Pourquoi les prix des produits agricole ne baissent presque jamais et ont même flambée en 2009 ?

dimanche 21 mars 2010
par  Alger républicain

Pourtant l’année 2009 a été pluvieuse et le climat très propice à une augmentation de la production et à une baisse des prix. C’est compter sans la monopolisation de l’importation par les barons du régime et du marché de gros des produits frais par quelques gros bonnets de la spéculation. Aucun bien n’échappe à leur mainmise. Tout ce qui est importé est surfacturé. Avec la complicité des fournisseurs qui réalisent eux aussi de gros surprofits, la différence entre prix réel et prix gonflé porté sur la facture est versée dans leurs comptes bancaires à l’étranger. Les achats de biens immobiliers en France et même aux USA font rage, comme si les prédateurs sont pressés de voler le maximum de ce qu’ils peuvent voler craignant le jour où ils devront rendre des comptes devant un tribunal populaire.

Le prix des équipements, des semences, de tout ce qui est « facteur de production » importé est fortement grevé de cette rapine générale. La « tchipa » est répercutée sur les prix à la consommation. Ce sont les travailleurs, les retraités, et tous ceux qui ne possède aucun patrimoine leur rapportant un profit ou une rente, qui payent les conséquences de ces trafics.

Les flots d’argent affectés à l’investissement agricole à travers le FNDRA servent à enrichir les tenants du « système ». Peu de vrais paysans en profitent pour développer la production. Moins d’un paysan sur 10 reçoit des prêts bancaires. La masse des petits en est totalement exclue. Et dans leur quasi-totalité, les membres des EAC, exploitations agricoles collectives, ou EAI, exploitations agricoles individuelles, qui ont remplacé en 1987 les grands domaines agricoles d’État, ne reçoivent aucun prêt bancaire. Les banques - publiques- refusent de leur avancer des crédits d’équipement sous prétexte que la terre ne leur appartient pas, qu’elle appartient à l’État ! Entre 1,2 et 2 millions d’hectares, sur les 7,5 millions d’hectares de superficie utile que compte l’Algérie, ne sont pas concernés par les crédits bancaires d’équipement depuis cette réforme de 1987 ! Incroyable !

Les privés influents, eux, sont traités comme des rois même s’ils ne sont que de faux paysans. Comble de tout, le « deux poids, deux mesures » est officialisé. Le ministre de l’Agriculture vient d’annoncer que les bénéficiaires de la concession des terres de l’État, des gens qui n’ont rien à voir avec la paysannerie, vont bénéficier de dérogation leur permettant d’obtenir des crédits. Les EAC et EAI demeureront toujours exclues de cet appui financier. Pourquoi s’étonner que le niveau de la production est inférieur aux besoins et que les prix ne baissent que rarement ? Une situation entretenue pour permettre à une minorité d’amasser de l’argent à la « benne » comme se plaît à le décrire l’image populaire, la « pelle » s’avérant trop petite pour puiser dans le FNDRA.

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K.S.
Alger républicain

mars 2010


Article publié dans la version papier Alger républicain de mars-avril 2010. Disponible dans certains kiosques d’Alger, Tizi Ouzou, Bejaïa, Oran, Constantine.