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Décès de notre camarade Henri Alleg : messages d’hommage

samedi 20 juillet 2013, par Alger republicain

De Smaïl Hadj Ali

Permettez-moi de vous transmettre un texte que lui avait dédié Bachir Hadj Ali.

Ce texte a été écrit en septembre 1965, alors que Bachir Hadj Ali était détenu dans les geôles de la sécurité militaire.

Ton exemple

A Henri Alleg

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Tu as dit un mot plus percutant qu’une balle

Tu as dit un mot plus vivant que nous

Tu as limé l’outil pour éviter la rouille

Je t’ai appelé et l’amande m’a livré

Trois lettres et comme toi j’ai dit NON

Et comme toi j’ai vaincu les monstres

Bachir Hadj Ali

Chants pour les nuits de septembre - 1965-

in L’Arbitraire, Éditions de Minuit, 1965



De Bernard DESCHAMPS

Président-fondateur de France-El Djazaïr

Ancien député

http://www.bernard-deschamps.net

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Oui je sais, Henri n’aurait pas apprécié qu’on le pleurât. Mais l’émotion est trop forte.

Depuis plus de soixante ans, à la direction du Parti Communiste algérien, directeur du quotidien démocrate Alger Républicain et en 1958, auteur du bouleversant témoignage La Question , Henri Alleg était à la fois un guide et notre conscience.

Il était en quelque sorte le parrain de notre association France-El Djazaïr créée en 2005 et dont il présida à Nîmes la première manifestation publique.

Jusqu’à son récent accident de santé, je lui téléphonais presque toutes les semaines. Il était toujours disponible, compréhensif et fraternel. Ses suggestions et ses avis étaient toujours judicieux. Notre association lui doit beaucoup. Il refusait rarement de se déplacer pour une rencontre ou une conférence, bien que sa santé en souffrît. La disparition de Gilberte l’avait terriblement affecté et n’était pas étrangère à son affaiblissement ces derniers mois, mais nous le croyions immortel.

Il le sera d’une certaine façon à travers l’exemple de courage et de lucidité politique qu’il nous lègue.

Nous nous associons à l’immense douleur de ses fils, de ses proches et de l’actuelle direction d’Alger Républicain.

Nous les assurons de notre profonde sympathie en ces moments difficiles.

Nîmes,18 juillet 2013, 15h.13



Communiqué du Collectif communiste POLEX.

Paris, le 18 juillet 2013.

Henri ALLEG s’est éteint, le 17 juillet 2013, il avait 92 ans.

Henri ALLEG incarna, en tant que Directeur du quotidien Alger républicain, le courage et l’honneur des communistes face à la guerre coloniale menée par les autorités françaises en Algérie.

Alors que présidents et ministres, socialistes ou de droite gaulliste, organisaient en Algérie les massacres et les camps de concentration, Henri fut un exemple de fidélité à son idéal malgré les tortures, décrites dans son célèbre livre « La Question », la prison et l’exil forcé.

Il aida nombre d’entre nous à rester dignes du nom d’homme en refusant l’oppression coloniale.

Depuis lors, Henri ALLEG a poursuivi son combat inlassable de communiste authentique pour l’égalité entre les hommes et entre les peuples, en refusant tous les opportunismes et le carriérisme qui ternissent trop souvent notre idéal.

Depuis sa création, Henri était membre du Collectif communiste POLEX pour lutter avec nous contre le colonialisme et l’impérialisme.

Pour nous toutes et tous Henri ALLEG est toujours vivant.

Le Collectif communiste POLEX.

Nous appelons toutes tous nos camarades et ami(e)s à rendre hommage à Henri ALLEG, lors de ses obsèques, le LUNDI 29 JUILLET prochain, à 10h30, au Crématorium du cimetière du Père Lachaise, salle de la Coupole.



Communiqué du Pôle de Renaissance Communiste en France

Nous apprenons avec beaucoup de tristesse le décès de notre camarade Henri Alleg, membre du comité national de parrainage du Pôle de Renaissance Communiste en France, président d’honneur du Comité Internationaliste pour la Solidarité de Classe (ex-Comité Honecker), écrivain et journaliste communiste, ancien directeur d’Alger Républicain et ancien secrétaire général de L’Humanité, militant de la solidarité de classe avec les communistes persécutés dans les ex-pays socialistes, compagnon de Maurice Audin et héros de la lutte anticoloniale en Algérie.

