Loi de Finances 2018 : inquiétudes légitimes des larges masses populaires

mardi 13 février 2018
par  Alger republicain

L’année 2018 s’ouvre avec les inquiétudes suscitées par ce que leur réservent les mesures antipopulaires prises par le gouvernement et avalisées par l’APN. Il s’agit de mesures contenues dans la loi de Finances 2018 portant sur l’augmentation des prix des carburants et des conséquences qui en découlent sur les tarifs du transport et des produits de première nécessité. Les effets sur le pouvoir d’achat des masses laborieuses, malmené déjà depuis des mois, seront difficilement supportables. D’autres augmentations ne sont pas à écarter, les déclarations du ministre de l’hydraulique et du commerce n’écartent pas cette éventualité. Aussi, les informations rapportées par les quotidiens nationaux, relatives à la détérioration de la situation financière du pays, sont porteuses d’indices qui présagent une inflation qui aggravera fortement la détérioration des conditions de vie des Algériens.

Cette loi ne fera qu’aggraver les conséquences d’une gestion désastreuses du pays pendant prés de vingt années. Une gestion qui a favorisé la naissance d’une oligarchie mafieuse, à laquelle on a attribué le nom d’investisseurs pour légitimer son existence, dirigée par des forces occultes liées au capitalisme international, qui se cachent derrières des personnages sans envergure mis à la tête de sociétés qui ne servent qu’à siphonner les recettes en devises. La chute des prix des hydrocarbures qui a diminué de manière drastique les rentrées en devises a bouleversé tous les plans élaborés par ces forces occultes, basés essentiellement sur la répartition de la rente produite par l’exportation des hydrocarbures. Ces forces sont alors mises dans une situation d’urgence d’élaborer de nouveaux plans afin de sauver leurs intérêts. Pour assouvir leurs désirs de prédateurs, contrariés par la chute des recettes en devises elles se sont attaquées aux transferts sociaux. Ce que le gouvernement essaie de cacher par des discours démagogiques que la réalité dément chaque jour que dieu fait.

Sinon, comment expliquer les ruptures d’approvisionnement de médicaments pour les malades chroniques diabétiques, cancéreux principalement et la détérioration des prestations médicales dans les hôpitaux publics ? Comment expliquer autrement la fermeture des cantines scolaires depuis plus d’une année ? Comment expliquer la non déclaration, par les sociétés qui appartiennent aux patrons privés, de leurs travailleurs à la sécurité sociale ? Et bien d’autres actes dont les effets néfastes se feront sentir dans les mois à venir.

Le retour de Ouyahia au gouvernement est le signe d’une volonté d’accélérer la mise en pratique des mesures fixées dans ce nouveau plan dont certaines ont été portées à la connaissance du public lors de la dernière tripartite. Les raisons farfelues évoquées pour justifier le « partenariat-public-privé » (PPP) sont des histoires à dormir debout. Qu’ils nous disent ce que va apporter Haddad, Rebreb, Ben Amour et compagnie aux entreprises publiques. Avant ça qu’ils nous disent qu’ont-ils fait dans leurs propres entreprises qui puisse aider les sociétés publiques ? Quel est le retour pour le trésor publique sur les crédits d’investissement qui leur ont été accordés ? Ont-ils développé un savoir-faire digne d’être évoqué ? Pour l’instant ces entreprises privées continuent de faire toujours appel aux étrangers, pour n’importe quel problème, au mépris du savoir et du potentiel existant au sein des société publiques. Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr comme dit l’adage pour comprendre que ces entreprises n’ont rien à apporter aux entreprises publiques et tout le monde le sait. Ces mesures ne feront plaisir qu’aux sociétés capitalistes internationales principalement françaises qui veulent à tout prix paralyser sinon détruire le potentiel industriel que l’Algérie a édifié dans les années 70. Vouloir cacher ces velléités, ne pas en rendre compte au peuple et être de connivence, c’est kif kif. C’est une couleuvre difficilement digérable à un tel point que des voix au sein du FLN ont jugé utile de pousser leur SG Oueld Abbas à attirer l’attention sur les lignes à ne pas dépasser avant qu’il ne soit remis à sa place par les forces occultes.

