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Le rêve inachevé : voyage au bout de la pauvreté et de la misère

dimanche 18 octobre 2015, par Alger republicain

Dans quelques jours nous célèbrerons le 61ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération nationale, le 1er novembre 1954. Après la guerre de libération nationale notre peuple rêvait d’un avenir meilleur que le présent qu’il venait de vivre, un présent de misère fait de larmes et de sang. Il rêvait d’un avenir peut-être pas en couleur mais moins gris que ce qu’il est devenu.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Nul ne peut nier que la pauvreté et même la misère ne cessent de s’étendre dans notre pays et à travers le monde, momentanément dominé par le capitalisme parvenu à son stade final, l’impérialisme. Le nombre de pauvres a-t-il diminué chez nous ? Non, il augmente à l’instar des pays dits riches, les pays capitalistes où le chômage provoqué par les systèmes en place va croissant pour le plus grand profit des gros possédants et des multinationales, modèle dont s’inspirent aussi les tenants de notre Etat. Les chiffres sont connus de tous, mais rappelons-les une fois de plus : 1% des plus riches possèdent la moitié des richesses du globe !

Dans notre pays qui divulguera les chiffres de la richesse cachée des immensément riches ? Qui dévoilera la façon dont nos bourgeois se sont enrichis ? En vérité, ces fortunés se sont enrichis grâce aux hydrocarbures qui appartiennent au peuple algérien et par l’importation de produits de luxe, d’objets fabriqués à l’étranger et inutiles à l’économie du pays. Les spéculateurs, les trafiquants de toute sorte ou "hommes d’affaires" impliqués dans de multiples scandales, vite étouffés, se sont, comme des pieuvres, accaparés de tous les leviers. Lequel d’entre eux, sauf exception, a investi dans l’industrie ?

L’Algérie n’est pas qu’un puits de pétrole ou de gaz, que l’on vide impunément, d’autres secteurs ont grand besoin d’investissements plus particulièrement l’industrie. Ce que certains ont appelé "rente pétrolière", rente dont, en vérité, la plus grande part a servi depuis les années 1980 a donner la richesse à très un petit nombre au détriment de millions de nos concitoyens, de nos travailleurs. Ces individus, les bourgeois pour les appeler par leurs noms, soutenus par le pouvoir, n’ont jamais fait de sérieux investissements dans les secteurs de l’industrie productive et les services publics, secteurs pourtant pourvoyeurs d’emplois. Malgré nos richesses naturelles - elles vont finir par s’épuiser !- le pouvoir poursuit la même politique économique, celle qui ne cesse d’entraîner la pauvreté et la misère. Sans faire de comparaisons, peut-on affirmer que la situation de nos masses laborieuses est vraiment supérieure ici à celle des pays voisins qui eux ont peu de ressources naturelles ? Cela est évidemment discutable !

Certes des investissements ont été réalisés ces dernières années par l’Etat, mais c’est souvent dans des infrastructures qui ne présentent aucun caractère d’urgence. Toutefois, il reste que le développement de ces infrastructures a permis d’attribuer des marchés juteux aux multinationales et aux sous-traitants nationaux parfois sans aucune qualification. Ne parlons pas des combines sans limites dans l’exploration ou plus précisément dans l’exploitation des hydrocarbures. Mais peu importe à notre pouvoir le sort de notre pays et de son peuple. Pour lui, là n’est pas l’essentiel !

Combien de dizaines de milliers de nos jeunes se trouvent sans emploi, fréquemment sans logement avec les conséquences que cela entraîne, dont l’impossibilité de se marier, de fonder une famille, de vivre. Ne trouvant aucune solution à leur condition désespérante, cela en conduit dramatiquement certains au suicide. Les tentatives sont fréquentes d’échapper à la pauvreté, à la misère régnante en tentant de fuir le pays parce que rêvant d’autres cieux plus cléments. Les malheureuses expériences des harragas qui finissent mal ou plus tragiquement, les immolations ne sont pas rares chez nous. Quand on est sans emploi, sans ressources, disent les jeunes chômeurs, parmi lesquels nombre de diplômés, " c’est comme si on vit dans un pays vide ". Ceux qui ont la chance d’avoir un logement, ordinairement sans confort, se plaignent de l’aménagement inexistant des abords, sans parc, sans cercle sportif, sans bibliothèque, sans animation culturelle, sans rien, ressentent le sentiment de vivre un exil en plein désert dans leur propre pays. N’évoquons pas les conditions de vie des habitants des campagnes, des milieux ruraux où tout est pire.

Les luttes de notre peuple, depuis les grèves, les barrages de routes et diverses autres actions souvent spontanées se multiplient à travers tout le territoire national. Les masses laborieuses ne se replient pas dans l’expectative ni l’inaction, elles se battent ! Des travailleurs sont poursuivis par les tribunaux et sanctionnés pour avoir tenté de s’organiser syndicalement ou licenciés pour fait de grève. Mais le pouvoir, accaparé par une poignée de bourgeois et leurs complices, reste insensible aux cris, aux larmes des plus pauvres, des plus exploités.

Et tous ces partis sur-médiatisés par la presse privée qui se créent et se gorgent de mots, toujours les mêmes, que font-ils pour nos travailleurs ? Notre peuple n’a pas besoin de ces partis sans programme sérieux qui se constituent rapidement au gré des ambitions, qui au fond défendent la voie capitaliste suivie par toutes les équipes qui se sont succédé depuis 1980 et qui donnent bonne conscience à nos dirigeants sous le masque de la démocratie.

L’énorme plaie de la pauvreté et de la misère ne se refermera pas sans un combat résolu des masses laborieuses à commencer par la construction d’un parti authentiquement révolutionnaire et d’une organisation syndicale de classe débarrassée des opportunistes et à l’avant-garde des luttes ouvrières.

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Malik Antar