Henri fut aussi une figure des lettres françaises et un éclaireur de la conscience universelle dans la grande tradition de Voltaire et de Zola : son livre bouleversant La Question, le récit poignant préfacé par Sartre qui dénonça l’usage systématique de la torture en Algérie par l’armée coloniale, a beaucoup fait pour mobiliser contre la « sale guerre » : l’indépendance du peuple algérien et l’honneur du peuple français doivent beaucoup à cet homme modeste, souriant, mais inflexible sur ses hautes convictions humanistes.

Henri fut par ailleurs de tous les combat en France et dans le monde pour le progrès social, l’émancipation des peuples, la paix et le socialisme. Alors que tant d’autres hurlaient avec les loups lors de la chute de l’URSS, Henri écrivit Le grand bond en arrière, qui dénonçait faits à l’appui la terrible régression qu’a constituée la restauration du capitalisme le plus barbare dans les pays de l’ex-camp socialiste.

Nous rendrons ultérieurement hommage à ce lutteur hors pair qui était aussi un défenseur fidèle du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien, ce qui lui valut, aux côtés de Georges Hage, de Rémy Auchedé et de Georges Gastaud, d’animer l’opposition communiste à la « mutation » (en réalité, à la dénaturation) du PCF dans le cadre de la première Coordination communiste, puis dans le cadre du Comité national d’unité des communistes (CNUC), puis de la Coordination des Militants Communistes du PCF.

Pour l’heure, l’émotion nous étreint quand nous repensons avant tout à cet homme fraternel, toujours aidant, souriant et plein d’humour, qui rejoint dans notre souvenir Gilberte, son épouse disparue – elle aussi engagée avec détermination dans la lutte contre le colonialisme et pour la continuité du vrai parti communiste.

A ses fils et à toute sa famille, à tous les camarades communistes membres du PRCF et/ou du PCF, à tous les communistes et patriotes algériens, à tous les membres du CISC, à tous ses amis et camarades de France et de l’étranger, nous exprimons notre profonde sympathie et notre grand chagrin.

18 juillet 2013



Georges Hage, ancien député, président d’honneur du PRCF

Désiré Marle, prêtre-ouvrier, président du CISC

Léon Landini, président de Carmagnole-Liberté (ex-FTP-MOI), président du PRCF

Vincent Flament, rédacteur-en-chef de « Solidarité de classe »

Pierre Pranchère, vice-président du PRCF

Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF

Daniel Antonini, secrétaire de la commission internationale du PRCF

Antoine Manessis, responsable du PRCF aux actions unitaires

Madeleine Dupont, trésorière du CISC

Odile Hage, secrétaire de la section de Douai du PCF



De Pierre Lacaze, Secrétaire départemental du PCF

Henri Alleg, militant infatigable de la liberté des peuples

Le décès d’Henri Alleg, survenu ce 18 juillet 2013 à l’âge de 91 ans, bouleverse les communistes mais aussi tous les démocrates français et algériens.

Son nom est indissociable du combat pour l’émancipation des peuples, contre le colonialisme, combat auquel il participa activement toute sa vie. Amoureux de l’Algérie, où il s’installa à l’âge de 18 ans, il adhéra à 20 ans au Parti communiste algérien, alors clandestin, où il assuma de lourdes responsabilités, d’abord au sein de la Jeunesse Communiste, puis du PCA. Directeur du journal « Alger Républicain », il lutta contre la censure du pouvoir colonial, pour continuer à diffuser ses idées de paix et d’indépendance pour l’Algérie.

Arrêté par l’armée, il fut sauvagement torturé, en même temps que le jeune mathématicien communiste Maurice Audin, mort sous la torture des parachutistes français. Condamné à 10 ans de travaux forcés, Henri Alleg s’évade en 1961.

Son livre «  La Question  », écrit en captivité, immédiatement censuré, où il révéla l’ampleur et l’horreur de la torture en Algérie, circula sous le manteau et révéla au peuple français les conséquences dramatiques de la guerre coloniale menée en son nom en Algérie. Henri Alleg fut de ces hommes qui sauvèrent l’honneur de la France pendant cette période sombre de son histoire.

Après son retour en France, Henri Alleg honore le Parti communiste français en y adhérant en 1972. Il intègre la rédaction du journal « L’Humanité » avec toujours la même conception exigeante de son métier de journaliste.

Il continuera jusqu’à la fin de sa vie son combat pour l’émancipation des peuples, la liberté, la paix. L’année dernière encore, il nous avait fait l’amitié de participer à l’un des débats de la Fête de l’Humanité de Toulouse, consacré à la guerre d’Algérie.
Sa modestie, son humanité, sa gentillesse et sa disponibilité ont marqué tous ceux qui l’ont rencontré.

