Hommage rendu à Henri ALLEG au SILA : intervention de William SPORTISSE

mardi 12 novembre 2013
par  Alger republicain

Je tiens tout d’abord à remercier les organisateurs du Salon International d’Alger qui m’offrent l’occasion de participer à cet hommage que nous rendons aujourd’hui au valeureux combat pour l’émancipation des exploités et des opprimés mené pendant soixante dix années par mon camarade Henri Alleg. Je tiens également à vous remercier, vous toutes et tous qui êtes ici avec nous.

A cet hommage, j’aurai souhaité la présence de mon camarade Boualem Khalfa, qui dirigea avec Henri et Abdelhamid Benzine pendant plusieurs années le quotidien « Alger républicain ». Son état de santé, à son grand regret, ne lui permet, malheureusement, pas d’être avec nous.

Ma première rencontre avec Henri s’est produite en juillet 1945. J’étais de retour dans mon pays au lendemain de ma participation, dans l’armée française comme des milliers d’Algériens, au combat pour vaincre le fascisme. Je revenais au pays, bouleversé et révolté par les odieux massacres commis par les colonialistes français en mai 1945 afin de noyer dans le sang la soif de liberté et d’indépendance que notre peuple avait exprimée. Ses aspirations légitimes étaient pourtant conformes aux objectifs de libération, d’émancipation, de paix et de justice sociale de cette seconde guerre mondiale menée contre le fascisme. C’est dans ce cadre que s’effectua ma première rencontre avec Henri. Depuis ce moment les liens qui se sont tissés entre nous se sont consolidés au fil des ans. Nous étions des camarades d’un même parti, le PCA, et de proches amis.

Toutefois j’avouerai, même lorsqu’on est très lié avec un camarade et un ami, on ignore souvent beaucoup de choses le concernant. Pris par l’intensité du combat qu’ils mènent et par modestie les militants pensent peu à communiquer entre eux au sujet de leur vie personnelle et publique. Heureusement, Henri a rédigé et publié des ouvrages, des articles.

Il a eu aussi des entretiens avec des écrivains ou des journalistes. Cela réduit un peu cette tâche difficile qui m’échoit de parler de son combat qui se confond avec celui de dizaines de milliers de militants algériens et du monde qui se sont dressés contre l’oppression, l’exploitation et pour le progrès, la liberté, la paix et la justice sociale.

Ces lectures, quand il était lycéen, dira-t-il au cours d’un entretien avec Bernard Doray auteur d’un ouvrage intitulé « La dignité », contribuèrent à sa prise de conscience politique révolutionnaire. A ce propos il déclare :

«  J’ai été frappé très tôt par cette notion d’humanité. Nous sommes tous des hommes et des femmes, des êtres humains. Ce qui venait sous la plume des gens comme Montesquieu, Voltaire, Rousseau, ça me convenait parfaitement. »

Il ajoutait :
« Tu sais quand tu lis Victor Hugo ou même Alexandre Dumas, le sentiment de ’honneur, de la noblesse, de l’altruisme, tout ça c’est déjà une porte ouverte vers une orientation politique révolutionnaire ».

Dés lors, il n’est pas étonnant, que sa découverte des méfaits du système colonial s’effectuera rapidement. Toujours dans son entretien avec Bernard Doray, Henri raconte comment la réflexion d’un jeune indochinois (on ne disait pas Vietnamien à cette époque), le pousse à comprendre son sens et son fondement. Il est à Marseille, à la veille de son second voyage en Algérie. A bord d’une vedette il se rend au château d’If où fut enfermé Dantés, le héros du roman de Alexandre Dumas intitulé « Le comte de Monte Christo ». La vedette longe deux bateaux de guerre, l’un Français et l’autre Anglais. « Le bateau de guerre français arborait naturellement le drapeau tricolore », raconte Henri, et l’autre l’Union Jack. Et ce jeune indochinois me dit : « Ah, je voudrais tendre une ficelle entre le mat du drapeau français et celui du drapeau anglais. Et je voudrais qu’on y suspende du linge sale puisque c’est ça qui représente le mieux ce qu’ils font chez nous ». Henri apprend à découvrir le pays de l’autre. « Mais, dira-t-il, Doray, ce type exprimait ce qu’il ressentait …, des choses tout à fait neuves  » pour lui à cette époque.

