Ils voulaient rejoindre l’Europe : des « harragas » assassinés en haute mer

vendredi 16 août 2013

Le phénomène des « harragas » a pris des proportions alarmantes depuis les années 1990, période correspondant à la chute du bloc soviétique, et à l’ascension de l’hégémonie impérialiste occidentale au rang de maîtresse des relations internationales.

Depuis, les pays du Tiers-Monde connaissent une dégradation effective sur tous les plans,aussi bien économique, social, juridique, scolaire, etc … Ce qui a provoqué une paupérisation et une disparition quasi-totale des perspectives d’avenir ou de possibilités de vivre dignement pour les peuples en question et leur fuite vers un « eldorado occidental »qu’ils espèrent offreur de vie meilleure.

Depuis, des masses de jeunes, mais aussi de moins jeunes, quittent leurs pays d’origine de façon clandestine, souvent dans les conditions des plus difficiles. Parfois, ceux venant d’Afrique subsaharienne traversent plusieurs pays à pieds, en stop, dans des bus ou camions, pour atteindre les côtes de l’Afrique du Nord. Là, ils trouvent en compagnie d’autres « harraga »maghrébins, des réseaux de passeurs auxquels, ils devront donner toutes leurs économies qui, dans la plupart des cas, sont le fruit de dures privations s’étalant sur de longues périodes, allant jusqu’à l’année, par leurs familles respectives, dans l’espoir d’arriver à « bon port ».

Ces passeurs les mettront sur des embarcations de fortune, des radeaux misérablement dangereux pour une traversée de plusieurs centaines de kilomètres en haute mer. Avant la crise qui a frappé de façon bien plus virulente l’Espagne ainsi que les autres pays d’Europe, ce pays restait une destination « privilégiée » de ces derniers. Mais depuis, sachant le manque d’opportunités qui a suivi cette crise, mais aussi une politique étatique bien plus intolérante vis à vis des sans papiers, ils privilégient les ports de Lampedusa ou du sud de la France.

Parmi les facteurs intervenants dans l’éventuelle survie de nos desperados, il y a bien entendu la sélection naturelle, les conditions climatiques, mais le plus dramatique reste celui d’échapper aux balles meurtrières des contingents émanant des pays prochainement hôtes. En effet, parmi ces groupes humains désespérés, ceux qui arrivent à « bon port » racontent que beaucoup de leurs compagnons de fortune, ont été purement et simplement assassinés avec des balles réelles, tirées par des navires militaires issus des pays du sud de l’Europe.

Un collectif d’avocats en France a pris l’initiative d’intenter un procès aux États concernés. Nous pouvons donc supposer que les ONG dont la mission est la protection des Droits de l’Homme sont au courant des faits énoncés. Elles n’en pipent cependant mot. Pour ceux qui travaillent comme ouvriers agricoles, ils se voient exploités pendant des saisons entières ; ensuite, leurs patrons charognards, sans s’acquitter des salaires qu’ils doivent payer et nullement inquiétés par la législation qui pourtant pénalise les employeurs des sans papiers, sonnent les gendarmes qui viennent les conduire aux centres de rétention, de véritables prisons.

Ici beaucoup se suicident … les autres se retrouvent reconduits dans leurs pays d’origine où, non seulement, ils retrouvent la misère qu’ils avaient fuie, mais encore des sanctions pénales de la part des autorités de leurs pays qui, au lieu de développer une économie de production qui octroie des perspectives d’emplois à leurs enfants, les criminalisent à leur tour de vouloir échapper à la misère qu’ils leur imposent.?

Nedjma Khaldi