Corée : Réflexions de Fidel Castro pour comprendre la situation et éventer les mensonges

vendredi 26 avril 2013

Sans aucun doute, personne mieux que Fidel ne peut nous éclairer d’une manière historique et didactique sur la réalité de la péninsule asiatique. Relisons les deux réflexions proposées en juillet 2008, les enjeux et les risques d’un embrasement généralisé nous concernent tous. Demain il sera trop tard, ne soyons pas complices …

LES DEUX CORÉES

Première partie

La nation coréenne, que sa culture spécifique différencie de ses voisins chinois et japonais, existe depuis trois mille ans, cette antiquité qu’elle partage avec la plupart des sociétés d’Asie, dont la vietnamienne, la distinguant aussi absolument des cultures occidentales dont certaines ont moins de deux cent cinquante ans.

Les Japonais avaient enlevé à la Chine, par la guerre de 1894, le contrôle qu’elle exerçait sur la dynastie coréenne et ils firent de la Corée une colonie. C’est par accord entre les États-Unis et les autorités coréennes que le protestantisme y fut introduit en 1892, alors que le catholicisme avait pénétré durant ce même siècle à travers les missions. On calcule que, de nos jours, environ le quart de la population sud-coréenne est chrétienne, autant que les bouddhistes. La philosophie de Confucius exerça une grande influence sur l’esprit des Coréens qui ne se caractérisent pas par leur fanatisme religieux.

Deux figures importantes ont occupé le devant de la scène politique coréenne au XXe siècle : Syngman Rhee, né en mars 1875, et Kim Il Sung, né trente-sept ans après, en avril 1912. Ces deux personnalités, aux origines sociales différentes, se heurtèrent à partir de circonstances historiques indépendantes de leur volonté.

Les chrétiens s’opposaient au système colonial japonais, entre autres Syngman Rhee, protestant pratiquant. La Corée changea de statut : le Japon l’annexa en 1910. Neuf ans après, Syngman Rhee fut nommé président du gouvernement provisoire en exil, établi à Shanghai (Chine). Il ne recourut jamais aux armes contre les envahisseurs, et la Société des nations de Genève n’en fit aucun cas.

L’empire japonais employa des méthodes de répression brutales contre la population coréenne. Les patriotes résistèrent les armes à la main à la politique colonialiste du Japon et parvinrent à libérer une petite zone montagneuse dans le Nord, presque à la fin du XIXe siècle.

Kim Il Sung, né aux environs de Pyongyang, rejoignit à dix-huit ans les guérillas communistes qui se battaient contre les Japonais. A trente-trois à peine, menant une vie révolutionnaire active, il occupait déjà la direction politique et militaire des combattants anti japonais dans le Nord de la Corée.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis décidèrent du sort que courrait la Corée dans l’après-guerre ? : ils entrèrent dans le conflit après avoir été attaqués par une de leurs créatures, l’Empire du soleil levant, dont les portes féodales hermétiquement closes avaient été ouvertes, dans la première moitié du XIXe siècle, par le commodore Perry dont les canons forcèrent l’entrée de cet étrange pays asiatique qui refusait de faire du commerce avec les États-Unis.

Le brillant disciple se convertit plus tard en un puissant rival, comme je l’ai expliqué à un autre moment. Quelques décennies plus tard, le Japon attaqua tour à tour la Chine et la Russie, s’emparant au passage de la Corée. Mais il fut toutefois l’astucieux allié des vainqueurs de la Première Guerre mondiale aux dépens de la Chine. Il accumula des forces et, converti à une version asiatique du nazi fascisme, il tenta d’occuper la Chine en 1937 et attaqua les États-Unis en décembre 1941, portant la guerre jusque dans le Sud-est asiatique et l’Océanie.

Les possessions coloniales de la Grande-Bretagne, de la France, des Pays-Bas et du Portugal étant vouées à la disparition, les États-Unis surgirent comme la nation la plus puissante de la planète, le seul pays en mesure de leur résister étant l’Union soviétique, détruite par la Deuxième Guerre mondiale et par les énormes pertes matérielles et humaines que lui avait causées l’attaque des nazis.? Quand la boucherie mondiale prit fin en 1945, la Révolution chinoise était sur le point de conclure : le combat unitaire contre les Japonais galvanisait alors ses énergies. Mao, Ho Chi Minh, Gandhi, Sukarno et d’autres leaders poursuivirent leur lutte contre la restauration du vieil ordre mondial désormais insupportable.