Il dira encore au cours de cet entretien, à propos de ses premières réactions tout au début de son arrivée en Algérie en 1940 :
« J’ai tout de suite été enclin à trouver méprisable le racisme qui existait, et à être ami avec des Algériens. Les premiers copains que j’ai eux étaient des nationalistes. Cette orientation vers l’indépendance de l’Algérie m’agréait. A peine arrivé je me suis mis à étudier l’Arabe. C’était assez rare à l’époque, et mes fréquentations étaient tout à fait atypiques pour un Européen. Par exemple j’allais dans les gargotes. A l’époque un Européen qui allait dans les gargotes, attirait la méfiance des Algériens, ensuite seulement leur sympathie. »

Mais Henri parvient quand même par son comportement et son profond sens de tout ce qui est humain à nouer des liens d’amitié avec des jeunes Algériens qui lui ouvrent les portes pour découvrir et mieux saisir tout l’odieux du système colonial. A Doray, il a aussi raconté comme suit le souvenir de sa visite à un ami algérien dans sa chambre de la Casbah :
« Cela ressemblait plutôt à un placard. Il y avait un matelas par terre, il y avait un verre d’eau à côté du lit. Il était en train de mourir de la tuberculose, dans la fièvre, cause de l’euphorie. Il ruisselait de sueur, il avait manifestement de la fièvre et il tenait un discours euphorique… Et je laissais ce garçon se mourir là. Je savais la misère, mais je ne l’avais pas encore éprouvée à l’intérieur de moi comme à travers cette personne que je connaissais et qui mourait comme ça. Cela m’avait totalement bouleversé. »

Cette découverte des méfaits du colonialisme s’accompagne dés les premiers mois de sa présence en Algérie d’ une autre découverte, celle de la lutte de classes. Les leçons qu’ils donnaient à des élèves de familles fortunées « si elles étaient bien payées » étaient insuffisantes pour vivre modestement, nous apprend Henri dans son ouvrage « Mémoire Algérienne ».

Il recherche un autre emploi que l’un de ses amis, ingénieur, lui trouve dans l’usine où il travaille. Cette entreprise fabrique du mastic, de la peinture et d’ autres produits du bâtiment. Dans cette entreprise, raconte Henri,

« Les ouvriers (à une exception près la mienne), tous Algériens, mais le mot courant dans la bouche de ceux qui dirigeaient était « indigènes » … Les premiers jours, bien qu’aucun ne m’ait manifesté d’hostilité, je sentis une certaine méfiance … Peut-être, étais-je pour eux, une sorte de mouchard ? » Henri poursuit ensuite que son rythme de travail « les inquiétait ». En effet, poussé par son ardeur de jeune, d’aller vite, il « déchargeait deux sacs d’une trentaine de kilos chacun, ... ses collègues n’en déchargeaient qu’un seul … Cela n’allait plus … Un homme noueux et moustachu de l’équipe, me fit signe d’arrêter derrière une colonne de sacs empilés, à l’abri du regard du patron, présent derrière les vitres du bureau. Le visage tout près du mien et les yeux dans les yeux, il me dit presque menaçant :

« Qu’est-ce que tu cherches ? »

« Mais je ne cherche rien … »

« Alors, écoute, toi et moi, chacun la même chose, je prends un sac, tu prends un sac, je pose un sac, tu poses un sac, pas plus. »

Henri conclut son récit par ses phrases :
« Ce fut ma première leçon de lutte de classes, et plus tard lorsque j’en connus les bases théoriques et que je découvris le mécanisme de la plus-value, je ne pus pas m’empêcher de penser avec reconnaissance à mon premier professeur, travailleur analphabète de Bab-El-Oued qui avait, mieux que moi, conscience de ce qu’était l’exploitation et savait aussi jusque dans le détail, veiller à ne pas l’aggraver par son propre comportement. »

Ces premières expériences vécues dés les premiers mois de son arrivée en Algérie, le pousse à rechercher les organisations clandestines du Parti Communiste Algérien dont les orientations lui conviennent. Après un long moment il y parvient et il rejoint ses rangs. Le fascisme représente les fractions les plus réactionnaires de la bourgeoisie impérialiste. Il représente le danger principal. Dans « Mémoire algérienne », Henri ne manque pas de montrer que l’arrivée au pouvoir en France de la réaction fasciste encourage la colonisation terrienne à accentuer et aggraver son système d’exploitation et d’oppression de notre peuple. Il écrit à ce propos, après avoir rappelé que les camps de concentration du Sud Algérien étaient remplis à cette époque de nationalistes et communistes :

