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Origine et rôle stratégique de l’Islamisme radical

mercredi 1er août 2012

Je suis encouragé par les commentaires des internautes que mon article sur l’agression contre le Mali a suscités. La nature de la crise au Mali et ses enjeux géostratégiques ont été amplement analysés dans vos interventions, le plus souvent, de très haute facture. Cependant un aspect de cette crise semble encore échapper ? certains intervenants dans SENEWEB, comme Hendrix, et “Lebu du reer".

En effet, pour Hendrix, le vrai problème c’est l’objectif du MUJAO d’islamiser toute l’Afrique Occidentale. Donc, il ne s’agirait plus de libération du Nord Mali, de restaurer son intégrité territoriale, ses institutions républicaines et la Démocratie, mais de lutter contre l’objectif d’islamiser toute l’Afrique Occidentale !

Ce faisant, de " guerre de libération nationale", l’on aura une "guerre de religion" qui devrait opposer « musulmans contre les non musulmans », comme BOKO HARAM tente, en vain, de le faire au Nigéria, ou, à la limite, entre "islam modéré" et "islam radical". C’est ce dernier que l’on retrouve au centre des débats politiques et des tragédies, du Maroc jusqu’au moyen orient , en passant par l’Égypte, la Tunisie, l’Iran, l’Afghanistan et aujourd’hui, la Syrie. En un mot, dans l’espace du « Grand Orient », dont les contours sont encours de délimitation sous l’égide des États Unis.

Les USA sont ainsi parvenus, dans ces pays, à enterrer le "Nationalisme arabe, voir pan arable" qui a longtemps menacé son hégémonie dans cette partie du monde, pour lui substituer, aujourd’hui, une "guerre entre musulmans", divisés en "radicaux de type iranien", et "modérés de type turc".

Donc, à la place d’une "guerre entre l’OCCIDENT ET L’ISLAM", brandie depuis l’attaque contre les deux TOURS JUMELLES de World Trade Center le 11 Septembre 2001, l’on assiste à un véritable génocide entre musulmans, fortement soutenu et entretenu par les puissances occidentales, à la tête desquelles se trouvent les USA, qui ont créé Al-Qaïda en Afghanistan pour y chasser les Soviétiques, et le G.I.A, en Algérie, pour contrer le nationalisme pan africain développé dans ce pays.

Aujourd’hui, avec le financement du Qatar, principal allié des USA au moyen orient, « l’Islam radical » crée partout des troubles pour susciter un besoin d’« Islam modéré  » à lui opposer, là où la résurgence du nationalisme peut porter atteinte aux intérêts stratégiques des États Unis. C’est exactement ce scénario qui se déroule au Nord Nigeria et au Nord du Mali.

Évitons donc de tomber dans ce piège, en faisant croire qu’au Mali, il s’agit de lutter contre l’Islam, ou du moins contre l’« Islam radical ».

La CEDEAO, avec le soutien des USA, est devenue une pièce maîtresse dans ce scénario, illustrée par leur coopération militaire grandissante.

Dans ces circonstances, le salut du Mali et de la sous- région, repose sur l’échec de ce scénario, échec qui passe nécessairement par la constitution d’un « front de libération du Nord Mali », par les pays de la ligne de front que sont le Mali, la Mauritanie, l’Algérie et le Niger, sous l’égide de l’Union Africaine, dont la Présidence de la Commission vient d’échoir à l’Afrique du Sud.

Un tel scénario repose aussi sur la formation d’un Gouvernement d’Union nationale sans exclusive, comme le propose le Premier Ministre de la transition, Monsieur DIARRA.

Dans cette perspective, ce Gouvernement devrait prendre sans tarder les mesures d’urgence suivantes :

 Exiger de la CEDEAO la levée totale et immédiate de l’embargo qui asphyxie son peuple ;

 Des initiatives hardies en direction des pays du front pour constituer un « Front de libération du Nord du Mali » sous l’égide de la Commission de l’Union Africaine ;

 Entamer, avec le concours du Sénégal et du Nigéria, des négociations avec le Burkina, pour qu’il livre aux Autorités du Mali les chefs de guerre, y compris le Président auto proclamé de l’AZAWAD, qui y ont trouvé refuge, après avoir porté atteinte à l’intégrité de son territoire, et perpétué des massacres contre son peuple ;

 Déposer, auprès de Conseil de Sécurité des Nations Unies, une plaine contre le Qatar, pour complicité active d’agression contre son peuple et d’atteinte à l’intégrité de son territoire par des groupes armés au Nord de son pays.

Dans cette nouvelle phase de la crise au Mali, les Panafricanistes sont interpelés pour mettre en œuvre une puissante campagne africaine et internationale de solidarité avec le peuple agressé du Mali, et avec son Gouvernement d’Union nationale sans exclusive.

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Ibrahima Séne

PIT/SENEGAL

Fait à Dakar le 30 juillet 2012