Truman largua la bombe atomique contre deux villes civiles japonaises, une arme nouvelle terriblement destructrice dont, comme je l’ai dit, il n’avait jamais informé son allié soviétique, le pays qui avait contribué le plus à la liquidation du fascisme. Rien ne justifiait ce massacre, même pas les quinze mille soldats étasuniens ayant péri du fait de la tenace résistance des Japonais dans l’île d’Okinawa. Le Japon était déjà vaincu et cette arme, lancée contre une cible militaire, aurait eu tôt ou tard le même effet démoralisateur sur le militarisme nippon, sans d’autres pertes pour les soldats étasuniens. Ce fut un acte de terreur inqualifiable.

Comme promis à la fin des combats en Europe, les soldats soviétiques avançaient vers la Mandchourie et le Nord de la Corée, les alliés ayant défini au préalable jusqu’où pourrait progresser chaque force : le milieu de Corée, sur une ligne de démarcation équidistante du fleuve Yalu et du sud de la péninsule. Le gouvernement étasunien négocia avec les Japonais les règles qui devaient régir la reddition de leurs troupes sur ce territoire. Les États-Unis occuperaient le Japon. Il existait encore en Corée, annexée au Japon, une grande force de la puissante armée nippone. Ce sont les intérêts des États-Unis qui allaient prévaloir au sud du 38e parallèle, autrement dit la ligne de démarcation prévue. Le gouvernement étasunien réinstalla dans cette partie du territoire, avec la coopération ouverte des Japonais, Syngman Rhee qui remporta de peu les élections de 1948. Les soldats de l’Union soviétique, eux, s’étaient retirés cette même année de Corée du Nord.

C’est le 25 juin 1950 que la guerre éclata dans ce pays. On discute encore pour savoir qui tira le premier : les combattants du Nord ou les soldats étasuniens qui montaient la garde aux côtés des soldats recrutés par Syngman Rhee. Le débat n’a aucun sens vu du côté coréen : les combattants de Kim Il Sung avaient lutté contre les Japonais pour libérer toute la Corée, et ils avancèrent, irrésistibles, après avoir occupé Séoul et d’autres villes, jusqu’à la pointe sud où les Yankees se défendaient en recourant massivement à leurs avions de combat. MacArthur, chef des forces étasuniennes dans le Pacifique, fit débarquer l’infanterie de marine à Incheon, sur les arrières des forces du Nord qui ne purent contre-attaquer. Pyongyang tomba aux mains des forces yankees après des attaques aériennes dévastatrices. Ce qui incita le quartier général étasunien du Pacifique à vouloir occuper toute la Corée, étant donné que l’Armée populaire de libération chinoise, conduite par Mao Zedong, avait infligé une défaite retentissante aux forces de Tchang Kaï-Chek, équipées et soutenues par les États-Unis, récupérant ainsi l’ensemble du territoire continental et maritime, exception faite de Taipei et de quelques autres petites îles où les forces du Guomindang se réfugièrent, transportées par les bâtiments de la VIe Flotte.

On connaît bien la suite des événements. N’oublions pas que Boris Eltsine livra à Washington, entre autres, les archives de l’Union soviétique.

Que firent les États-Unis quand éclata un conflit quasiment inévitable compte tenu des prémisses créées en Corée ? Ils présentèrent la partie Nord comme l’agresseur. Le Conseil de sécurité de la toute récente Organisation des Nations Unies mise en place par les puissances victorieuses de la Deuxième Guerre mondiale vota la Résolution sans qu’un de ses cinq membres puisse imposer son veto. Ces mois-là, l’Union soviétique avait protesté contre l’exclusion de la Chine du Conseil de sécurité où les USA reconnaissait Tchang Kaï-Chek, qui contrôlait moins de 0,3 p. 100 du territoire national et moins de 2 p. 100 de la population, comme membre ayant pouvoir de veto. Cette décision arbitraire entraîna l’absence du délégué soviétique, ce qui permit au Conseil de sécurité de donner à la guerre le caractère d’une action militaire de l’ONU contre le prétendu agresseur, la République populaire démocratique de Corée. La Chine, absolument étrangère au conflit qui portait même préjudice à sa lutte pour la libération totale de son territoire, vit planer une menace directe sur elle, ce qui était inacceptable d’un point de vue sécuritaire. Selon des données désormais publiques, elle envoya son premier ministre Zhou Enlai à Moscou pour exposer ses vues à Staline : l’inadmissibilité de la présence de forces onusiennes, sous le commandement des USA, sur les rives du Yalu, qui délimite la frontière sino-coréenne, et réclamer la coopération de l’Union soviétique. Aucune contradiction profonde ne séparait alors les deux géants socialistes.

