Conférence-débat au siège du CRSS L’Algérie ? l’épreuve du conflit libyen

mercredi 27 avril 2011

La conférence-débat, organisée hier après-midi au siège du Centre de recherche stratégique et sécuritaire (CRSS) ? Ben Aknoun, a été une occasion de débattre de l’enchevêtrement des intérêts de l’Algérie avec la situation en Libye. Un sujet “sorti” suite aux discussions ayant suivi l’intervention du colonel ? la retraite, Hadj Bendoukha, autour du thème “Le rôle de l’armée US dans la prise de décision politique”.

L’assistance semblait unanime sur le fait que l’intervention des forces de la “coalition” était inacceptable et “très dangereuse” pour toute la région. La position officielle de l’Algérie dans le conflit libyen, tout en étant “logique” pour les intervenants, a été néanmoins “très mal défendue”. Une position affichée tout au long des deux heures qu’a duré la rencontre par Abdelkrim Ghreib, ex-ambassadeur d’Algérie au Mali, et, avec force, par le général-major ? la retraite, Abdelaziz Medjahed. Ce dernier a insisté, ? plusieurs reprises, que le plus important, ce n’était pas de convaincre l’étranger mais les Algériens. “Il faut les convaincre dans toute démarche incluant les intérêts suprêmes du pays.” Il n’hésitera pas ? critiquer sévèrement “certains titres de la presse écrite” qui ne défendent pas les positions officielles de l’État dans le conflit libyen et qui auraient, selon lui, les mêmes positions que les médias occidentaux. La problématique pour l’officier ? la retraite consiste essentiellement dans le fait que “les Algériens ne suivent pas”.

Il rappellera ? l’assistance les objectifs américains qu’un officiel US avait annoncés devant des journalistes en 2007 : “Les Américains avaient préparé un plan dès 2001 avec pour objectif la domination de sept pays : l’Irak, la Syrie, le Liban, la Somalie, le Soudan, la Libye et l’Iran.” Le “hic” qui aurait contrarié ces projets seraient, toujours selon le général-major, les évènements qui ont secoué Bahreïn. Aussi, il n’hésitera pas ? se poser des questions sur la situation en Libye : “Qu’on me fasse comprendre comment des manifestants se sont retrouvés avec des chars !” Avant de “trancher” en affirmant que ce qui se passe au pays de Kadhafi est “plus qu’un complot mais un plan préparé ? l’avance”.

De son côté, Abdelkrim Ghreib préconisera l’importance pour l’Algérie de “ne pas se retrouver sur la défensive” pour exprimer ses positions. “Celui qui touche mon voisin me touche”, affirme-t-il. Tout en précisant que “Kadhafi est indéfendable”, l’ancien ambassadeur déclare que “la position officielle de l’Algérie entre dans le cadre de la défense des intérêts du pays”.

Ces avis politico-stratégiques ont été précédés par l’intervention technique de Hadj Bendoukha. Le colonel ? la retraite avait donné un aperçu sur le fonctionnement de l’armée américaine en rappelant, entre autres, que “65 ? 75%” de l’effectif militaire US étaient déployés en dehors des frontières de ce pays. Une précision de taille pour ceux qui voudraient avoir une “idée” sur la situation dans le monde. Elle suscita, d’ailleurs, la réaction d’un autre colonel ? la retraite, Noureddine Amrani, pour qui ces chiffres “sont des signes de belligérance”. Le rôle de l’Africom (Commandement régional américain pour l’Afrique) a été également cité par Hadj Bendoukha. L’officier ? la retraite a donné certains chiffres édifiants : sur les 12 800 étrangers qui travaillent au département de la Défense US, il y a 5 000 Maghrébins “qui ont été recrutés après le 11 Septembre pour décrypter des conversations”.

Salim Koudil

in Liberté du 26 avril 2011