Au pays de la plus grande démocratie du monde

vendredi 26 janvier 2018
par  Alger républicain

Trump, avec sa tignasse jaune safran fait la chronique des médias, de tous les médias de la planète.

Son comportement d’enfant gâté, d’homme à la tête de l’État le plus puissant du monde est décortiqué à travers le monde.
Trump multiplie les frasques, les menaces, les insultes et les provocations ; il insulte les peuples, il crée le désarroi et la terreur.
Il menace la Corée du Nord et raille les caractéristiques physiques de son président ; il pose une bombe en Palestine en décidant de faire déménager l’ambassade étasunienne à Jérusalem Est.
Et de frasques en frasques, il soulève des contestations populaires et les interrogations des professionnels américains de la santé.

Les médias rivalisent en analyses sur ce « clown » et se demandent s’il n’est pas fou.

La très officielle association de psychiatrie américaine, réunie en congrès médical hautement politique, l’a déclaré sociopathe (la maladie psychiatrique la plus dangereuse), escroc, narcissique malveillant et réclame son départ au nom du devoir d’alerte, devoir devenu à la mode par le biais des hackers.
Le débat est porté sur une compétition entre la politique d’Obama et de celle de Trump.
Dans « bled Micky, donald et Donald Trump », le président est élu par les grands électeurs :
Question démocratie personne n’y comprend rien…
Quoiqu’il en soit, Trump a été élu grâce à une fraude électorale massive dans plusieurs états, tout comme l’ancien Bush fils élu par un coup de force.

La politique menée par Trump est contestée au regard et uniquement au regard de sa personnalité de psychopathe.
Tout le débat politique est porté sur la personnalité d’un individu comme s’il s’agissait d’un film hollywoodien de mauvais goût.
Sauf à oublier qu’un candidat à l’élection présidentielle est trié sur le volet, son état de santé, son histoire personnelle, sa situation au regard des droits civils et civiques, sont passés au crible des vérifications. Et sauf à considérer que dans la plus grande démocratie du monde, cela ne se passe pas comme ça…

Et l’Amérique découvre qu’elle est gouvernée par un fou…

Les médias, qui, de façon bien tissée, par un matraquage de cerveau dû à une répétition inlassable de l’information, avec l’appui de ceux que l’on appelle les faiseurs d’opinion et qui bénéficient de la légitimité scientifique, fabriquent l’opinion et organisent son adhésion au discours véhiculé.

Une fois l’opinion publique acquise, on peut mobiliser à loisir.
Le brouillard créé par l’(dés)information, les masses sont escroquées et suivent le mouvement, la critique ne va porter que sur la personnalité d’un individu.

Les masses déjà pétries dans ce type de phénomènes bien programmés par le cinéma américain, acceptent volontiers l’examen de Trump sous l’angle de sa seule personnalité malade.
Les peuples sont alors pris par l’engouement de mettre à nu la personnalité la plus importante de la planète.

Trump est décrit homme richissime, né avec une cuillère d’or dans la bouche, vivant dans le quartier le plus chic des Etats-Unis, enfant gâté et don juan : tout ce que le cinéma américain a fabriqué comme rêves et comme fantasmes.

Il est décrit comme un président qui n’a d’autre culture que la télévision qu’il regarde durant 6 heures par jour : c’est encore une façon d’infantiliser les masses : grâce au système médiatique et cinématographique on crée le phénomène d’identification à la personnalité médiatique, à la vedette.
Il s’agit d’une propagande médiatique qui influence tout d’abord, elle corrige ensuite la façon de voir et de réfléchir, et ensuite elle crée et provoque l’adhésion et enfin elle établit l’embrigadement.

Avec tout ce montage médiatique et cinématographique, Trump présenté comme impopulaire, décrié d’un côté ; fascine une grande partie des masses de l’autre, car c’est lui qui régente les USA et toute la planète.

Mais n’a-t-on pas déjà connu des phénomènes semblables ?