On affirme que la contre-attaque chinoise était prévue pour le 13 octobre, mais que Mao l’ajourna au 19, dans l’attente de la réponse soviétique. C’était le plus qu’il pouvait retarder.

Je pense conclure ces Réflexions vendredi prochain. C’est une question complexe et épineuse, qui demande beaucoup d’attention et des données aussi précises que possible. Ce sont là des faits historiques que nous devons connaître et ne pas oublier.

Fidel Castro Ruz

Le 22 juillet 2008

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Deuxième partie

Le 19 octobre 1950, plus de quatre cent mille combattants chinois, des volontaires, franchirent le Yalu sur instructions de Mao Zedong et partirent contrer les troupes étasuniennes qui avançaient vers la frontière chinoise et qui, surprises par l’action énergique du pays qu’elles avaient sous-estimé, durent reculer jusqu’aux abords de la côte méridionale sous la poussée des forces combinées des Chinois et des Nord-Coréens. Staline, qui était extrêmement précautionneux, coopéra bien moins que ce qu’attendait Mao, mais d’une façon utile toutefois : des Mig-15 pilotés par des Soviétiques sur un front limité de seulement quatre-vingt-dix-huit kilomètres, qui protégèrent à l’étape initiale la progression intrépide des forces terrestres. Celles-ci récupérèrent Pyongyang et réoccupèrent Séoul, défiant les attaques incessantes des forces de l’air étasuniennes, les plus puissantes jamais réunies alors.

Mac Arthur brûlait d’attaquer la Chine en recourant à des armes atomiques dont il demanda l’usage après son honteuse défaite. Le président Truman fut contraint de le casser et de nommer le général Matthews Ridgway à la tête des forces étasuniennes – terre, air et mer – sur le théâtre d’opérations.

Les États-Unis ne furent pas les seuls dans cette équipée impérialiste : ils furent accompagnés du Royaume-Uni, de la France, des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg, de la Grèce, du Canada, de la Turquie, de l’Éthiopie, de l’Afrique du Sud, des Philippines, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Thaïlande et de la Colombie. Ce dernier pays, sous le gouvernement unitaire du conservateur Laureano Gómez, responsable de tueries de paysans massives, fut le seul d’Amérique latine à y avoir participé ; aux côtés, comme on peut le constater, de l’Ethiopie d’Haïlé Sélassié, où régnait encore l’esclavage, et de l’Afrique du Sud gouverné par les racistes blancs.

La boucherie mondiale, débutée en septembre 1939, avait pris fin à peine cinq ans auparavant, en août 1945. Au terme de combats sanglants sur le territoire coréen, le 38e parallèle redevint la démarcation entre le Nord et le Sud. Selon les calculs, près de deux millions de Nord-Coréens, d’un demi million à un million de Chinois, et plus d’un million de soldats alliés moururent durant cette guerre. Pour les États-Unis, près de quarante-quatre mille soldats périrent – dont beaucoup étaient nés à Porto Rico ou dans d’autres pays latino-américains, recrutés pour prendre part à une guerre en leur qualité d’immigrants pauvres.

Le Japon tira de gros avantages de ce conflit : en un an, son secteurs manufacturier crût de 50 p. 100, et en deux ans, retrouva son niveau d’avant-guerre. Ce qui ne modifia en rien toutefois la vision des génocides perpétrées par les troupes impériales en Chine et en Corée : tous les gouvernements japonais ont rendu hommage aux actions génocides de leurs soldats qui, comme je l’ai rappelé dans des Réflexions antérieures, violèrent en Chine des dizaines de milliers de femmes et assassinèrent brutalement des centaines de milliers de personnes.

