitime mais sans jamais tomber dans le piège de la provocation du gouvernement.

8. Quand les masses scandent le slogan « démission du gouvernement », les négociations qui ont été limitées à l’avenir du Parc Gezi-Taksim sont vides de sens. Le gouvernement feint de ne pas comprendre le fait que les vieux équilibres ont été fondamentalement bouleversés et ne peuvent pas être restaurés. Chacun sait que le mouvement populaire n’est pas le produit d’une sensibilité envers les arbres du Parc Gezi. La colère du peuple est envers les projets de transformation urbaine, la terreur des marchés, les interventions ouvertes directes dans différents modes de vie, l’Américanisme et la subordination aux États Unis, les politiques réactionnaires, l’inimitié envers le peuple Syrien. L’AKP ne peut pas abuser le peuple avec un discours de « nous planterons plus d’arbres que ceux que nous abattrons. »

9. Quand nous retroussons nos manches dans le but de créer une alternative de la classe ouvrière, le mouvement a besoin de s’appuyer sur certaines revendications concrètes. Ces revendications sont valables dans le cas de la démission du gouvernement ou d’Erdogan :

  • a) Le gouvernement doit annoncer que les projets qui encouragent la démolition du Parc Gezi et du Centre Culturel Ataturk sont abandonnés.
  • b) Ceux qui ont été mis en garde en vue durant la résistance doivent être libérés et toutes les charges contre eux doivent être immédiatement abandonnées.
  • c) Tous les officiels dont les crimes contre le peuple sont prouvés par les rapports des commissions qui ont été formées par l’Union des associations du barreau et des associations locales du barreau doivent être relevés de leurs fonctions.
  • d) Les tentatives qui empêchent le droit des personnes d’obtenir de véritables informations doivent être arrêtées.
  • e) Toutes les interdictions concernant les réunions, manifestations et défilés doivent être abrogées.
  • f) Tous les obstacles de facto ou de jure qui ferment la participation politique du peuple, y compris le seuil de 10% aux élections et les articles anti-démocratiques de la « loi sur les partis politiques » doivent être abolis.
  • g) Toutes les initiatives qui tentent à imposer un style de vie d’un type unique au peuple doivent être arrêtées.

10. Ces revendications urgentes n’affecteront en aucun cas notre droit et notre devoir de poursuivre l’opposition contre la politique du pouvoir. La réaction populaire au gouvernement doit être renforcée, et les efforts doivent être concentrés pour provoquer une alternative réelle dans la scène politique.

11. L’Étoile et le croissant du drapeau turc qui furent utilisés avec l’intention de dresser un bouclier aux attaques réactionnaires et chauvines contre les travailleurs, les partisans de la gauche, les Kurdes après le coup d’état fasciste militaire du 12 Septembre 1980 ont maintenant été saisi par le peuple des mains du fascisme, et remis aux mains honorables de DenizGezmis et de ses camarades, comme un drapeau dans les mains du peuple patriote.

12. Le mouvement populaire depuis son commencement, a abandonné avec persistance la stratégie sinistre qui consiste à jouer une communauté contre une autre en Turquie. Cette attitude doit être maintenue prudemment, en ne laissant aucune occasion au chauvinisme et au nationalisme vulgaire.

13. Sympathisant avec nos frères et soeurs Kurdes, nous avons déjà déclaré « qu’ il ne peut y avoir un accord de paix avec l’AKP ». Il ne peut y avoir un marché avec un pouvoir politique qui a tourné à son propre peuple, et dont le véritable visage a été révélé. Les politiques Kurdes doivent renoncer « à nourrir des espoirs en poursuivant plus avant avec l’AKP », et devenir un fort élément du mouvement populaire unifié patriotique éclairé des travailleurs.

14. Nos citoyens qui ont perdu leurs vies des mains de la force policière du pouvoir politique, ont sacrifié leurs vies au nom d’une lutte juste et historique. Les gens n’oublieront jamais leurs noms, et ceux qui sont responsables de leur mort doivent payer le prix devant la loi.

Comité central du PCT

4 juin 21013