Un jeune s’immole à Chabounia pour protester contre l’injustice et la hogra

samedi 16 mai 2015
par  Alger républicain

Le 12 mai à 8 heures du matin, le jeune Djamel Rebahi s’empare d’un jerrycan de vingt litres d’essence. Il se rend au siège de l’APC de Chabounia. Une fois entré dans la salle d’attente, il s’asperge d’essence de la tête aux pieds, puis déverse le reste du jerrican sur le sol avant d’y mettre le feu. Le jeune homme est transformé en quelques secondes en torche vivante. Le secrétaire-général de la mairie tente de le sauver. En vain. Il est lui aussi atteint par les flammes. Brûlé au troisième degré sur certaines parties de son corps, il est admis aux soins à l’hôpital de Ksar El Boukhari.

Toute la population de Chabounia est en émoi. Qu’est-ce qui a poussé ce jeune de 24 ans à se donner la mort de façon aussi horrible ? Depuis quelques mois il avait essayé de construire un poulailler sur une terre communale. La famille de l’adjoint-maire de la ville, qui en exploite une partie, l’en a empêché. Sept fois de suite il demande audience au maire. Sept fois de suite celui-ci refuse de recevoir. Un traitement insupportable qui l’a conduit à cet acte de désespoir fatal.

Les jeunes de Chabounia sont révoltés par le comportement des autorités de la ville et du maire en premier lieu, par leurs tentatives de passer sous silence le geste de Rebehi Djamel et de dégager leur responsabilité de sa mort.

Ils dénoncent également la manière dont ont été élus les membres de l’APC. Ils veulent que les choses changent dans leur ville comme au niveau du pays.

Chabounia est une petite ville qui se trouve à 10 km de Bougzoul sur la route qui mène à Tiaret. Il n’y a pas d’autre activité économique que l’élevage. Ces derniers temps certains jeunes ont bénéficié des emplois créés par la réalisation de la rocade des hauts-plateaux. Sinon la majorité des jeunes passe son temps dans les cafés qui se succèdent le long de la route qui traversent la ville. Djamel voulait sortir de cette monotonie meurtrière. Il s’est trouvé face au mur d’insolence et de mépris derrière lequel s’abritent les soi-disant élus pour décourager les couches populaires qui viennent demander de l’aide. Ces mêmes prétendus élus se plient en quatre pour servir les nantis et leurs mentors.

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C.P.

16.05.15