Ukraine : clarifications et appel du Parti communiste à la solidarité internationale contre les ingérences extérieures*

lundi 3 février 2014

"L’Ukraine a rejoint la liste des pays victimes des « révolutions colorées ». Des séquences de massacres choquants, actes de vandalisme, émeutes et prise d’assaut de bâtiments administratifs sont apparus sur les écrans des médias occidentaux.

Logo du Parti communiste d'Ukraine

Dans le cadre de ces innombrables affrontements des centaines de manifestants et de forces de l’ordre ont été sérieusement blessés, elles ont même conduit à la mort de plusieurs manifestants. Ne pas oublier non plus les faits d’enlèvements de masse et de violence politique par les éléments les plus radicaux.

Les événements récents ont dissipé le mythe selon lequel il y aurait dans la capitale ukrainienne une opposition entre un « régime criminel » et des « démocrates européens pacifiques ».

En réalité, ces événements viennent de la lutte entre clans oligarchiques pour le pouvoir en Ukraine, et pour le poste présidentiel en particulier. Les événements actuels sont un coup d’État.

Ceci est confirmé par les derniers agissements de l’ « opposition » qui crée des institutions de pouvoir parallèles, et parlant au nom du peuple, mène des actions anti-constitutionnelles qui nourrissent le conflit en Ukraine, forcent les autorités à aller plus loin dans la répression.

Une attention toute particulière doit être portée à l’activité croissante de forces politiques néo-nazies et ultra-nationalistes, qui ont fait le choix de la violence et de l’illégalité, provoqué la confrontation et les affrontements.

Ces organisations comprennent en particulier « Spilna Sprava » (Cause commune), « Trizub » (Trident), « UNA-UNSO », « Secteur droit », « Svoboda » etc.

Le parti « Svoboda » occupe un rôle spécial dans l’escalade du conflit en tant que parti parlementaire, au pouvoir dans certaines régions occidentales – il a une opportunité réelle de continuer sa politique de subversion contre l’ordre constitutionnel en Ukraine.

Toutes ces organisations sont unies idéologiquement et suivent l’exemple des partisans ukrainiens du national-socialisme allemand – Bandera et Choukhevytch – reprenant leurs slogans.

Par exemple, un slogan devenu très populaire aujourd’hui : « Gloire à l’Ukraine, gloire aux héros » était celui des collaborateurs ukrainiens pendant la Seconde guerre mondiale, lorsqu’ils massacraient des habitants polonais et ukrainiens pacifiques en Ukraine occidentale.

Le Parti communiste d’Ukraine informe le monde communiste, les travailleurs et les mouvements de gauche sur les nombreux actes de vandalisme, comme quand les néo-nazis ont détruit les statues de Lénine et les monuments de l’ère soviétique, mais désormais les actes de vandalisme sont dirigés contre les monuments érigés en l’honneur des héros de la lutte contre le fascisme.

Dans le même temps, il devient de plus en plus clair que l’Ukraine sombre dans une spirale de violence. Avec le soutien apporté à l’opposition de la part des puissances occidentales, y compris de certains politiciens ouest-européens, on sait de plus en plus clairement qui alimente le conflit en Ukraine.

En parallèle, le Département d’État américain ne cesse de demander aux autorités ukrainiennes de négocier avec l’opposition, de retirer les troupes de maintien de l’ordre des rues de Kiev et de permettre à l’ « opposition » d’occuper les édifices gouvernementaux tout en revenant sur les dernières lois « non-démocratiques et dictatoriales  » adoptées par le Parlement ukrainien.

Cependant, ces lois correspondent parfaitement aux normes des démocraties occidentales, identiques à la législation en vigueur aux États-Unis et dans l’Union européenne.

Par exemple, sous ces nouvelles lois, les organisations publiques ukrainiennes financées depuis l’étranger, et qui ont largement contribué à l’intensification du conflit seront obligés d’être enregistrées comme agents étrangers. Dans la législation américaine, ceci est le cas depuis les années 1930. Le parlement ukrainien s’est juste inspiré de l’expérience américaine.

Des lois interdisant aux manifestants pacifiques de cacher leurs visages existent aussi en Europe.

Ainsi, l’Allemagne a criminalisé l’usage de casques couvrant le visage, le recours à des boucliers lors de manifestations. En France, les mêmes délits sont passibles de 3 ans de prison et d’une amende de 45 000 €.

Une telle interdiction est en vigueur aux États-Unis, au Canada et dans d’autres pays. Violer ces lois sur les manifestations pacifiques en Grande-Bretagne équivaut à une pénalité de 5 000 £ et jusqu’à dix ans de prison aux États-Unis comme en Angleterre.

Aux États-Unis, frapper ou agresser un officier de police peut conduire de 3 à 10 ans de prison. En France, le blocage de la voie publique pour quelque raison que ce soit est interdite.

D’une certaine manière, les politiciens occidentaux qui manifestent une indignation et une préoccupation sur la situation en Ukraine, tout comme contre le « durcissement » de la législation ukrainienne – ne veulent pas se rappeler ces faits.

Dans ces circonstances, le Parti communiste d’Ukraine croit que la responsabilité des violences incombe autant aux dirigeants ukrainiens, dont les actions ont forcé le peuple ukrainien à entamer des manifestations de masse, qu’aux leaders de la prétendue « opposition », les organisations militantes nationalistes d’extrême-droite et aux politiciens étrangers qui poussent les gens à la « radicalisation des manifestations » et à la « lutte jusqu’au bout ».

Dans le même temps, toutes ces tentatives pour créer des structures parallèles de pouvoir non-constiutionnelles ne font que renforcer l’opposition et créer une véritable menace, celle de l’escalade du conflit vers la guerre civile.

Une partie de la population soutiendra le gouvernement actuel, et l’autre l’auto-proclamée « opposition », et cela ne fera que mener à la scission inévitable de l’Ukraine."

Le Parti communiste d’Ukraine avance des propositions pour sortir de la crise et faire cesser les ingérences extérieures. Il considère indispensable de :

Convoquer un référendum pour décider de la politique économique extérieure de l’Ukraine, en termes d’intégration régionale ;

Adopter des réformes politiques, supprimer l’institution présidentielle et instaurer une république parlementaire, augmenter de façon significative les droits des collectivités territoriales ;

Faire passer une nouvelle loi électorale, avec retour au scrutin proportionnel pour l’élection des députés ukrainiens ;

Afin de dépasser le chaos politique et de garantir un contrôle étroit sur le gouvernement et les politiques, la mise en place d’un organisme civil indépendant de « contrôle national », avec des pouvoirs élargis ;

Faire passer la réforme judiciaire et introduire l’élection des juges.

En conclusion, il appelle les forces progressistes à l’échelle mondiale à « condamner les actions extrémistes, la propagande du fascisme, du nationalisme et du néo-nazisme en Ukraine, ainsi que les ingérences étrangères dans les affaires intérieures d’Ukraine et toute escalade à venir dans la violence. »

Le Parti communiste d’Ukraine

30 janvier 2014