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Kanakye en guerre, les indépendantistes demandent des négociations sur la souveraineté de leur pays
lundi 2 juin 2025, par
Première partie
Les figures de la nostalgie colonialiste ont hanté ces jours-ci la Nouvelle-Calédonie. Marine Le Pen et son compère Bardella y ont fait un tour. Histoire de rappeler que l’Empire colonial n’est pas mort. Sa vie peut être prolongée. Une divergence a éclaté entre les deux dirigeants du Rassemblement National. Marine Le Pen a remis à sa place celui qui compte prendre sa place à l’élection présidentielle française de 2027 au cas où la justice confirme son inéligibilité. Mais la divergence porte sur une question mineure. Bardella pense que le statut de colonie peut être maintenu par la manière forte. Sa patronne n’en pense pas moins. Elle cherche simplement à rouler dans la farine les indépendantistes kanaks. Elle s’est prévalue de sa « fine connaissance » du dossier, des principes constitutionnels et des lois françaises qui régissent la colonie. Bref des lois à l’intérieur desquelles les indépendantistes n’ont aucune chance d’aboutir à leur but sans être condamnés pour atteinte à la sûreté de l’Etat français. On le sait, le jeu est juridiquement verrouillé. L’indépendance ne peut être arrachée qu’en se situant en dehors de ce carcan juridique.
Avant de poursuivre le passage en revue de la situation qui règne en ce moment en Kanake quelques éléments doivent être rappelés.
La Kanakye fait partie de l‘Archipel calédonien, situé en mer de corail bordière de l’océan Pacifique sud. Son île principale la Grande Terre est longue de 400 km et large de 64 km (l’actuelle Kanakye). Sa principale commune est Nouméa seule grande ville de l’archipel.
La France coloniale a commencé très tôt à s’intéresser à la région pour contrer ses rivales, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Les premiers pas sur cette terre furent dans un premier temps, la construction d’un bagne pour enfermer les prisonniers dangereux pour le pouvoir en place et pour éviter toute contagion dans les prisons françaises et les éloigner le plus loin possible de la métropole. Dans ce bagne de 1864 à 1897 près de 21 630 prisonniers français de métropole vont être déportés. Ce n’étaient pas tous des criminels. La plupart étaient des communards.
Évidemment les autorités françaises ont commencé par les plus dangereux, après avoir fusillé 20 000 insurgés de la Commune de Paris. Ce sont plusieurs centaines d’entre eux accompagnés par la louve rouge symbole des insurgés, Louise Michel qui prendra fait et cause pour les Kanaks, puis les insurgés de l’est algérien et de la Kabylie (1870-1871) et de son chef où elle fut dirigée par le cheikh El Mokrani.
Dans ce bagne immonde isolé du monde civilisé, c’est l’enfer démentiel pour les détenus. Des souffrances physiques et des maltraitances infâmes sont infligées systématiquement aux détenus par des gardes-chiourmes.
C’était vraiment le bagne de la violence inouïe et de la mort. De nombreux détenus sont morts de faim ou de souffrances terribles.
Ce premier pas de la France coloniale n’est pas anodin et ce n’est pas non plus par hasard. Implanter un bagne sur une terre étrangère sans autorisation des populations locales, il fallait d’abord envoyer l’armée pour préparer le terrain et commencer à faire le nettoyage forcé des autochtones hors de la zone. Dès ces premiers pas, l’objectif de la France coloniale était la conquête totale de la Grande Terre (la Kanakye)
C’est en 1853 que l’armée française a pris possession de cette terre et que la colonisation officielle a vraiment commencé.
Dés le début la Grande Terre prend le nom de « Nouvelle Calédonie » en remplacement de Kanakye, nom donné par les autochtones et a été proclamée colonie française. En premier lieu on récupère les meilleures terres et les plus intéressantes. Mais ça ne se fait pas sans heurts, les Kanaks, véritables habitants de leur terre ancestrale, ne sont pas d’accord. Ils s’opposeront farouchement à cette invasion étrangère.
En plus de la possession des terres qui étaient déjà occupées par des paysans kanaks, il faut donc aussi les expulser et les cantonner de force dans des réserves inhospitalières.