« Dans le sillage de cette politique, grands et petits chefs de la colonie pouvaient s’en donner à cœur joie. Jamais, les fonctionnaires d’autorité, administrateurs, commissaires policiers, caïds, mouchards et supplétifs ne s’étaient sentis aussi libres d’agir selon leur bon plaisir. Nombre de maires de petites villes, riches colons de la région pour la plupart … se comportaient en tyranneaux et parfois en assassins. »

Pour illustrer son jugement Henri rappelle ce qui s’était passé au mois d’Août 1941 dans la ville côtière de Zéralda. Le maire avait interdit la plage de sa commune aux Algériens et exigé à ses services l’arrestation de tous les contrevenants. Par une chaleur étouffante « quarante d’entre eux avaient été jetés dans une cave de la mairie, enfermés dans un cahot si exigu jusqu’au matin, vingt six ont été asphyxiés. »

Henri ajoute :

« A mesure que le régime se faisait plus cynique et plus féroce, je ressentais encore davantage le besoin d’un engagement effectif, et j’avais cherché et finalement trouvé le contact avec quelques militants communistes. »

Ce contact est devenu un lien solide qui n’a jamais été rompu jusqu’à sa mort. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la direction de la Jeunesse communiste d’Algérie lui confie la rédaction de son journal « La Jeune Algérie » dont le directeur était à ce moment là, l’ouvrier plombier Bouali Taleb. Il avait été interné par le régime colonial de 1939 jusqu’au début de 1943 au camp de Djenien-Bou-Rezg et trouvera la mort dans un maquis de l’Ouarsenis durant la guerre de libération nationale. Le journal « La Jeune Algérie », fut à ma connaissance sa première expérience journalistique, au cours de laquelle ses talents médiatiques remarqués seront sans doute plus tard le 1er février 1951 l’une des raisons de sa désignation comme directeur d’Alger–républicain.

Mais auparavant, il jouera un rôle décisif, au côté de Ahmed Khellef, de Ahmed Akkache et d’autres jeunes dans la création de l’Union de la Jeunesse Démocratique Algérienne. Cette organisation avait réussi à rassembler dans ses rangs des jeunes de toutes origines affilés ou non aux partis nationalistes et communiste qui étaient animés par une grande soif d’agir quotidiennement pour mettre un terme à ce système colonial qui les empêchait de vivre dans la liberté et la dignité. Tous ses combats à ce moment ont marqué la vie de l’UJDA. De la semaine de solidarité à la jeunesse des campagnes torturée par la famine, en passant par la lutte contre l’analphabétisme jusqu’à l’organisation de la solidarité entre les jeunes du monde dans le combat anti-impérialiste au cours de la célébration chaque année de la journée internationale anticolonialiste, en passant par la participation de délégations de la jeunesse algérienne à tous les festivals mondiaux de la jeunesse, nous trouvons Henri au côté de Khellef , Akkache qui ont été les chevilles ouvrières de toutes ces actions menées par l’UJDA . Dans « La grande aventure d’Alger républicain », ouvrage écrit en collaboration avec Boualem Khalfa et Abdelhamid Benzine, Henri souligne à juste raison la riche expérience acquise par tous les jeunes dirigeants et militants de cette organisation. Pour lui, estime-t-il, cette organisation a facilité l’extension de ses contacts avec ses jeunes adhérents de toutes les tendances du mouvement de libération nationale.

Quand, en 1951, la direction du journal « Alger républicain » lui est confiée, cette expérience de l’UDJDA sera un des facteurs favorable au travail fructueux d’ Henri et de ses collaborateurs pour obtenir ce large soutien, si indispensable pour l‘existence et le rayonnement du journal, de toutes les forces patriotiques de notre pays engagées dans le combat anticolonialiste et anti-impérialiste pour l’indépendance et la souveraineté nationale, les libertés démocratiques, le progrès social et la paix. Tout comme elle fut un des éléments de la popularité du journal parmi les forces progressistes mondiales.

