Révolte des ouvriers du textile au Bangladesh contre les pratiques d’exploitation des grandes multi-nationales au pays du salaire minimum à 1 € par jour

samedi 8 décembre 2012

Au Bangladesh, comme en Indonésie (cf Grève historique en Indonésie : trois millions d’ouvriers en grève, 200 000 manifestants dans les rues de Djakarta contre la précarité généralisée et les salaires de misère)ou la Malaisie, la sur-exploitation de la classe ouvrière par les multi-nationales occidentales, dans le cadre de la division internationale du travail, conduit à des révoltes de plus en plus fréquentes

Bengladesh manifestation des ouvriers du textile

A l’origine de cette vague de protestations, un incendie ce 24 novembre dans l’usine Tazreen Fashion, dans la banlieue de Dacca. Un bilan meurtrier, près de 120 morts dont une majorité de femmes, aggravé par l’attitude de la direction de l’usine qui a minimisé l’incident pour maintenir les ouvriers dans l’usine.

L’indignation initiale des ouvriers de l’usine s’est transformée en action, et en convergence des luttes avec les ouvriers de tout le bassin industriel.

Les ouvriers de près de 500 usines de confection du complexe industriel d’Ashulia se sont joints à la colère et ont réclamé justice pour les victimes et amélioration de leurs conditions de travail pour tous.

Pas un jour depuis deux semaines sans manifestation dans les cités ouvrières de la banlieue de Dacca. Ce lundi 3 décembre, ce sont 10 000 manifestants qui ont occupé le complexe d’Ashulia.

Le Bangladesh, nouvel eldorado des multi-nationales avec un salaire minimum d’1 euro par jour

Le Bangladesh est devenu le nouvel eldorado des multi-nationales du textile.

Avec un salaire minimum de 28 € (soit moins d’un euro par jour), et un salaire moyen compris entre 40 et 80 €, le « coût du travail » défie toute concurrence au Bangladesh. Une concurrence dont ne pâtit pas seulement les pays développés mais aussi l’Inde et même la Chine, où le salaire moyen dans le secteur tourne entre 150 et 250 €.

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Le Bangladesh est devenu en 2011 le deuxième exportateur mondial de textile (80% de ses exportations), avec 4 000 usines de prêt-à-porter. 4 millions d’ouvriers, dont 90% de femmes, travaillent dans le secteur textile, soit 40% de sa main d’œuvre industrielle.

A l’origine de l’attraction des capitaux internationaux, la politique d’exploitation maximale en cause dans l’incendie du 24 novembre : absence de règle de sécurité, installations vétustes, cadences infernales, travail jour et nuit, femmes et enfants compris.

C’est cette politique qui a conduit au Bangladesh les clients de l’usine « Tazreen Fashion », les multi-nationales C & A, IKEA, Carrefour ou encore Wal-Mart.

Depuis les grandes grèves de 2010, qui avaient permis une augmentation de 80% du salaire minimum, les manifestations et conflits du travail se multiplient dans le secteur, notamment à la suite d’accidents de travail révélant au grand jour les pratiques inhumaines des sous-traitants des multi-nationales.

Selon les ONG, 500 ouvriers sont morts dans le secteur depuis 2006, victimes d’incendies sur leur lieu de travail.