« Nous, militaires israéliens, appelons Israël à stopper sa stratégie d’occupation »

vendredi 22 mai 2015

Mon service militaire en tant que combattant au sein de la brigade Nahal a pris fin il y a onze ans. Au terme de celui-ci, j’ai fondé avec quelques amis l’association Breaking the Silence. J’ai discuté depuis avec des centaines de soldats, qui m’ont raconté leur service militaire dans les territoires. Jamais auparavant des règles d’engagement aussi permissives que celles que décrivent des dizaines de soldats et d’officiers ayant pris part à l’opération « Bordure protectrice » n’avaient été portées à ma connaissance. Leurs témoignages révèlent comment l’armée israélienne (Tsahal) a agi et permettent d’expliquer dans une large mesure pourquoi les combats ont été aussi meurtriers.

Mais les témoignages sur l’opération « Bordure protectrice » ne racontent qu’une partie de l’histoire. Ils ne disent pas que l’opération de l’été dernier était la dernière d’une série d’opérations périodiquement lancées par Tsahal dans la bande de Gaza ces dernières années (« Hiver chaud » en 2008, « Plomb durci » début 2009, « Pilier de défense » en 2012 et « Bordure protectrice » en 2014). Ils n’expliquent pas non plus pourquoi il est évident pour tout le monde que le déclenchement de la prochaine opération n’est qu’une question de temps.

« Tondre le gazon »

Cette succession d’opérations à Gaza est le reflet d’une stratégie que des officiers supérieurs de Tsahal ont baptisée « tondre le gazon ». Les partisans de cette stratégie la décrivent comme une réponse inévitable à la menace terroriste pesant sur l’Etat d’Israël. Elle est présentée par ces officiers comme un outil défensif destiné à ébranler la puissance des organisations terroristes qui menacent la sécurité des citoyens d’Israël. Selon eux, la menace à laquelle Israël fait face est constante et ne peut être complètement éradiquée. Israël doit donc périodiquement « tondre » les moyens mis en place par les organisations terroristes et altérer leur aptitude au combat. Le lancement d’une nouvelle opération à Gaza tous les deux ou trois ans n’est pas un caprice mais le reflet d’une logique froide et calculée.

Mais la dernière opération, comme les précédentes, n’a pas seulement porté atteinte aux infrastructures de combat du Hamas et des autres groupes armés. Les principales victimes de cette politique de « tonte du gazon » sont les civils palestiniens, qui sont anéantis par ces combats perpétuels. Que peut-il advenir d’une société qui en l’espace de deux mois perd plusieurs centaines de ses enfants et voit 18 000 de ses foyers détruits ? Impossible de ne pas réaliser, lorsqu’on observe les méthodes de combat de Tsahal et les résultats atteints, que ce n’est pas le potentiel des organisations terroristes qui se trouve « rasé » tous les deux ou trois ans mais l’aptitude d’une société tout entière à se développer, à vivre et tout s