« Nous n’étions pas héros », un film à voir

samedi 21 octobre 2017
par  Alger republicain

Projection en avant-première le 24 octobre à la salle Ibn Zeydoun à Alger de

« Nous n’étions pas héros »

un film de Guennifi sur le sinistre camp de Boghari

durant la guerre de libération nationale

Abdelhamid Benzine fut un héros d’une grande modestie. Il était toujours disposé à transmettre aux plus jeunes ses connaissances et son expérience de la lutte pour l’émancipation des exploités et des opprimés.

Capturé en novembre 1956 par l’armée coloniale française au cours d’un accrochage dans la région de Sebdou, il fut férocement torturé comme tous les militants tombés dans les mains des forces de répression. Il eut la vie sauve mais il fut condamné par le tribunal militaire à 20 ans de travaux forcés.

Détenu successivement dans différentes prisons : Tlemcen, Oran, Lambèze, il sera jeté dans le sinistre camp « spécial » de Boghari puis placé dans le camp militaire de Hammam Bouhdjar. Il n’en sortira que plus de deux mois après le cessez-le feu, les autorités coloniales voulant détenir dans leur prison le plus longtemps possible le militant communiste qu’il était pour l’empêcher de diffuser ses idées sur le devenir de l’Algérie après l’indépendance.

Au camp de Boghari les prisonniers subissaient à chaque instant les sévices et les humiliations les plus inimaginables. Un ancien soldat de l’armée allemande était chargé de torturer les djounouds de l’ALN. Benzine réussit à rédiger et à faire sortir un récit dans lequel il décrivit l’enfer que vivaient les captifs. Ce camp était qualifié de « spécial » parce qu’il n’y avait pour les prisonniers qu’une seule sortie : être abattus d’une rafale de mitraillette dans le dos au cours des fameuses « corvées de bois ».

Le livre fut publié par les Lettres françaises, une revue littéraire que dirigeait l’immense écrivain communiste Louis Aragon. Ce fut André Wurmser, un talentueux écrivain et chroniqueur qui en fit la présentation. Il eut un grand retentissement en France. Ahmed Bennaï, membre de l’ALN lui aussi capturé au terme d’un combat, et grand ami de Benzine, raconte que l’écho soulevé par la publication de ce récit, enraya la machine qui devait les tuer. Les prisonniers de Bohari doivent d’être restés en vie à ce petit livre. Le camp fut fermé et les détenus répartis dans divers autres lieux de détention.
C’est ce livre dont le cinéaste Nasreddine Guenifi vient d’achever aujourd’hui l’adaptation cinématographique sous le titre : « Nous n’étions pas héros ».

Dans ce livre Benzine avait relaté les atrocités endurées et l’histoire d’un héros collectif, le peuple algérien, à la merci de la soldatesque coloniale française, mais qui sut résister et se battre pour arracher sa liberté.

Notre camarade Abdelhamid Benzine, qui fut directeur d’Alger républicain, était un combattant infatigable. Après avoir accompli son devoir dans la lutte contre l’oppression colonialiste, il ne baissera les bras ni pendant la période du parti unique ni durant les moments terribles de la décennie sanglante.