Le prêt-à-penser des médias occidentaux

mercredi 13 août 2014

Combien de tonnes de bombes larguées sur les villes et les sites des territoires occupés ? Combien de maisons détruites ? Combien de terres agricoles expropriées et- plantes extirpées à la racine pour empêcher les agriculteurs palestiniens d’en tirer profit et récolter leur production ? Combien d’âmes ont été exterminées par la machine militaire de l’occupation ? Combien de points de contrôles et de barrages routiers qui étranglent la vie des Palestiniens sans parler de l’eau qu’Israël pille aux Palestiniens. L’extrême et scandaleuse modération de la presse occidentale devant la gravité des crimes israéliens laisse le commun des mortels pantois devant ce flagrant parti pris. Les journalistes à qui revient familièrement la couverture médiatique des agressions incessantes de l’aviation israélienne contre Ghaza, précisent systématiquement quant à ces attaques aériennes qu’il s’agit de frappes ciblées. . Une ligne éditoriale soumise à un ordre rangé du coté des bourreaux de Ghaza. Les quotidiens occidentaux ne sont pas à la traîne avec leur fougue dégoulinante pare-feu du bon droit de riposte à qui en insuffle : la potion- miracle « légitime défense » a force de rabâcher cet argument de « légitime défense » cela devient ridicule au regard des massacres de civils, plus de 500 morts à l’heure actuelle. Au fait :

- exproprier des milliers de terre de leur propriétaire, est-ce de la légitime défense ?

  • instiguer des guerres successives contre les palestiniens, est -ce de la légitime défense ?
  • emprisonner des milliers de palestiniens, est-ce de la légitime défense ?
  • massacrer des milliers d’enfants palestiniens, est-ce de la légitime défense ?
  • ne pas reconnaitre les lois onusiennes, est-ce de la légitime défense ?

A force de se ranger du coté d’un tel état voyou on en devient complice. Et pour lustrer en blanc le sang de victimes civiles, on escamote la résistance des palestiniens et en même temps on s’asservit devant ses commanditaires en intronisant à la une dans ses colonnes un branle-bas médiatique, lors du soi-disant enlèvement des trois colons, prétexte à l’agression israélienne et faire passer sous silence l’assassinat des quatre enfants par « les frappes ciblées israéliennes » Gare aux réactions qui galvaudent un autre ton ce sera de l’antisémitisme

La sémantique propagandiste de ces medias en faveur d’Israël est renforcée dans le choix du verbe. En voici quelques exemples du répertoire médiatique pro-israélien : Pour marquer son copinage, on désigne l’armée israélienne dans ces medias par le substantif « Tsahal ». Lorsque un soldat israélien est fait prisonnier par le Hamas on considère dans ces médias occidentaux l’opération, comme un rapt ou une prise d’otage. Le « mur de la honte » Une honte en béton, qui « bantoustise » Ghaza, est baptisé par ces « propres journalistes » en panne de vocabulaire « mur de séparation ».

Le bombardement de Ghaza par les avions israéliens est sordidement tiré du champ lexical footballistique sous le vocable de « frappes ciblées ». L’agression terrestre israélienne est décrite comme une « offensive » sous entendu que Israël était sous la défensive alors que le travail macabre de son aviation avait auparavant déjà fait plus de trois cents morts. La colonisation de la Palestine est désignée sous le terme de « conflit israélo-palestinien »

En régurgitant cette sémantique abjecte propagandiste qui ne sert que cet état voyou, ces médias véreux oublient l’utilisation par l’entité sioniste de ces humbles palestiniens comme des rats de laboratoire pour l’industrie de son armement en déclenchant ces guerres. Ces représentants de l’information semblent indifférents et inconscients de la puanteur de leurs actes. C’est ce qui arrive quand on vit dans sa bulle mensongère du prêt-à-penser. En récitant ces litanies en boucle on s’enfonce de plus en plus dans la gadoue de la complaisance. C’est ce qui aujourd’hui rend la couverture médiatique occidentale de cette guerre complètement biaisée en faveur d’Israël.

A regarder ces chaines d’information on a l’impression d’être en présence de chaines israéliennes. Ce parti-pris décomplexé des médias qui camouflent l’immonde, fait que les victimes palestiniennes aient été tuées deux fois : par l’armée israélienne et par ces médias.

Combien de Palestiniens ont été invités à s’exprimer sur la violence à grande échelle et la punition collective infligée à leur peuple par la machine militaire israélienne ? « Zéro ». La mission d’un journaliste est d’établir les faits et non pas établir sa version des faits sinon cela conduira inéluctablement à de la propagande.
« Et une fois que les faits sont établis, les journalistes doivent s’efforcer de les comprendre sans idée préconçue pour arriver le plus près possible de la vérité de la situation […] Les journalistes ont le devoir capital de découvrir et d’examiner, en exerçant leur esprit critique, la responsabilité politique fondamentale, le plus souvent indirecte, qui a conduit à une situation de violence.. »
(De la responsabilité des journalistes, des médias et de la Palestine- Marwan Bishara)

A vrai dire les contradictions entre les valeurs de l’Occident et sa politique ont depuis longtemps déformé et distordu la vision de ces journalistes du prêt-à-penser. Troquer ses valeurs en parlant de justice et poursuivre une politique inique, prêcher la liberté et encourager l’occupation israélienne, parler de droits humains et donner le feu vert à une agression criminelle. L’obséquiosité de l’Occident et des États-Unis n’a plus désormais ni de sens ni de conscience.

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Remmas Baghdad

Universitaire

7 août 2014

Source de l’article in : http://www.lequotidien-oran.com/