Le Qatar sabote les projets de développement de l’industrie de l’armement de l’Algérie

vendredi 31 janvier 2014
par  Alger républicain

Le vice-ministre de la Défense nationale et chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd-Salah, vient de rendre visite aux émirs et à ses homologues du Qatar et des Emirats Unis sans doute pour exprimer le mécontentement de l’armée algérienne devant le constat que les engagements pris par ces pays avec Bouteflika tournent à la filouterie pure et simple.

Mais qu’est-ce qui a pu pousser les dirigeants algériens à s’associer aux féaux des USA au Moyen Orient pour réaliser des usines de production d’équipements militaires ? Indigence morale et intellectuelle de dirigeants n’hésitant pas à humilier un pays qui a su créer à partir du néant une sérieuse base industrielle dans les années 1970 ? Faut-il rappeler que l’Algérie s’était mise en peu de temps à produire du fer et de l’acier, des machines-outils, des tracteurs et des camions, des moteurs diesel et toute une gamme d’équipements électro-mécanique, etc.? Et que tout ce processus de développement industriel avait été brutalement stoppé en 1980 après la prise du pouvoir par une clique de parasites compradores qui ne rêvait que de jouir des fruits de l’exportation des hydrocarbures ?

Difficile d’imaginer que des dirigeants qui se sont montrés experts en intelligence stratégique, puisqu’ils ont réussi à se maintenir au pouvoir envers et contre tout le peuple depuis 20 ans, aient manqué de perspicacité lorsqu’ils ont accepté le marché de dupes passé avec d’anciens chameliers devenus par la grâce de l’impérialisme américain les génies malfaisant du Moyen-Orient. Tout permet de croire que les accords noués par le régime ou un de ses clans les moins soucieux de l’intérêt national n’obéissaient qu’à un seul but : amadouer les roitelets du Golfe en leur faisant miroiter la promesse de gagner de gros paquets de dollars sans rien mettre dans les caisses des sociétés mixtes créées spécialement à cet effet et les pousser à regarder ailleurs en s’occupant prioritairement d’autres pays pour y semer le chaos et les destructions. Le problème pour notre pays est qu’ils n’ont pas renoncé à venir dicter au peuple algérien leurs caprices de petits rois gâtés et d’installer à sa tête le dey de leur choix.

L’Algérie a perdu beaucoup de temps précieux dans la relance de la construction d’une base industrielle. Ce n’est certainement pas avec les émirs les plus rétrogrades et les plus vils serviteurs de l’impérialisme que l’Algérie va y gagner quelque chose. Une seule conclusion s’impose : annuler ces accords de pseudo-partenariat. L’Algérie n’a pas assez puisé dans ses possibilités internes injustement méprisées par les ultra-libéraux porte-parole idéologiques des multinationales et traîtres à leur pays. Elle peut s’adresser, quand c’est nécessaire pour acquérir de nouvelles technologies, aux pays avec lesquels il est encore possible de s’associer pour réaliser de tels projets afin de contrer l’opposition acharnée des anciennes puissances colonialistes qui ne permettront jamais à notre pays de s’industrialiser sérieusement.

Zoheir BESSA

31.01.14

Ce commentaire a été inspiré par l’information publiée ce jour par le quotidien d’El Watan sous le titre :

« Défense : Gaïd-Salah en tournée dans le Golfe pour rattraper les projets en retard »

et dont nous reprenons l’intégralité ci dessous.

"Se rendant d’abord à Doha du 25 au 28 janvier, il y a rencontré le ministre chargé des affaires de défense, Tamim Ben Hamad Al Thani, ainsi que le chef d’état-major qatari, le général Ghanim Bin Shaheen Al Ghanim. C’est la troisième visite qu’effectue le général de corps d’armée à Doha depuis 2010. L’actuel ministre de la Défense qatari avait visité Alger en 2012 juste après la guerre en Libye. Si peu d’informations ont filtré à propos de ce voyage, il est connu que le Qatar, n’ayant pas d’industrie militaire, n’a donc rien à proposer à une armée algérienne en pleine boulimie d’achats d’équipements ces derniers temps. Les échanges militaires entre les deux pays ces quatre dernières années se sont limités à des stages de formation pour certains services de sécurité et à de la « coordination ».

A Abu Dhabi, où il a poursuivi sa visite entre le 28 et le 30 janvier dernier, Ahmed Gaïd-Salah se serait plaint, vu la tournure que prennent les investissements réalisés en Algérie par les différents groupements émiratis. Car, sans exception, les joint-ventures algéro-émiraties dans le domaine de la défense ont toutes connu des difficultés de lancement. Alors que la holding promettait une première sortie de chaîne d’un 4x4 Mercedes à Tiaret pour l’année 2013 ou d’une gamme de camions pour la même année, rien ne semble prêt. Pis encore, le caractère même de certains projets aurait changé en cours de route. Les pistolets automatiques Caracal du conglomérat Twazun, qui devaient sortir des lignes de fabrication de l’ECMK de Baghaï, à Khenchela, n’ont non seulement pas été fabriqués, mais en plus les investisseurs auraient, selon nos sources, décidé de manière unilatérale qu’il n’y aurait que du montage et non de la fabrication, ce qui aurait provoqué une colère à la direction des fabrications militaires. Idem pour le blindé léger Nimr, qui devait en principe être produit à Khenchela, une fois encore, au niveau de l’ex-SNLB, non seulement les énormes locaux n’ont pas été complètement aménagés, mais l’engin en lui-même est monté à partir de kits importés.

Annoncés pour la plupart en 2008-2009, ces projets de coopération justifiaient leur passage par le micro-Etat que sont les Emirats arabes unis, par deux points, une rapidité de lancement de la machine de production et un transfert intégral de technologie. Le premier point est loin d’avoir été atteint, d’autant que l’Algérie a mis à disposition des sociétés émiraties d’énormes moyens et infrastructures, l’usine Fatia de Tiaret, la SNLB dont la superficie se mesure en hectares, l’ECMK de Khenchela, l’ENMTP de Aïn Smara et l’usine de production de moteurs de Oued H’mimim et un appareil de production encore viable qui compte cinq fonderies et des chaînes de montages modernes. Quant au second point, pour le moment, la tendance est au forcing pour faire du montage, donc point d’accès aux nouvelles technologies. La visite de la délégation menée par Ahmed Gaïd-Salah aux EAU était donc très attendue et vient à peine quelques semaines après une visite d’inspection aux différentes usines de productions militaires à l’est du pays, que l’ENTV a difficilement réussie à enjoliver.-

Akram Kharief

31.01.14

in El watan