Ces expériences acquises par Henri au sein de l’UJDA, à « Alger républicain » , dans le P.C.A, et auprès des autres organisations du mouvement de libération nationale vont lui donner la force indispensable au cours de l’une des grandes épreuves qu’ont eu à affronter des milliers de combattants du mouvement de libération nationale durant la guerre de libération nationale à savoir la torture. Dans son entretien avec l’écrivain Bernard Doray , Henri exprime sa pensée à ce propos comme suit :
« La dignité d’être homme, c’est aussi d’accepter, lorsqu’on ne peut pas faire autrement, la souffrance, et la mort s’il le faut. La dignité de l’homme, c’est ça. Voilà. Il ne s’agit pas de gloriole ni de gagner des actions pour aller au paradis. »

Dans un autre entretien accordé à Olivier Doubre du journal français « Politis » à l’occasion de la publication de « Mémoire algérienne », Henri précise le sens de son combat contre la torture après la reconnaissance publique des généraux français Massu et Aussaresses qu’ils avaient été des tortionnaires en Algérie, comme suit :

« La question, lui dit-il, sans jeu de mot, de la torture est mal posée selon moi. Comme s’il y avait des règles dans la guerre, en particulier dans une guerre coloniale ; En réalité le fond du problème était une guerre injuste elle même. A partir du moment où on mène une guerre coloniale, c’est à dire une guerre pour soumettre un peuple à sa volonté, on peut édicter les lois que l’on veut, il y aura toujours des dépassements. »

Les gouvernants français ont promulgué une loi d’amnistie après 1962 qui blanchit tous leurs officiers tortionnaires ajoute Henri dans cet entretien.

Cette loi, souligne-t-il, confirme
« la complicité qui régnait avec eux au plus haut niveau ». Puis il conclut cet entretien par ces mots : « La seule chose que je voudrais, c’est qu’on n’attende pas cent cinquante ans comme dans le cas de l’esclavage : on n’a pas condamné les esclavagistes pour leurs crimes, mais l’esclavage en tant que tel. Je souhaite qu’on condamne la colonisation en tant que système, comme un crime contre l’humanité. Or, au contraire on assiste à des choses incroyables, comme cette loi qui se félicite de la colonisation en Algérie et, pire, qu’on enseigne ce mensonge dans les écoles. Et puis, quand je vois ce qui se passe en Irak ou à Guatanamo, je suis inquiet… »

Mais Henri est un homme qui met en accord ses paroles et ses actes. C’est pourquoi il a poursuivi son combat anticolonialiste jusqu’à sa mort. D’abord en publiant ce remarquable ouvrage collectif en trois volumes, rédigé avec sa participation et sous sa direction, à savoir « La guerre d’Algérie ». Sa réédition est souhaitable pour instruire les jeunes générations sur les dessous des guerres coloniales engagés de nouveau aujourd’hui par les puissances impérialistes où préparées dans l’ombre au sein des organisations militaires agressives telle que l’OTAN, pour remettre en cause les souverainetés nationales des peuples qui s’étaient libérés de leur joug et reprendre sur une large échelle le pillage des richesses de leur pays.

Ce combat anticolonialiste et anti-impérialiste, Henri l’a poursuivi, en France jusqu’à son dernier souffle dans l’association « Agir contre le colonialisme aujourd’hui », dont il fut l’un des fondateurs et qu’il présida jusqu’à son décès.

En 2001, il contribua efficacement à la rédaction du manifeste intitulé « Pour une condamnation du colonialisme et de ses crimes, et pour l’instauration de nouveaux rapports mondiaux ».

Sous son impulsion, cette association a constamment exprimé sa solidarité active à tous les peuples encore en butte avec le système colonial : du Sahara occidental à la Palestine et aux autres peuples victimes des agressions et ingérences impérialistes comme l’Irak, la Libye, le Mali et la Syrie. Henri suivait avec une attention soutenue toutes les velléités des puissances impérialistes à s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Algérie. Son amour pour l’Algérie qu’il avait choisi pour patrie s’est manifesté pour la dernière fois avec sa présence à la commémoration du cinquantenaire de son indépendance que nous avions célébré dans une salle d’une municipalité démocratique de la banlieue parisienne. Il était bien fatigué mais il avait tenu à être des nôtres.

Quelques jours plus tard il était victime d’un AVC qui l’a malheureusement emporté.

