Hommage au journaliste progressiste disparu Hassaine Mohamed.

vendredi 28 février 2014

Commémoration : Cela fera 20 ans que Mohamed Hassaine a été enlevé par un groupe terroriste pour ne plus donner signe de vie laissant une veuve et trois enfants. Sa femme, ses enfants, ses amis et ses confrères organisent une Cérémonie de recueillement à la mémoire de ce patriote républicain le vendredi 28 février 2014 à 09 heures à Larbaatache (wilaya de Boumerdes) devant la maternité communale au centre-ville.

Le collectif Manansaouche s’associe à cette cérémonie et appelle ses anciens camarades et amis à être présents et ceux qui ne peuvent y être d’observer une minute de silence à sa mémoire le vendredi 28 février 2014 à 09 heures.

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Hommage : 20 ans se sont déjà écoulés depuis ce maudit jour ou Mohamed Hassaine est ravi à l’affection des siens enlevé par un groupe terroriste. Il était originaire de Larbaatache où il résidait. Il était 07 heures 30 min ce 28 février 1994 jour de ramadhan, comme tous les jours, Mohamed venait de sortir de sa maison lorsqu’il fut abordé par un groupe terroriste qui l’obligea à les suivre. Sa famille n’en savait rien et ce n’est qu’après l’adhan du f’tour que ne le voyant pas entrer Nacera, sa femme commença à s’inquiéter se doutant qu’un malheur lui soit arrivé. Depuis ce jour, elle n’a plus eu aucune nouvelle de lui. Ses enfants n’ont même pas une tombe ou le pleurer et faire leur deuil.

Les témoins, par peur ou par lâcheté, n’ont jamais dénoncé ses bourreaux. Mais quelques années après, des témoignages de voisins mais aussi de repentis ont rapporté que Mohamed Hassaine a été enlevé par quatre hommes du GIA qui l’attendaient dans un véhicule au coin de la rue. Un repenti avait même précisé que Mohamed a été assassiné dans la nuit du 28fevrier au 01 mars 1994.

Son corps n’a jamais été retrouvé. IL avait 49 ans et laissait derrière lui trois enfants dont l’ainé avait 06 ans et un bébé de 45 jours. Il laissait aussi un compte crédité de 40 000 DA et une petite bâtisse dans un état délabré.

Le disparu était technicien supérieur en agriculture et travaillait au sein de la sous-direction agricole de Khemis El Khechna relevant la direction de l’agriculture de la Wilaya de Boumerdes. Il partageait les joies et les rêves mais aussi les cauchemars et les soucis de la petite et moyenne paysannerie. D’ailleurs tous les humbles de sa localité auxquels il a dévoué tout son militantisme le respectaient et l’aimaient.

Durant plusieurs années il était le correspondant du journal militant Alger républicain. Ses articles étaient pour l’essentiel consacrés aux problèmes de la paysannerie et aux luttes des travailleurs et des syndicalistes notamment au niveau de la zone industrielle de Rouiba-Reghaia. Il assurait également la couverture des matchs de football de l’équipe locale dont il était un fervent supporter.

Mohamed Hassaine militait au sein du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS). Il savait traduire les grands principes politiques en actions simples centrées sur la prise en charge des préoccupations quotidiennes des gens humbles de sa localité.

A cause de ses convictions politiques et de son engagement auprès des « masses laborieuses » comme il aimait le répéter il se savait menacé par les intégristes depuis 1990 mais il n’avait pas de pays de rechange et ne pouvait se séparer de ses proches. Les menaces se sont amplifiées les derniers mois de sa vie mais il avait choisi de rester aux cotés de sa femme enceinte.

Cette dernière aujourd’hui est toujours marquée par cette disparition brutale de son cher mari mais aussi par l’ingratitude de la Société. « Tout au long de sa vie, Mohamed a travaillé avec honnêteté, droiture et abnégation. Il a payé de sa personne sa passion du métier et sa solidarité avec les plus démunis et les plus lésés. Il est mort pour ses convictions, mais rares sont ceux qui s’enquièrent du sort de sa veuve ou de ses orphelins », confie sa femme à qui veut l’entendre ajoutant « Je ne sais pas comment j’ai fait pour réussir à élever mes fils ».

Nacéra était fonctionnaire à la wilaya de Boumerdès. Mais elle est contrainte d’abandonner son poste à la suite de diverses pressions.
« La société est impitoyable avec les femmes seules qui doivent se débrouiller pour leur famille »,
dit-elle.

La famille de feu Mohamed Hassaine n’a ainsi pas eu le droit aux indemnités et autres réparations octroyées aux victimes du terrorisme.
« Je n’ai eu aucune aide de l’État, rarement de la corporation ou d’associations. Tout ce que je demande est qu’on accorde leurs droits à mes garçons. Ils ont vécu sans père. L’État devrait au moins leur assurer un toit décent »,
conclut-elle.

Année 2009 : un espoir puis plus rien

Pourtant une lueur d’espoir était née en 2009.C’était le 02 mai 2009 à la faveur d’un tournoi organisé par les journalistes de la presse de Boumerdès dans la commune de Boudouaou pour commémorer la Journée internationale de la presse. Ce tournoi de football était placé sous l’égide de la wilaya et était parrainé par l’APC de Boudouaou, la DJS et l’entreprise IRS Deriche. Il fut dédié à la mémoire du journaliste Hassaine Mohamed.

Mme Hassaine, qui était invitée à assister au tournoi en la mémoire de son mari, a eu une courte discussion avec le wali de Boumerdès, qui lui a promis qu’il prendra son affaire en charge.

Mais depuis ce jour cette promesse n’a eu aucune suite. Pourtant elle ne demande pas la lune. Juste que son mari soit reconnu comme victime du terrorisme et que sa famille soit indemnisée et bénéficie d’un logement décent. Les autorités locales de Larbataache, de Khemis el Khechna et de la Wilaya de Boumerdés demeurent à ce jour interpelées.

Un dernier vœu très cher à madame Hassaine : Que ses anciens amis, ses anciens camarades et ses anciens confrères ne l’oublient pas et se rappellent toujours les principes pour lesquels il a donné sa vie.

Pour le collectif manansaouche

Nouredine Bouderba