C’est l’armée française qui mènera la charge violente contre les Kanaks récalcitrants. La résistance kanake est loin de se calmer, des révoltes éclatent de partout et sont noyées dans le sang. C’est le cas en 1878, un exemple parmi tant d’autres, lors d’une insurrection importante, 1600 morts laissés sur le terrain, autant de blessés, 1500 kanaks déportés et bien sûr d’autres massacres.
L’armée coloniale) fermera ce bagne immonde et libèrera les bagnards en leur donnant la possibilité de s’installer dans le pays en leur offrant des concessions. L’administration pénitencière en profite et devient très riche et puissante, s’étant accaparé globalement d’une grande partie du foncier et même de villages entiers.
Les autorités coloniales ne reculent devant rien pour consolider cette colonisation de plus en plus contestée. Mais toute cette orgie de meurtres ne suffit pas, ils vont utiliser d’autres stratagèmes, notamment en faisant appel à toutes sortes d’émigrés venant des iles voisines en leur octroyant systématiquement la nationalité française et le droit de vote. Ils vont constituer une population majoritaire et devenir les maîtres du pays. Ce sont les Caldoches qui deviendront une force politique d’appoint très importante au pouvoir colonial en place. Imprégné d’un racisme anti-kanaks exacerbé et infâme, ils se constituent en parti politique ultra réactionnaire.
Ce parti a été créé par un certain Jacques Lafleur chef de file des ultras, l’homme lige du pays, doté d’un pouvoir exorbitant et sans partage, un raciste invétéré. Il instaure une politique répressive ignoble et mène des actions d’une violence inouïe contre les populations autochtones.
Les dirigeants kanaks sont conscients du danger et sont encore plus déterminés que jamais dans ce combat acharné contre l’occupant. Une répression féroce s’abat contre le peuple, les tensions s’accroissent dangereusement.
Un événement d’une gravité exceptionnelle provoquera un changement radical dans la lutte du peuple kanak.
En octobre 1987 des militants du parti caldoche sont acquittés par la justice coloniale alors qu’il a été prouvé qu’ils avaient assassiné 10 militants kanaks dont 2 frères du leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou. La suite, la situation dégénère en véritable guerre civile. Les ultras Caldoches vont déclencher une véritable chasse à l’homme, ratonnades, lynchages et le reste, n’épargnant ni femmes ni enfants. Des centaines de Kanaks sont massacrés .
Les indépendantistes constatent que rien ne change et suite à cette orgie de violence ils déclarent : « puisqu’il n’y a pas de justice pour les Kanaks, puisqu’on peut les abattre comme des chiens, la justice ne peut s’exercer dorénavant qu’avec des coups de fusils pour les Kanaks »
Les Kanaks déclenchent des actions sur tout le territoire, dont une en particulier celle du 5 mai 1988, une action très importante sur l’ile d’Ouvéa, va changer le cours de la lutte des indépendantistes.
Un groupe de militants indépendantistes du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) attaque la gendarmerie de Fayoué dans l’île d’Ouvéa et prend en otage une vingtaine de gendarmes. Il se réfugie dans la grotte sacrée d’Ouvéa, un cimetière pour les Kanaks. Les insurgés demandent des négociations aux autorités coloniales sur la pleine souveraineté de la Kanakye.
La tension augmente d’un cran et devient très dangereuse et incontrôlable. Ce fut un ignoble carnage. dans la tête les survivants et même les blessés sont tués d’une balle dans la tête. 19 militants kanaks sont tués. Une partie de la direction du FlNKS a été décimée, le peuple kanak vient de subir un échec qui affaiblit momentanément son mouvement.
Jacques Lafleur, le chef ultra de la mafia caldoche, un individu malfaisant, veut en profiter, va haranguer la foule et va chauffer à blanc les caldoches pour fêter cette victoire sur les Kanaks, Toute cette communauté putride répondra comme un seul homme. Elle envahit les rues du pays, hurlant à tu-tête, exprimant la joie, coup de klaxons intempestifs au volant de leurs voitures, aboyant des slogans racistes et des insultes en tout genre dirigés contre les Kanaks. Cette manifestation honteuse s’est déroulée avec la bienveillance des autorités coloniales.
(Fin de la première partie)
Par Liès SAHOURA