Henri était de ceux qui ont le mieux compris, et très vite, le lien qui réunit fortement la lutte pour la société communiste à la lutte pour la réalisation de la tâche historiquement immédiate, préalable, de la libération nationale. Ce lien exige d’abord d’abattre le régime colonial afin de créer les conditions historiques, économiques et sociales, nécessaires à la révolution socialiste. Comme de nombreux autres militants communistes algériens, il ne dissociera pas la lutte pour l’abolition du régime colonialiste de la propagande pour le socialisme comme objectif stratégique du Parti communiste. A un moment où la confusion brouille chez de nombreux communistes en Algérie et en France, la vision des liens entre ces deux tâches, Henri a su situer l’ordre historique l’ordre historique des questions à résoudre sans tomber dans le renoncement à la lutte pour l’abolition des rapports d’exploitation et de domination.

C’est pourquoi il a refusé de se laisser prendre dans les filets de la propagande mensongère des médias qui, malheureusement, sont la propriété des grands monopoles capitalistes et qui veulent par tous les moyens conduire les peuples ? la résignation en tentant de les convaincre que le capitalisme est éternel et qu’il ne sert à rien de se battre pour le changer par un autre régime sans exploitation et sans oppression. Que les tentatives de le réaliser dans les pays de l’Europe de l’Est ou ailleurs en Asie et à Cuba avaient selon eux échoué et toujours selon eux il convenait de l’admettre et de se résigner.

Henri va à l’encontre de ses mensonges. Déjà, quand Cuba, qui venait de se libérer du dictateur Batista, fut victime d’une agression fomentée par les alliés intérieurs de l’impérialisme américain, il avait écrit son ouvrage « Victorieuse Cuba  ». Ce petit pays qui depuis son émancipation du joug de la dictature féodale des grands propriétaires terriens, en dépit du blocus des dirigeants des USA depuis plus de soixante ans, continue sa marche en avant pour édifier le socialisme en s’appuyant sur les sentiments ardents de son peuple à l’indépendance , à la souveraineté nationale et au progrès social et en s’appuyant sur la solidarité de tous les peuples du monde. Son ouvrage intitulé «  Le siècle du dragon, reportage et quelques réflexions sur la Chine d’aujourd’hui et peut être de demain » publié en 1997 par les éditions du « Temps des cerises » est une contribution mise à la portée de tout le monde dans un style alerte. Elle permet sur la base de faits réels vécus au cours de son voyage, de faire connaissance avec ce grand pays qui depuis sa libération du joug semi colonial et féodal s’est engagé sur le chemin du développement économique, social et culturel.

Enfin, la vigilance révolutionnaire de Henri ne sera pas prise en défaut au lendemain de la disparition de l’Union Soviétique. Il ne se laisse pas ébranler par les mensonges des médias capitalistes sur les causes réelles de cette disparition. Il se rendra en Russie après la victoire de la contre révolution et nous apporta en 1997 avec son ouvrage « Le grand bond en arrière, reportage dans une Russie de ruines et d’espérance » les premières réponses à nos interrogations afin de les orienter dans le bon sens pour ne pas jeter comme il l’a écrit : « le bébé avec son eau sale ».

Pour terminer cet hommage, je citerai la conclusion de son ouvrage : «  Quand donc le peuple russe, dressé pour sa survie, sera-t-il en mesure d’intervenir pour faire rendre gorge aux voleurs et recouvrer la direction de son pays ? Quand et comment pourra-t-il reprendre sa prodigieuse marche en avant détournée de son cours et si dramatiquement interrompue ? »

Cette réflexion, Henri l’exprimait à son ami Alexei venu du lointain Kazakhstan à Moscou pour le rencontrer.

Henri poursuit :
« Je lui demandais ce qu’il pensait. Il était d’accord, mais il faudrait attendre. Peut-être longtemps. Et personne ne pouvait dire par quelles épreuves la Russie passerait encore avant de retrouver son chemin. Mais, c’était sûr, la flamme ressurgirait. En Russie et ailleurs. »

« Tu sais lui dis-je, poursuit Henri, comment, chez nous, ces gens qui se présentent comme réalistes et qui ne croient en plus rien appellent un Russe comme toi, un Américain comme Mike, un Français comme moi ? Ils les appellent des conservateurs. »

«  Ils n’ont pas tort, répondit Alexei, nous sommes les conservateurs de l’espérance. »

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William SPORTISSE

02.11.2013