Nous tenons à associer à sa mémoire, son épouse Gilberte Serfaty, disparue en 2011, intellectuelle, historienne, militante infatigable, qui a partagé tous ses combats.

Pour tous les communistes, c’est un honneur et une fierté d’avoir compté parmi nos camarades un homme de cette qualité humaine. Nous nous inclinons avec le plus grand respect mais avec aussi beaucoup de tendresse et d’affection devant sa mémoire.



De Boumediene Lechlech (Oran)

A Messieurs André et Jean Salem

Suite au décès du camarade Henri Alleg,que tous les communistes,progressistes et patriotes algériens reconnaissent comme un des leurs,je vous présente en ces circonstances douloureuses, ainsi qu’à toute sa famille,mes sincères condoléances.

Son nom restera désormais gravé dans l’histoire de l’Algérie par son courage politique,son combat internationaliste constant pour la liberté et le socialisme.



De Sadek Hadjerès ancien premier secrétaire du PAGS (communiste) à la rédaction de l’Huma

18 juillet 2013

Henri a été le frère et compagnon inoubliable des Algériens en lutte depuis 70 ans, alors que j’étais encore militant étudiant nationaliste.

Puis tous deux dirigeants dans le PCA, avant et pendant la guerre de libération, j’ai apprécié la fermeté de son engagement, ses qualités d’organisation et d’initiative,

Après l’indépendance, quand il a rejoint le PCF, son exemplaire solidarité n’a jamais failli envers le peuple, les travailleurs et les communistes algériens réprimés et clandestins, quelles que soient les conditions complexes et les incompréhensions qui ont entouré les épisodes du parti unique FLN puis le drame algérien des vingt dernières années.

Nous devons beaucoup à son courage, son intelligence, son internationalisme et sa sensibilité humaine. A ses enfants et petits enfants, nos condoléances émues



Henri Alleg, une passerelle entre les peuples français et algériens

Dimanche 21 Juillet 2013

Le Parti de Gauche

C’est avec une grande tristesse que le Parti de Gauche a appris la disparition du militant communiste et anticolonialiste Henri Alleg.

Dans les années 40, Henri Alleg, établi en Algérie s’engage au sein du Parti Communiste Algérien et prends part aux combats du peuple Algérien pour la justice et la liberté. Il assumera à partir de 1951, la charge de directeur du prestigieux quotidien « Alger républicain », le journal porte-voix de toutes les forces progressistes et patriotiques d’Algérie. Au début de la guerre d’Algérie, le journal est interdit et son équipe contrainte à la clandestinité. Henri Alleg continue d’écrire des articles publiés par « l’Humanité ». Il sera arrêté au domicile de Maurice Audin, son camarade, arrêté la veille et torturé à mort.

Torturé un mois durant, il écrira en prison son témoignage intitulé « La question », pour dit-il « illustrer d’un seul exemple ce qui est la pratique courante dans cette guerre atroce et sanglante ». Publié aux éditions de Minuit, ce témoignage avait été censuré malgré la mobilisation et les protestations d’André Malraux, François Mauriac ou Jean-Paul Sartre. Ce dernier en préfacera la réédition à Lausanne. Ce témoignage aura permis une prise de conscience en France et dans le Monde sur les horreurs du régime colonial.

A l’indépendance de l’Algérie, Henri Alleg continue son engagement par la reprise de ses activités au sein du PCA et en relançant « Alger républicain ». Au moment du coup d’Etat de 1965, il appuie l’action de l’Organisation de la Résistance Populaire (ORP) qui débouchera sur la création du Parti de l’avant-Garde Socialiste. Il sera l’animateur de l’action de ce parti au sein de l’immigration algérienne en France. Son parcours de journaliste recoupe aussi celui du journal « l’Humanité » dont il a été un temps secrétaire général.

Le parcours d’Henri Alleg est exemplaire d’engagement, de dévouement et d’humanisme. Il restera un monument comme seule l’humanité combattante peut en forger. Dans l’histoire des peuples français et algérien il reste une passerelle qui les unit et contribue à fonder leur destinée méditerranéenne commune. Le Parti de Gauche salue aujourd’hui la mémoire d’un grand militant engagé dans le combat contre la barbarie et pour la libération humaine, celle d’un Français, d’un Algérien, d’un militant internationaliste conséquent.