Extrêmement travailleurs et tenaces, les Japonais ont converti leur pays, privé de pétrole et d’autres matières premières importantes, en la seconde puissance économique mondiale.

Le PIB du Japon, mesuré en termes capitalistes – bien que les données varient selon les sources occidentales – atteint aujourd’hui plus 4,5 billions de dollars et ses réserves en devises se chiffrent à plus d’un billion. Soit pour l’instant le double du PIB chinois – 2,2 billions – bien que la Chine possède 50 p. 100 de plus de réserves en monnaie convertible. Le PIB des États-Unis – 12,4 billions de dollars, mais avec 36,4 fois plus de territoire et 2,3 fois plus de population – est à peine le triple de celui du Japon, dont le gouvernement est aujourd’hui l’un des principaux alliés de l’impérialisme alors que celui-ci est menacé par la récession économique et qu’il brandit ses armes perfectionnées de superpuissance aux dépens de la sécurité de l’espèce humaine.
Ce sont là des leçons de l’Histoire indélébiles.

La guerre, en revanche, affecta sérieusement la Chine. Truman ordonna à la VIe Flotte d’empêcher le débarquement des forces révolutionnaires chinoises qui devaient couronner la libération totale de leur pays en récupérant ce 0,3 p. 100 de leur territoire occupé par le reste des forces de Tchang Kaï-Chek qui s’y étaient réfugiées avec l’aide des impérialistes.

Les rapports entre la Chine et l’Union soviétique se dégradèrent ensuite, à la mort de Staline en mars 1953. Le mouvement révolutionnaire se scinda presque partout en deux. Dans son appel dramatique, Ho Chi Minh fit état du dommage que cela avait causé, tandis que l’impérialisme, fort de son énorme appareil médiatique, attisa les flammes de l’extrémisme de faux théoriciens révolutionnaires, un art dans lequel les services de renseignement étasuniens sont devenus des experts.

A la suite de la division arbitraire du pays, la Corée du Nord avait eu en lot la partie le plus accidentée. Chaque gramme d’aliment s’y obtenait au prix d’efforts et de sacrifices. Il n’était pas resté pierre sur pierre de Pyongyang, la capitale. Il fallait prendre en charge un grand nombre de blessés et de mutilés de guerre. Le pays était bloqué et sans ressources. L’URSS et les autres pays du camp socialiste étaient en pleine reconstruction.

Quand je suis arrivé en République populaire et démocratique de Corée le 7 mars 1986, presque trente-trois ans après une guerre qui y avait laissé de telles destructions, je n’en croyais pas mes yeux. Ce peuple héroïque avait bâti une infinité d’ouvrages : de grands et petits barrages et canaux pour accumuler l’eau nécessaire à la production d’électricité, à l’alimentation des villes et à l’irrigation des champs ; des centrales thermiques ; d’importantes usines de production mécanique et d’autres branches, dont beaucoup enterrées dans les profondeurs des montagnes au prix d’un travail difficile et méthodique. Faute de cuivre et d’aluminium, les Nord-Coréens furent même contraints d’utiliser du fer dans leurs lignes électriques dévoreuses d’une énergie qui provenait en partie de la houille. La capitale et les autres villes rasées avaient été reconstruites mètre après mètre. Je calculais alors des millions de nouveaux logements dans les zones urbaines et rurales, et des dizaines de milliers d’installation de services de toutes sortes. Des heures de travail infinies converties en pierres, en ciment, en acier, en bois, en produits synthétiques et en équipements. Les champs que je pus observer, partout où j’allai, ressemblaient à des jardins. De partout, un peuple bien habillé, organisé et enthousiaste accueillait le visiteur. Il méritait la coopération et la paix.