Tout comme sous le régime nazi, seul Hitler est décortiqué encore et toujours.
Sa personnalité et seule sa personnalité est examinée et passé au crible de la critique, encore et toujours sous tous les aspects pour être déclaré fou maléfique.
De même durant la guerre du Viet Nam, Nixon avait appliqué la théorie du président fou, pour étouffer l’échec de la politique capitaliste et la gifle que la plus grande puissante capitaliste avait reçue…

Il s’agit on l’aura compris d’une stratégie du système capitaliste qui est engoncé dans une crise économique sans précédent, dont il ne voit pas l’issue ; et aucun économiste n’a pu trouver la moindre solution.
Seuls les moyens politiques anciens sont réédités en remake.

Donc Trump est conscient de ce qu’il fait et de ce qu’il dit, quand il se présente sous l’image du fou, du menteur, du vulgaire, du violent etc. … et il joue le jeu, car ses sociétés et ses capitaux sont en danger.

Il s’agit donc d’une stratégie et non d’un comportement de psychopathe.
Il s’agit d’une stratégie élaborée en haut lieu par des politologues, des sociologues, des stratèges en études des masses, de leurs comportements et surtout des luttes que ces masses peuvent mener.

Il s’agit d’une sociologie politique qui embrigade les masses pour mieux les contrôler et devancer les luttes qu’elles seraient amenées à organiser et à mener.
Il s’agit d’une stratégie qui permet de contrôler et d’étouffer les luttes de classe en gestation.

Voir le nazisme comme seule conséquence de l’arrivée au pouvoir de Hitler, fut de permettre la reproduction de ce phénomène monstrueux.
Voir dans Trump le seul trouble-fête de la paix et de l’égalité c’est permettre au système capitaliste d’accumuler toujours et encore sans être inquiété car les masses sont sous le haut contrôle de ce système capitaliste totalitaire.

Dans le pays de Mickey, de Donald et de Donald Trump, la démocratie

L’article du monde diplomatique du mois d’août 2017 a soulevé les contestations des algériens qui ont vécu dans leur chair et dans leur conscience les horreurs les plus indicibles de la décennie noire.
Les blessures ne sont pas encore cicatrisées et les plaies, béantes saignent encore

Cette période est désormais connue sous le qualificatif de décennie noire ;
Durant dix longues années les algériens étaient décimés par le bras armé de l’intégrisme que fut l’AIS : enfants, nourrissons, hommes, femmes, vieux, jeunes … aucune famille n’a été épargnée.

Réduire aujourd’hui cette longue et horrible période à l’année 1997 relève de l’indécence et de la manipulation des évènements qui relèvent d’une stratégie ayant pour objectif de minimiser les affres subis.

L’enquête réalisée étriquée par les personnes ciblées.
Interroger les terroristes eux-mêmes ou les membres de leur famille est loin de restituer la réalité, mais sert au contraire à attiser le feu.

La lutte contre l’intégrisme et contre son bras armé (AIS, GIA) a été menée par le peuple tout entier.
Il n’est pas scientifique et c’est plutôt tendancieux de considérer et déclarer que le terrorisme a été éradiqué par la seule lutte de l’armée.
Tout un peuple a payé un lourd tribut et voyait ses enfants mourir chaque jour pour que l’intégrisme ne triomphe pas.

Aucune omerta n’est instituée sur la période noire, il s’agit de panser les blessures profondes et pour le peuple d’avancer en attendant que le temps fasse son œuvre.

Il faut en avoir souffert pour savoir que le fait de ressasser entretient la douleur.

Faire l’impasse sur la véritable situation relève d’une stratégie qui cherche à faire admettre qu’il s’agit de terrorisme qui pourra se reproduire à l’identique, mais sans expliquer les raisons profondes qui ont conduit à l’intégrisme et ensuite au terrorisme.

Ce serait ignorer la réalité que de nier l’impact du religieux sur la majorité des algériens.
Le travail effectué dans le système éducatif par la négation de la réflexion, du discours rationnel et l’interdiction du doute n’y sont pas étrangers.

