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Retour sur un colloque qui fera date.

La Fédération de France du FLN, 1954-1962

dimanche 25 mars 2012

Notre colloque d’historiens des 10 et 11 mars sur La fédération de France du FLN, 1954-1962 (et non colloque du FLN) fut un succès en dépit des obstacles que nous avons dû surmonter. Notre collectif d’associations n’a pas cédé aux « conseils » qui nous étaient prodigués de l’annuler ou de le reporter. La demande d’interdiction déposée par des élus FN, UMP et Nouveau Centre n’a pas été suivie d’effet et les organisations d’extrême-droite qui avaient juré de l’empêcher de se tenir, ont été mises en échec.

300 à 350 manifestants (et non 600 comme certains journaux l’ont écrit) venant surtout, de Nice, Perpignan et Toulon, hurlant des slogans xénophobes et racistes, exaltant les tueurs de l’OAS, ont tenté de le troubler. Ils ont échoué : 200 personnes ont suivi les travaux du colloque le samedi et 130 le dimanche matin, dans une ambiance studieuse.

Notre seul regret : les dizaines de personnes qui n’ont pu accéder à l’auditorium du Conseil général (que nous avions loué), faute de posséder un laissez-passer pour franchir les (efficaces) barrages de police chargés de nous protéger. C’est le cas notamment, affirme La Gazette de Nîmes, de 60 habitants du Chemin-Bas d’Avignon, un quartier populaire de Nîmes. Nous adressons néanmoins un grand merci aux services de police et aux deux services d’ordre bénévoles du collectif d’associations.

Après les chaleureuses paroles de bienvenue de Michel Berthier, au nom du collectif, la matinée du samedi, sous la présidence de Sylvie Thénault, fut marquée par les communications présentées par Gilbert Meynier (La première génération de l’immigration algérienne en France au début du XXe siècle) et par Linda Amiri (L’immigration algérienne face à l’insurrection du 1er novembre 1954). L’après-midi, sous la présidence de Didier Lavrut, Marc André traita des itinéraires des groupes de choc en wilâya 3 et Emmanuel Blanchard fit part de ses recherches sur les causes de la manifestation de masse du FLN à Paris, le 17 octobre 1961.

Dans une deuxième partie,sous la présidence de Ali Haroun, Didier Lavrut et Bernard Deschamps évoquèrent les caractéristiques du FLN dans le Gard entre 1954 et 1962. La soirée du samedi fut dédiée aux témoignages filmés des réseaux catholiques d’aide au FLN dans la région lyonnaise, en présence de Béatrice Dubell la réalisatrice du film El’Bir. Le dimanche matin, sous la présidence de Gilbert Meynier, Sylvie Thénault exposa les fondements juridiques des divers modes de répression de la lutte en France pour l’indépendance de l’Algérie.

La suite de la matinée fut consacrée aux témoignages de deux grands témoins algériens, Maître Ali Haroun, ancien dirigeant de la Fédération de France du FLN et le Sénateur Mostefa Boudina, Président de l’Association nationale des Anciens condamnés à mort.

Ali Haroun, interrogé par un rapatrié d’Algérie qui, des larmes dans la voix, raconta comment son père disparut, enlevé, pense-t-il, par un groupe du FLN alors que ce dernier lui avait promis la vie sauve, répondit avec une profonde humanité, en précisant qu’au moment du cessez le feu, en mars 1962, certains s’attribuèrent le titre de « FLN », sans en avoir été membre. Le témoignage enfin, de Mostefa Boudina sur son vécu tragique de condamné à mort, suscita une intense émotion et fut salué par une salle debout.

Il revenait au Professeur Gilbert Meynier, de tirer les conclusions de ces riches travaux, ce dont il s’acquitta avec l’érudition et le talent bien connus de ses pairs. Comme l’a écrit l’historien Claude Mazauric, ce colloque constitue un moment important de la recherche historique et contribuera, c’était aussi son objectif, à l’amitié entre nos deux Peuples, algérien et français, loin des manœuvres haineuses des nostalgiques de l’Algérie française.

Ce colloque et son organisation furent le fruit de la réflexion et de l’engagement militant de neuf associations, à la notable exception de l’une d’elles, l’ALR et de son président M. Laliam, qui ont insulté les organisateurs et tentèrent, au mépris des engagements communs, de se servir de cette tribune à des fins politiques. Toutes les autres ont contribué, dans des conditions difficiles, à en assurer le succès :

L’Amicale des Algériens en Europe (Gard) ; l’Association Républicaine des Anciens Combattants ; Coup de Soleil (France-Maghreb), Languedoc-Roussillon ; France-El Djazaïr ; France Palestine Solidarité (Nîmes) ; l’Institut d’Histoire Sociale de la CGT (Gard) ; Mouvement de la Paix (Nîmes) ; Solidaires 30.

Nous tenons à remercier les nombreux organes de presse (journaux, radios, télévisions) qui, en Algérie et en France se sont fait l’écho de cette initiative :

En Algérie : Alger Républicain, El Moudjahid, El Watan, L’Expression, Liberté, le Matin DZ, le Soir d’Algérie, etc.

En France : Le Figaro, Libération, Médiapart, Midi libre, La Marseillaise et l’Hérault du Jour, Le Monde, Objectif 30…France bleu Gard Lozère, France Bleu Hérault, France 3 Sud, France 3 Pays gardois, etc.

En priant ceux dont nous n’aurions pas eu connaissance, de bien vouloir nous excuser et de se faire connaître.

Le coordinateur du colloque :

Bernard DESCHAMPS

Vendredi 23 mars 2012