Boualem Sansal, Merzak Allouache en Israël A qui le tour maintenant ?

samedi 14 novembre 2015
par  Alger républicain

Il faut revenir un peu en arrière en ces temps de médiatisation à outrance pour des auteurs qui ne manquent pas d’ambigüité. Boualem Sansal a reçu une multitude de prix littéraires. Toujours justifiés ou par complaisance ? La question reste posée. N’empêche, sa présence continuelle sur les écrans de télévision et dans les colonnes de la presse écrite française devient suspecte. « Dis-moi qui sont tes amis … »

On se souvient que cet écrivain s’est rendu en Israël, on sait également que la critique française, mais pas seulement, lui a rendu moult hommages pour son œuvre littéraire. Il est actuellement considéré comme l’un des plus grands écrivains émérites de la littérature mondiale. C’est peut-être vrai. La preuve objective, après sa brillante présence à Haïfa, ce fabuleux « exploit », il est à tours de bras l’invité des plateaux de télé dont les animateurs le saluent à n’en plus finir pour son dernier livre, intitulé 2084, La fin du monde. On peut avoir beaucoup de talent, à quel service le met-on ?

Merzak Allouache, à son tour, sans doute pour ne pas souffrir du complexe de frustration, s’est lui aussi rendu au pays du sionisme tueur de Palestiniens : femmes, enfants, vieillards sans distinction pour participer au Festival du Film de Haïfa. Attend-il des louanges qui n’arrivent pas assez prestement et qui n’arriveront peut-être jamais, malheureusement pour lui. Il est moins présent sur les plateaux de télé qu’il l’espérait, le pôvre !

Sérieusement, était-il vraiment nécessaire de faire ce voyage, ce voyage qui s’apparente à de la soumission sinon à de la trahison ? Car il faut avoir bien peu de courage pour répondre aux invitations d’Israël et s’étaler dans le reniement devant les sionistes. A moins de souffrir d’un profond nombrilisme. En échange de quoi ces invitations ou plutôt ces convocations ont-elles été lancées ? De silence ?

A ma connaissance, aucun de ces deux auteurs n’a fait de déclaration sur le sort réservé au peuple palestinien. Ce n’est pas là une vue de l’esprit ou un manque d’informations. S’ils avaient dit quelque chose, cela se saurait ! C’est, en quelque sorte, un espoir déçu pour un grand nombre d’admirateurs de leurs œuvres qui, par ailleurs, plus courageux s’opposent, eux, au sionisme et se montrent solidaires du peuple palestinien.

Il eût suffit d’un peu de vaillance pour dénoncer la politique expansionniste, colonialiste du sionisme, ses provocations et massacres quotidiens commis avec le soutien des impérialistes de tout bord. Ils n’ont pas manifesté de sentiment, comme s’il n’y a pas de victimes.

Qu’on le veuille ou non, aujourd’hui plus que jamais, se rendre dans l’Etat d’Israël c’est apporter de l’eau à son moulin.

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Malik Antar

13.11.15