Hommage à Georges Accampora (1)

samedi 18 février 2012

Texte de l’intervention de Noureddine Abdelmoumène.

Chères soeurs, chers frères, chers amis, chers camarades,

Nous nous sommes retrouvés aujourd’hui pour accompagner ensemble un des nôtres à sa dernière demeure.

Georges Acampora avait 86 ans quand il s’est éteint à l’hôpital de Ain En Naadja.
Ce digne fils de notre pays, ce fils de Bab El Oued, est né à Bab El Oued, il y a vécu, va y demeurer pour l’éternité.
L’Algérie a été sa patrie, dans le sens plein du terme et ses habitants étaient ses frères et sœurs.

Ce fils du peuple a commencé à travailler à 14 ans pour aider son père à ramener le pain quotidien.
Cet ouvrier tourneur a fait son choix dès son jeune âge : syndicaliste remarquable il mènera un combat incessant pour les droits des travailleurs, il dirigera même une grève de 40 jours des travailleurs des tabacs de Bab El Oued.
Il rejoindra juste après les rangs du Parti Communiste Algérien et deviendra un des dirigeants de la section de Bab El Oued du PCA

C’est donc naturellement, au déclenchement de la guerre de libération nationale qu’il rejoindra les CDL ( combattants de la libération du PCA), puis il est fidaï au sein de l’ALN-FLN, après les accords FLN-PCA.
Arrêté il est affreusement torturé, puis condamné à mort. Après des années de prison à Serkadji, puis à la prison d’El Harrach, il ne sera libéré qu’à l’indépendance.

Il prend tout de suite sa place dans l’autre combat, celui de l’édification de l’Algérie : il sera parmi les premiers volontaires qui iront réparer les tracteurs des domaines abandonnés par le colons ou lancer le reboisement mémorable de l’Arbaâtache
Au sein de la protection civile, il fera un parcours exemplaire jusqu’au grade de lieutenant- colonel.

Dans son quartier de Bab El Oued, le citoyen Acampora est à l’écoute de ses voisins, avec sa modestie légendaire. Ses voisins le lui rendent bien : lui et Juliette, son épouse, seront sous la tendre protection des habitants, même pendant les périodes les plus noires.

Georgeot avait plusieurs familles, d’abord celle de Bab El Oued, où il faut le rappeler, un jeune médecin du quartier donnera le nom à un centre de la clinique inaugurée à Hammamet près d’Alger. Il conservera sa famille du PCA, puis celle PAGS, celle de l’ALN-FLN, des anciens condamnés à mort, celle de la protection civile qui a été à ses côtés jusqu’à l’ultime minute.

Toutes ces familles se sont retrouvées ensemble pour rendre hommage à Georges et Juliette Acampora le 29 octobre 2011 à la clinique de Hammamet. Une cérémonie pleine de fraternité et d’émotion.

Ce jour-là, Georgeot tu n’as pas fait de discours. Devant l’insistance de tes amis pour dire un mot, une phrase, tu a rassemblé toutes tes forces et ta voix pour dire les larmes aux yeux ta certitude : « TAHYA EL DJAZAIR »

Tu es parti un 11 février. Tu le sais bien, c’est aussi un 11 février, à l’ère coloniale, Mohamed Ouenouri, Mohamed Lakhnèche et Fernand Iveton ont été guillotinés. L’année dernière en février, dans ce même cimetière, devant la tombe de Fernand Iveton tu as dit :

« à quoi ont servi ces exécutions barbares, puisque, malgré ça, nous avons arraché l’indépendance »

Cette année nous nous préparons à célébrer le cinquantième anniversaire de cette indépendance.

A cette occasion, nous rendrons hommage à toutes les filles et fils de l’Algérie qui, comme toi, à travers les millénaires, les siècles et les années, à travers l’histoire, ont résisté, combattu, libéré et construit notre pays.

Avec toi nous dirons encore :

« TAHYA EL DJAZAIR »

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Alger le 13 février 2012