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Rappel historique

Les journées de décembre 1960 Le tournant décisif

jeudi 10 décembre 2015, par Alger républicain

11 décembre 1960. 10 heures. Sous une pluie fine, une marée humaine, brandissant le drapeau de l’Algérie combattante, surgit des quartiers populaires du Vieux Kouba, du Ruisseau, du Clos-Salembier, de Birmandreis, en passant par le Ravin de la Femme Sauvage. Grossie par la foule descendue des hauteurs de Belcourt et des lieux environnants, elle s’approchait du quartier européen du Champ-de-manœuvres où s’étaient groupés les partisans de l’Algérie française.

Sur fond du chant patriotique Min Djibalina, des milliers de voix entonnaient à l’unisson :

Vive le GPRA

Négociations

Une sorte de réponse au général de Gaulle, Président de la République française, qui, avant d’entamer son voyage en Algérie au mois de décembre 1960, avait réaffirmé son refus de discuter avec le GPRA de l’avenir de l’Algérie, lors d’un discours prononcé à Paris le 4 novembre, un mois auparavant. Le but de son voyage en Algérie était de présenter aux corps constitués son projet de loi qu’il devait soumettre à référendum le 8 janvier 1961. Le projet de loi portait sur la mise en place d’un Parlement et d’un exécutif algérien «  qui, une fois établis, détermineront en temps utile, la date et les modalités du référendum d’autodétermination ». « Construire l’Algérie algérienne sans et contre le FLN », disait Bernard Tricot, collaborateur immédiat de de Gaulle. C’est cette Algérie que les officiers de l’action psychologique voulaient faire plébisciter par les Algériens.

Les militants du Front de l’Algérie française, le FAF, accueillirent, par des cris hostiles, le général de Gaulle, arrivé en Algérie le 9 décembre 1960. Ils appelèrent à la grève générale. C’est pour étendre cette grève aux quartiers musulmans qu’ils entrèrent en force dans Belcourt. « Ils sont venus nous provoquer, déclara un jeune de Belcourt à l’envoyé spécial du quotidien français Le Monde. Nous avons réagi ». D’où le caractère apparemment spontané de la manifestation. Mais le peuple d’Alger était conscient de l’enjeu. Sa réaction fut politique. Il surprit les officiers de l’action psychologique qui pensaient l’entendre crier « Algérie algérienne », lui faisant avaliser, par- là, la politique néocoloniale du général de Gaulle intéressé par les gisements de pétrole de l’Algérie.

En voyant le drapeau de l’Algérie combattante surgir dans Alger qu’il pensait « pacifiée », un des officiers confia à un journaliste français :

« Nous avons subi un véritable Diên Biên Phû psychologique… Pensez qu’on crie « Vive le FLN !  ». Reprenant cette réaction, le journaliste écrivait : « L’explosion des sentiments populaires…réduisait à néant les constructions de l’action psychologique ».

Les manifestations patriotiques de masse gagnèrent tout le territoire, malgré les dangers de mort. Car il y a eu des morts par dizaines. Les parachutistes tirèrent sur la foule à Alger, à Oran.

En ce mois de décembre 1960, la guerre entrait dans sa septième année. Les manifestations de masse se conjuguant à la lutte armée, contraignirent le gouvernement français de discuter de l’avenir de l’Algérie avec le GPRA et de signer avec lui le cessez-le-feu, le 18 mars 1962.

Les manifestations populaires marquèrent ainsi un tournant décisif dans la longue lutte du peuple algérien pour l’indépendance.

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Mohamed Rebbah


C’est à Diên Biên Phû, au Viet Nam, que le corps expéditionnaire français subit la défaite qui sonna le glas du colonialisme français dans cette région. Un historien allemand qualifia les manifestations de décembre 1960 en Algérie de Diên Biên Phû politique pour la France impériale.