Exterminer les Russes d’Ukraine à coup de bombes nucléaires ? C’est la proposition de l’égérie de l’Occident Ioulia Timochenko !

mardi 1er avril 2014

Plus on avance, moins « nos amis d’Ukraine » sont fréquentables : « fascistes responsables au gouvernement » et « indignés néo-nazis à crâne rasée », banquiers emmenant dans leurs valises le FMI et l’UE ainsi que bureaucrates corrompus de toujours. Ioulia Timochenko incarne bien ce magma nauséabond.

La nouvelle a pour l’instant peu filtrée dans la presse française : un enregistrement d’une discussion amicale entre la leader pro-européenne I.Timochenko et un ex-député pro-russe, allié de Ianoukovitch, révèle des propos orduriers, bellicistes et xénophobes de l’égérie de l’Occident.

Venant de sources russes, l’enregistrement pourrait sembler suspect – il ne fait guère de doutes que les services secrets russes ont bien fait leur travail – pourtant Timochenko a reconnu l’authenticité de l’enregistrement.

Timochenko qui copine avec un député du parti de Ianoukovitch

Dans cette écoute de quelques minutes, on retrouve Ioulia Timochenko et Nestor Shufrych. La première pro-européenne, opposante historique à l’ex-président Ianoukovitch et au Parti des régions, le second … ancien député du Parti des régions, protégé des présidents Koutchma et Ianoukovitch.

Deux opposants irréductibles ? Pas du tout, tous deux se retrouvent unis dans leur défense du « régime des oligarques », leur position anti-russe et pro-occidentale, leur défense de la politique de privatisations dont ils furent des architectes historiques.

Voir dans les « opposants indignés » de Maidan une alternative au régime oligarchique alors qu’ils sont financés par un autre clan oligarchique, ou voir dans le régime hérité du système Kouchma-Ianoukovitch une alternative à l’intégration européenne et son cap néo-libéral, alors que c’est eux qui l’ont piloté jusque-là, c’est plus qu’une illusion, c’est un mensonge délibéré.

Ioulia Timochenko : : «<small class="fine"> </small>Cela dépasse les frontières. Il est temps de prendre les armes et de tuer ces satanés Russes, et leur leader avec. Je regrette de ne pas être au pouvoir maintenant, il n'y aurait pas de p..... de moyen qu'ils aient la Crimée alors<small class="fine"> </small>!<small class="fine"> </small>»

« Je veux tirer une balle dans la tête de cet enfoiré de Poutine. »

Revenons à la teneur de la conservation, elle se suffit à elle-même et terrifie quant à la possibilité que Timochenko arrive au pouvoir en Ukraine :

Shufrych : « Par rapport à la question de la Crimée, je te le dis, je suis juste choqué. Je parlais aujourd’hui à une de nos connaissances, il était presque en larmes. Je lui demandais : qu’allons-nous faire maintenant ? »

Timochenko : « Je suis prêt à prendre une mitrailleuse et à tirer dans la tête de cet enfoiré (de Poutine) ».

Shufrych : « Je lui ai dit hier que si un conflit éclatait, moi et mon fils aîné, officiers de réserve, nous prendrions les armes et nous battrions pour notre pays. »

Timochenko : « Cela dépasse les frontières. Il est temps de prendre les armes et de tuer ces satanés Russes, et leur leader avec. Je regrette de ne pas être au pouvoir maintenant, il n’y aurait pas de p..... de moyen qu’ils aient la Crimée alors »

Shufrych : « Je le pense aussi, si tu étais là, cela n’aurait pas eu lieu. Mais de toute façon, on n’a pas le rapport de force. Tu sais, le plus choquant ...?  »

« Je vais tout faire pour qu’il ne reste plus un bout de terre intact en Russie »

Timochenko : « J’aurais trouvé un moyen de tuer ces enfoirés. J’espère que je pourrais mobiliser toutes mes relations. Et je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour soulever le monde entier, afin qu’il ne reste plus un seul morceau de terre intact en Russie. »

Shufrych : «  Bien, je suis plus que juste votre allié ici. Aujourd’hui, nous avons eu une rencontre entre dirigeants de parti ce matin, après quoi j’ai parlé à Viktor. Il m’a demandé : ’Que devons-nous faire avec les 8 millions de Russes qui sont en Ukraine ? Ce sont des parias. »

« Il faut leur balancer une bombe nucléaire » (aux Russes d’Ukraine)

Timochenko : « Il faut les exterminer, leur lancer une bombe nucléaire ».

Shufrych : « Je ne vais pas essayer de te raisonner ici, car ce qui s’est passé est proprement inacceptable. Mais il y a une alternative. Certaines de ces actions violent clairement la loi et nous devons prendre des mesures au niveau international. »

Timochenko : « On va porter l’affaire devant le Tribunal pénal de la Haye ».