La direction de l’UGTA à leur tête Sidi Said censée défendre l’intérêt des travailleurs est devenue l’associée chargée de leur faire avaler cette couleuvre. Ce n’est pas le premier fait de ce genre enregistré à l’actif de la direction de l’UGTA et de son chef. Son unique programme depuis plus de dix ans est la protection du pacte social qu’elle a signé avec les patrons et le gouvernement, c’est-à-dire demander aux travailleurs plus de sacrifices au bénéfice de leurs patrons. Comment peut-on appeler ça si ce n’est de la trahison ? Si non qu’est-ce qui peut pousser une organisation syndicale à renier le but de son existence ? Par exemple nous n’avons jamais entendu ni vu Sidi Said demander à ces coéquipiers de la tripartite de déclarer leurs travailleurs à la sécurité sociale. Par contre il demande aux travailleurs de ne pas manifester leur mécontentement contre la dégradation de leur condition vie et de travail pour soi-disant ne pas donner l’occasion aux forces malfaisantes de provoquer la remise en cause de la stabilité résultante de mesures de concorde civile prises par le président de la République. Sinon, selon lui nous risquons de retourner aux années noires. Voilà l’essentiel du discours du premier responsable d’une organisation qui prétend avoir le monopole de l’activité syndicale dans le pays.

Ses collègues patrons privés de la tripartite payent leurs ouvriers avec un salaire moyen de 20 000DA et souvent sans sécurité sociale. Comment peut-il se prendre en charge et prendre en charge sa famille ? Est-il possible pour un tel travailleur de se soigner, de faire soigner les membres de sa famille, de financer les besoins de scolarité de ses enfants et de vivre dignement ? Impossible !!! Il s’agit malheureusement de la majorité des Algériens qui vivent ainsi. C’est ce qui pousse la majorité de jeunes à braver même les tempêtes au risque de leur vie en traversant la mer avec des embarcations de fortunes pour rejoindre des rives incertaines. Leurs corps échouent souvent sur les plages sans émouvoir les responsables du pouvoir. Ils s’en fichent pas mal, d’ailleurs lorsqu’ils reviennent vivants, refoulés des pays où ils échouent, ils sont jetés en prison.

La bourgeoisie qui dirige le régime actuel est beaucoup plus préoccupée par le renforcement de son pouvoir économique et de ses liens avec le capitalisme international que par les problèmes que vivent la majorité des Algériens. C’est toute la raison des mesures qui sont prises dans les cadre du programme du gouvernement qu’ils attribue au président de la République. D’un coté le pouvoir et ses satellites dénoncent la « main de l’étranger », lorsque des citoyens manifestent leur malvie, ce qui n’est pas toujours faux parce que la main de l’étranger veut que le régime accélère la mise en place des réformes. D’un autre côté on déploie toutes les gymnastiques attrayantes pour les appâter à venir s’installer au pays. Certains sont déjà ici. Il y a déjà LAFARGE, LIND, SUEZ, MERCEDES, RENAULT, Les Entreprise américaines, les Emirats, les Qatari, les sociétés Turques, des sociétés Italiennes, les sociétés Chinoises et un tas d’autres et on veut qu’elles soient plus nombreuses. Le résultat pour le développement du pays c’est la misère qui s’étend et tout ce qu’elle charrie avec elles, maladies, violence, mendicité, sans-abris, haragas et, bien sûr le chômage.

Les partis politiques dits de l’opposition ne cherchent pas à mettre le pouvoir politique devant ses responsabilité vis-à-vis des larges masses populaires laissées pour compte, ils cherchent juste à prendre sa place. Ils ne présentent aucune autres alternative à celle menée par le régime. Il y a même parmi eux qui veulent aller plus loin, c’est-à-dire privatiser tout SONATRACH, les banques, SONELGAZ, Air Algérie, la SNTF ...
en associant de manière privilégiée les sociétés étrangères. C’est carrément remettre les clefs de l’Algérie. Ils le disent aux émissaires et ambassadeurs des puissances impérialistes qui leur rendent visite.

Il n’y a rien à attendre du régime et encore moins de ces partis. Les luttes pour la prise en charge des revendications légitimes pour une meilleure vie, resteront insuffisantes pour le redressement de la situation au profit des masses populaires, si elles ne sont pas accompagnées d’une volonté de créer de nouvelles forces. Des forces populaires dirigées par un parti capable de continuer et d’approfondir les taches d’édification d’une économie solide basée sur le secteur public, indépendante du capitalisme international et au seul bénéfice du peuple algérien. Le salut ne viendra donc pas du candidat qui sera présenté par le pouvoir en place ou par d’autres forces à l’élection présidentielle de 2019.

T. Gh.