La Corée fut donc divisée en deux par une ligne imaginaire. Le Sud vécut une expérience différente. C’était la partie la plus peuplée, celle qui avait le moins souffert des destructions de la guerre. La présence d’une énorme quantité de troupes étrangères avait exigé des livraisons de produits locaux finis ou autres, qui allaient depuis l’artisanat jusqu’aux fruits et légumes frais, en plus des services. Les dépenses militaires des alliés avaient été énormes. Le même scénario se répéta quand les États-Unis décidèrent de maintenir indéfiniment de grandes forces militaires. Les transnationales occidentales et japonaises y investirent durant les années de Guerre froide des sommes considérables, soutirant des richesses illimitées du travail des Sud-Coréens, tout aussi laborieux et dévoués que leurs frères du Nord. Les grands marchés du monde furent ouverts à leurs produits. Ils n’étaient pas en butte à un blocus. Aujourd’hui, cette partie a atteint des niveaux élevés de technologie et de productivité. Elle a souffert des crises économiques occidentales qui provoquèrent le rachat de nombreuses entreprises sud-coréennes par les transnationales. L’austérité du peuple a permis à l’État d’accumuler d’importantes réserves de devises. Il souffre aujourd’hui de la dépression de l’économie étasunienne, notamment des cours élevés des combustibles et des aliments, et des pressions inflationnistes découlant de ces deux phénomènes.

Le PIB de la Corée du Sud (787 milliards de dollars) est similaire à celui du Brésil (796 milliards) et du Mexique (768 milliards), qui ont tous deux d’abondantes ressources en hydrocarbures et des populations incomparablement supérieures. L’impérialisme a imposé son système à ces nations : deux sont restées à la traîne, la troisième a bien plus avancé.
Rares sont les Sud-Coréens qui émigrent en Occident ; les Mexicains le font en masse vers le territoire actuel des Etats-Unis ; les Brésiliens, les Sud-Américains et les Centraméricains le font partout, poussés par le besoin de travail et par la propagande consumériste. On le leur en sait gré maintenant par des lois rigoureuses et méprisantes.

On connaît la position de principes de Cuba au sujet des armes nucléaires, exprimée au sein du Mouvement des pays non alignés et ratifiée à la Conférence au sommet de La Havane en septembre 2006.

J’avais salué pour la première fois le dirigeant actuel de la République populaire et démocratique de Corée, Kim Jong-il, à mon arrivée à l’aéroport de Pyongyang, alors qu’il se tenait discrètement à côté du tapis rouge, près de son père. Cuba maintient d’excellentes relations avec son gouvernement.

A la disparition de l’URSS et du camp socialiste, la RPDC perdit des sources et des marchés importants de pétrole, de matières premières et d’équipements. Comme pour nous, les conséquences en furent très dures, menaçant les progrès faits au prix de grands sacrifices. Le pays fit toutefois la preuve de sa capacité à fabriquer des armes nucléaires.

Quand la Corée du Nord procéda à l’essai correspondant voilà à peu près un an, nous fîmes part à son gouvernement de nos points de vue au sujet du dommage que cela pouvait causer aux pays pauvres du Tiers-monde qui livraient une lutte inégale et difficile contre les plans de l’impérialisme à une heure décisive pour le monde. Peut-être n’aurait-il pas fallu le faire. Kim Jong-il, arrivé à ce point-là, avait décidé d’avance ce qu’il devait faire compte tenu des facteurs géographiques et stratégiques de la région.

Nous nous félicitons de la déclaration dans laquelle la Corée du Nord se dit en disposition de suspendre son programme d’armes atomiques. Une décision qui n’a rien à voir avec les crimes et chantages de Bush, qui s’en vante maintenant comme d’un succès de sa politique génocidaire. La Corée du Nord ne fait pas ce geste à l’adresse du gouvernement étasunien, face auquel elle n’a jamais cédé, mais à l’égard de la Chine, voisine et amie, dont la sécurité et le développement sont vitaux pour les deux États.

Les pays du Tiers-monde ont tout intérêt à l’amitié et à la coopération entre la Chine et les deux parties de Corée, dont l’union ne doit pas se faire forcément aux dépens de l’une, comme cela est arrivé en Allemagne, aujourd’hui l’alliée des États-Unis à l’OTAN. Les liens qui uniront les deux Corée continueront de se tisser pas à pas, sans hâte mais sans trêve, en correspondance avec leur culture et leur histoire.

Nous développons progressivement nos relations avec la Corée du Sud ; avec la Corée du Nord, elles ont toujours existé, et nous continuerons de les renforcer.

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Fidel Castro Ruz

Le 24 juillet 2008