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L’autre 8 mai 45

lundi 23 juin 2014, par Alger republicain

Ils sont venus nombreux ce 14 juin dernier à Marseille, pour assister à un événement exceptionnel. Pour la première fois en France, une mairie a accepté, après de longues négociations, d’apposer une plaque commémorative en souvenir des massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata. C’est donc au pied du kiosque place Léon Blum, en haut de la Canebière, que la plaque est dressée.

C’est que la France a un rapport sélectif avec son histoire. Les événements du Constantinois, à l’époque passés sous silence, figurent toujours parmi les épisodes honteux de l’histoire de la France coloniale. Tout comme les massacres du 17 octobre 61. Les manuels d’histoire ne les abordent pas ou alors de manière très allusive à travers les expressions telles que « les événements du constantinois ».

Cette cérémonie couronne des années de travail mené par l’Espace Franco-Algérien autour de la question mémorielle en France. La promesse de poser une plaque avait été faite par le maire sortant Patrick Mennucci (PS) . Elle sera finalement tenue par le nouveau maire (UMP) Sabine Bernasconi, présente à la cérémonie et qui expliquera de manière quelque peu embarrassée pourquoi elle a promis et accepté, en pleine campagne électorale, de souscrire à cette demande réitérée depuis des années et portée par l’Espace Franco-Algérien.

Ils sont venus nombreux les Algériens de la diaspora, les franco-algériens, attachés qu’ils sont à leur pays d’origine et surtout farouchement déterminés à faire connaître et reconnaître le vérité. Une vérité qui doit s’exprimer, une vérité qui doit être assumée et partagée. Les non-dits de la guerre d’Algérie continuent à empoisonner le climat en France d’autant plus que ces questions vives sont régulièrement instrumentalisées politiquement par la droite et le Front National.

Ils sont venus nombreux les Algériens de Marseille, émus et heureux d’assister à cette cérémonie de recueillement. Certains ont exprimé leur sentiment de soulagement. « Je vais enfin pouvoir dormir tranquille avec le sentiment d’avoir accompli mon devoir » déclare une jeune femme.

A côté de la plaque, un vieil homme tremblant d’émotion assiste, la voix nouée à cette communion générale. Il s’agit de Hattaf Messaoud, rescapé des massacres alors qu’il avait seize ans et qui a œuvré pendant des années pour transmettre son histoire. Il a inlassablement apporté son témoignage et ce jour-là il a une pensée pour ceux qui sont tombés à ses côtés lors de ce funeste 8 mai 45 alors que tous s’apprêtaient à célébrer la victoire sur les nazis et la perspective d’une indépendance promise à l’Algérie.

Une indépendance qu’il a fallu arracher dans le sang et dans les larmes.

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Keltoum Staali

21.06.14