Mais cette façon de ne voir dans l’intégrisme et dans le terrorisme, son corollaire qu’un comportement sociologique et qu’on pouvait écarter d’un revers de main est dangereuse, car elle nie la véritable nature de l’intégrisme qui relève d’une politique fasciste dont l’objectif est la destruction de l’Algérie dans son ensemble : son histoire, de luttes révolutionnaires pour sa souveraineté, pour son développement économique, pour l’émancipation des peuples du tiers monde, pour un nouvel ordre économique

Est-ce un hasard que tous les musulmans à travers le monde entier se sont subitement mis à la pratique de la religion de la façon la plus rigoriste, et ont modifié leurs tenues vestimentaires : femmes, hommes, enfants ?
Doit-on rappeler pour le seul cas de la France dans les années 1980, trois écolières avaient « décidé » de « braver » la société française et ses institutions et aller à l’école affublées du fameux foulard, alors qu’à cette même période, en Algérie, les femmes étaient en majorité absolue dévoilées et tombaient sous les balles des mercenaires du capitalisme parce qu’elles refusaient de se soumettre à leur dictat.

Curieusement, les émigrés relégués dans leurs banlieues, soumis à une exploitation inhumaine par le capitalisme, méprisés, terrorisés par une société « civilisée » et hostile, se rebiffent soudain et décident de se révolter par la tenue vestimentaire.
Le débat qui s’en était suivi, relayé par une presse aux ordres interposée, avait fini par être clos par une justice non moins aux ordres.
Tant pis pour la laïcité, les écolières iront à l’école avec leur foulard…
Récemment le burkini connut la même histoire.

Non Monsieur du Monde Diplomatique, ce n’est pas par choix mais tout est décidé pour eux dans les officines de Washington, Paris, Londres et Berlin avec la complicité des bourgeoisies des pays concernés.

D’ailleurs, de la décennie noire est sortie une puissante bourgeoisie qui a démoli l’économie algérienne et son industrie et s’est alliée aux multinationales dont elle assure le marché en Algérie.

Les assassinats en masse des vaillants travailleurs de la république : ouvriers, cadres, médecins, enseignants, policiers, soldats…, l’intégrisme a pratiqué la politique de son maître à penser : le fascisme occidental qui avait opéré durant la colonisation.

Mais le fascisme islamiste tout comme son prédécesseur n’a pas réussi à anéantir les capacités de résistances.
L’intégrisme a eu pour rôle d’étouffer les idées et la réflexion et d’étouffer les luttes sociales qui auraient favorisé l’avancée des peuples, il avait pour rôle le recul idéologique pour permettre à la bourgeoisie de grossir davantage et même venir en aide à ses maîtres en injectant l’argent du peuple dans des sociétés étrangères en faillite.
Ce recul a eu pour conséquences la paupérisation de la société et l’étouffement des luttes qui se préparaient.

La paupérisation, la destruction des idées révolutionnaires, l’induction dans la société dans la pratique d’un islam revu et corrigé façon wahabite et réactionnaire a bien évidemment pris sur certaines catégories sociales qui utilisent la roqia et autres méthodes moyenâgeuses.
L’intégrisme est responsable de l’avancée fulgurante de l’analphabétisme ; et l’on n’apprendra rien à personne, l’analphabétisme constitue le terreau sur lequel se développent des croyances irrationnelles et moyenâgeuses et constitue le terreau dans lequel grossissent les intérêts de la bourgeoisie.
Ce sont des méthodes qu’a connu le peuple algérien durant la colonisation.

Voir dans l’intégrisme des monstres dans un placard, ressemble à s’y méprendre à la façon de décrire Hitler et ne voir en lui que le monstre et ignorer le monstre qui l’a fabriqué.
Cela permettra de ne pas porter atteinte au système de production monstrueux et les mêmes évènements seront reproduits : un nouvel Hitler, un nouvel El Ayada, un autre Zitouni, un autre Hattab...

La seule façon de soigner les traumatismes aussi bien pour les Algériens que pour les autres peuples en détresse : c’est de faire disparaître à tout jamais les éléments de nature à remettre en selle les intégrismes. Seul un système économique débarrassé du profit et de l’exploitation permettra aux peuples de vivre sans terreur et sans exploitation.
C’est le profit qui fait agiter les pays occidentaux dans la course et les conquêtes par un impérialisme sanguinaire en Irak, en Syrie, en Afrique, etc…

Nedjma MERABET