Ioulia Timochenko s’est empressée de contester la véracité de cette conversation téléphonique … avant de reconnaître son authenticité, ne contestant que le passage sur la « bombe nucléaire ». Elle a finalement préféré ironiser, en saluant sur son Twitter le FSB pour son travail.

Que les services secrets russes soient hors-pair, que la propagande entre impérialistes fonctionne à plein, cela ne fait aucun doute. Cela n’enlève rien aux propos terrifiants tenus par une supposée « responsable » ukrainienne, longtemps présentée comme une « pacifiste », une « modérée ».

Une image d’Epinal écornée : oligarque, proche des russes, corrompue

On sait aujourd’hui que l’image d’Epinal de Mme Timochenko est très largement fausse.

Femme du peuple ? Si Timochenko s’est construite une image de « self made-woman » partie de rien, dans les quartiers populaires de Dniepropetrovsk, elle a fait fortune dans les années 1990 profitant de la Perestroika, la chute de l’URSS puis de la liquidation du patrimoine public soviétique.

A la tête de la société gazière Systèmes énergétiques unifiés d’Ukraine (UESU), elle devient à la fin des années 1990 une des premières fortunes du pays, une des oligarques les plus en vue.

Elle a fait sa place au soleil dans l’ombre de l’ancien premier ministre ukrainien, ministre de l’Energie oligarque aussi, Pavlo Lazarenko … depuis condamné pour fraudes, blanchiment d’argent et corruption aux Etats-unis.

Pro-européenne et anti-russe ? Tout dépend de ses intérêts économiques d’oligarques. Il ne faut pas oublier que la « nationaliste » Timochenko ne parlait même pas ukrainien, mais uniquement russe quand elle est entrée au gouvernement pour la première fois, au début des années 2000.

Sa fortune s’est construite sur la base de la négociation des contrats avec Gazprom russe dans les années 1990. En 1999, elle devient ministre de l’Énergie du président Koutchma, réputé pro-russe, père politique de Ianoukovitch, connu pour sa pratique de corruption généralisée.

Il ne faut pas oublier non plus que si son passage au gouvernement entre 2007 et 2010 a commencé par une grave crise avec la Russie … il s’est fini par un contrat gazier juteux pour la Russie et la classe dirigeante ukrainienne.

A tel point que la Russie soutenait en 2010 plutôt Timochenko que Ianoukovitch, alors prêt à se rapprocher de l’Union européenne. Ce qu’il fera effectivement jusqu’à son refus surprise de signer l’Accord d’association en 2013.

Femme politique intègre ? Timochenko traîne une collection sulfureuses d’affaires de corruption, de fraudes, d’abus de pouvoir. Si Timochenko crie au complot gouvernemental, aujourd’hui il semble que nombre de ses affaires aient un réel fondement.

Ainsi, dès 2001 elle est poursuivie pour avoir créé des faux documents de douane et organisé un trafic de gas avec la Russie pour son entreprise.

En 2011, elle est inculpée pour l’ « affaire du gaz », un méga-contrat d’approvisionnement en gaz pour l’Ukraine signé avec Gazprom, elle est accusée alors d’avoir signé un accord défavorable à l’Ukraine, de « détournement de fonds » et d’ « abus de pouvoir ».

Elle a alors été condamné à sept ans de prison, tandis que s’ouvrent de nouveaux procès, dont un pour « fraude fiscale », l’autre pour « complicité d’assassinat » avec son sordide associé Lazarenko.

Timochenko n’émeut plus les Ukrainiens dont une bonne partie – y compris ceux pro-européens, y compris ceux qui manifestaient à Maidan – estiment qu’elle est trempée dans les affaires de corruption, et que sa condamnation n’était pas injuste.

Même les pays occidentaux perdent confiance. L’ancienne protégée de Washington a lassé sous son dernier mandat.

Selon Wikileaks, l’ambassade américaine aurait résumé son mandat à la corruption, l’immobilisme politique, le gaspillage économique, évoquant une femme ne « comprenant rien à l’économie ».

L’Allemagne et l’Union européenne, longtemps ses premiers soutiens, explorent des alternatives. L’Allemagne parierait désormais plutôt sur l’ancien boxeur Klitschko, sans laisser tomber Timochenko, accueilli dernièrement à Berlin pour assurer son traitement médical.

Combien de temps les Timochenko et autres oligarques pantins, tantôt côté russe, tantôt côté européenne, vont-ils encore abuser de la patience du peuple ukrainien ?

Article AC pour http://solidarite-internationale-pc...

26.03.2014