Se rappeler de la libération de Mandela et exiger la mise en liberté de Marwan Barghouti

vendredi 13 mars 2015

Il serait temps que Marwan Barghouti, le « nouveau Mandela » palestinien, soit libéré après 20 d’incarcération dans des prisons israéliennes. En ce 11 février, nous devrions commémorer la libération de Nelson Mandela qui avait été libéré de prison le 11 février 1990 après vingt-cinq longues années. Cette date devrait aussi nous évoquer une autre figure : celle de Marwan Barghouti, le leader palestinien qui est coincé derrière les barreaux en Israël depuis 20 ans.

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Marwan Barghouti emprisonné par Israël depuis 25 ans

A l’instar de Mandela, il est celui qui pourrait, s’il sortait de prison, réunir toutes les factions, gagner la présidence, entamer des négociations en vue d’une paix définitive pour son peuple, obtenir le soutien de ce-dernier et ensuite mener à une transition vers la vérité et la réconciliation dans un nouveau pays indépendant. Malheureusement, il demeure dans sa cellule, dans la prison de Hadarim situé sur la côte méditerranéenne près d’Herzliya.

Le seul moyen de le libérer serait de lancer une campagne internationale, semblable à celle qui avait permis la mise en liberté de Nelson Mandela. Nous appelons tous ceux qui défendent l’idée d’un Etat palestinien indépendant à soutenir la campagne internationale pour libérer Marwan barghouti et tous les prisonniers palestiniens (http://fmaapp.ps/) et à prendre part aux campagnes en France, en Italie et dans d’autres pays européens afin de célébrer ce 15 avril 2015 l’anniversaire de sa capture et de son arrestation.

Il y a 25 ans, Nelson Mandela, sourire aux lèvres, le poing levé, gagnait enfin sa liberté. « Enfin libre... enfin libre. » Ce jour marquait le commencement d’une nouvelle ère et l’apartheid allait enfin toucher à sa fin. Bien qu’il reste beaucoup de progrès à réaliser, la mise en liberté de Mandela et d’autres prisonniers combattant l’apartheid a poussé le gouvernement à entamer un dialogue visant la paix, la liberté, la réconciliation et la cohabitation pacifique. Alors que nous commémorons cet évènement historique qui a changé l’Afrique du Sud ainsi que le monde, le destin de Marwan Barghouti, autre symbole de la paix, nous vient à l’esprit. L’histoire de Marwan est très semblable à celle de Mandela. Ils sont tous les deux à l’origine des premières ramifications de leurs mouvements politiques, et ils ont forgé leur légitimité grâce à leur activisme et à leur rôle central dans le soulèvement des masses contre l’oppression.

Au moment de leur arrestation, ils étaient chefs de leurs partis politiques respectifs et, alors qu’ils étaient en prison, ils sont devenus aux yeux de tous des symboles de la paix. Ils ont refusé de se défendre au tribunal et ont plaidé la cause de leur peuple. Alors qu’ils luttaient pour le droit à résister à l’oppression, ils prônaient essentiellement une lutte pacifique en vue d’obtenir la paix, et ce même lorsqu’il s’agissait de luttes armées. Ils ont également été capables de maintenir l’unité au sein de leur peuple, tout en étant ouvert au dialogue avec autrui.

Cette année marque le 25e anniversaire de la libération de Mandela. Marwan est derrière les barreaux depuis 20 ans et il n’a pas mis un pied dehors durant les 13 dernières années de son incarcération. En octobre 2013, une campagne internationale pour la libération de Marwan et de tous les prisonniers politiques palestiniens avait été lancée depuis la cellule de Nelson Mandela à Robben Island. A cette occasion, nous avons décidé de mettre en place l’International High Level Committee (un comité international de haut niveau), étant donné que la solidarité internationale permet de contribuer à notre liberté et à celle de nos alliés. De telles campagnes internationales portent un message fort : elles montrent que l’emprisonnement de nos alliés a des conséquences politiques et morales considérables pour les forces de l’oppression.

Lorsque l’on parle de prisonnier politique, le cas le plus significatif et le plus choquant est celui de la Palestine. 800 000 palestiniens ont passé un séjour en prison. Beaucoup d’entre eux ont écopé entre 25 et 30 ans de prison. Il n’y aucune exception : enfants, femmes, membres du parlement et défenseurs des droits de l’homme dépérissent dans les prisons israéliennes.

La lutte contre l’apartheid reflète de manière emblématique le combat pour la liberté et les droits de l’homme à travers le monde. L’apartheid était connu pour son oppression et son injustice extrême. Existe-t-il aujourd’hui un conflit plus représentatif que le conflit palestinien du combat pour la liberté face à l’oppression, du le droit sur la force, de la justice face à l’impunité ? Les politiques coloniales et discriminatoires d’Israël, aussi bien dans les territoires occupés que dans ses propres frontières, montrent clairement que nous assistons à la renaissance de l’apartheid, renaissance que nous ne pouvons tolérer.

En lançant la campagne pour la libération de Marwan et de tous les prisonniers palestiniens (inspirée par la campagne pour la libération de Mandela), nous ne dénonçons pas seulement l’occupation et les conséquences qu’elle a sur les Palestiniens ; nous affichons clairement que la lutte palestinienne est la prolongation légitime de la lutte contre l’apartheid, et que la libération de Marwan et de tous les prisonniers palestiniens est une étape nécessaire pour redonner la liberté au peuple palestinien.

Nous commémorerons un jour la mise en liberté de Marwan et nous pourrons admirer son sourire et son poing levé. Dès qu’Israël sera disposé à mettre un terme à l’occupation, Marwan sera ouvert au dialogue et prêt à agir en faveur de la paix. Toutes nos victoires contre l’oppression, le racisme, la discrimination, la ségrégation et l’apartheid doivent nous permettre de faire régner la liberté et la dignité en Palestine, ainsi que la paix basée sur le droit international.

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Ahmed Kathrada

11 mars 2015

Source de l’article : Palestine Briefing

http://ymlp.com/zUVIBV

Traduit de l’anglais par Muhammat Asa pour Investig’Action