Le secteur éducatif face aux rigueurs du climat et à l’incurie des gouvernants

lundi 9 avril 2012

700.000 élèves et profs ont souffert cet hiver de la neige et du froid. Ils continueront a souffrir du froid si rien n’est fait. Même le butane était introuvable. Où est passé le pôle de stockage de Tiaret effacé par notre planification et où est passé ce ministère ?

Les APC n’ont rien pu faire. Nous avons été surpris qu’aucune sanction n’ait été prise pour la mauvaise gestion des APC dans cette période de crise dans les écoles. Et même le ministère de l’Éducation n’a fait qu’adresser un avertissement verbal et médiatique pour la non répartition de la dotation de chauffage des écoles. Il y a toute une gestion a revoir. Les populations de Setif, Mila, Jijel, Khenchela, El Bayadh n’ont tenu le coup face à l’offensive du froid que grâce à la solidarité. Les associations apparatchiks ont déserté le terrain. l’État lui-même a été surpris sans plan Orsec.

A quoi serviront donc les listes d’électeurs si par ces temps pénibles, elles sont réduites à de simples suites de noms dans des fichiers, hélas aujourd’hui informatisés, comptabilisés ? Dans cet électorat qui était invité, en pleine tempête de neige, à voter le 10 mai prochain, toute une frange de la population s’était retrouvée complètement démunie face aux rigueurs de ces perturbations climatiques, même si le discours sur le raccordement des villes et villages au réseau de gaz avait été répété pendant des années et que le taux de pénétration et d’installation du gaz avançait d’année en année.

Nous citerons aussi le manque de cantines scolaires et combien ces dernières aidaient les familles pauvres à nourrir leurs enfants. Un père qui a vu ses enfants revenir un jour de froid, a fait cette remarque douloureuse : que vais-je vous donner à manger ? » On ne dira pas assez la misère qui frappe tous les jours dans les villages reculés de ce pays.

Je passerai juste à certaines questions d’actualité.

En revenant d’une séance de travail avec le ministère de l’Éducation, j’ai été amené à faire cette réflexion que le défaut est en nous-mêmes, nous syndicalistes. Nous ne défendons pas les acquis de la Nation. Nous sommes juste tombés dans les surenchères de classement de catégories des travailleurs de l’Éducation tout en oubliant le malaise de l’École. A la veille de l’échéance électorale, les milliers d’enseignants attendent leur rappel historique et une nouvelle vague de protestation vient des 23 wilayas pour les indemnités du Sud et les primes zonales.

Nos syndicats manquent de repères. Nos syndicats sont devenus de simples « revendicateurs » de sous et de rappels à effet rétroactif. Nous nous battons pour un déverrouillage des carrières mais nous devons également défendre la prime aux démunis et le pack scolaire gratuit pour tous les enfants de l’Algérie.

Nous avons entendu dire que des tonnes de machines-outils et d’équipements pédagogiques sont enfermées dans les technicums après l’exécution de l’option de démantèlement des lycées techniques. Une question restera toujours posée : que deviendra ce matériel ? Des informations circulent à l’ouest, dans l’Oranie, selon lesquelles ces équipements ont été retrouvés sous forme de déchets ferreux sur le marché de la récupération !

Faut-il continuer à se taire face à ce désastre ?

Nous devons, nos amis, défendre aussi l’école algérienne de ce fléau de « l’École de soutien », de cette École marchandise à 400 DA de l’heure. Un petit calcul sur les 600.000 élèves de terminale et même de cette vague des élèves du BEM, nous donnera un chiffre sur l’étendue de ce marché parallèle.

Et un petit regard sur le livre scolaire pour dire que nous défendons les moyens de production de l’Office national pédagogiques scolaire. Avec les perturbations, nous craignons que le quota de production n’aille au secteur privé car nous défendons la gratuité du livre scolaire et le minimum pour son coût de production. Le corps commun en Algérie avec ces milliers de travailleurs qui ne cessent d’avancer leurs revendications pour une vie décente. Le SMIG ne suffit même pas pour survivre quelques jours. Il est de notre devoir d’appuyer leurs revendications et d’être solidaires avec eux.

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08.04.12

Rouani Djamel

militant associatif et syndicaliste