Une mise au point sur une assertion de M. Merdaci à propos de Maurice Laban, militant communiste algérien mort au combat pendant la guerre de libération nationale

jeudi 25 juin 2015

Au cours de l’émission télévisée de Canal Algérie du 20 juin, rediffusée mardi 23 juin à 13h 10, consacrée au militant du Parti communiste algérien (PCA) Maurice Audin assassiné, comme tant d’autres combattants de la guerre de libération nationale, par l’armée colonialiste française, le sociologue M. Abdelmadjid Merdaci a déclaré ce qui suit : « Maurice Laban, dont on parle très peu, qui a été condamné par la direction du PCA de Constantine parce qu’il a été brigadiste, dans le cadre des purges staliniennes »...

M. Merdaci ne donne pas les sources de son assertion sur cette soi-disant « condamnation » de Maurice Laban par le PCA de Constantine. Il lui serait impossible de la fonder parce qu’elle relève de la pure affabulation. Ensuite, qu’entend-il par « brigadiste » pour évoquer le motif de sa prétendue « condamnation » par le PCA. S’agit-il de la participation de Maurice Laban aux brigades internationales qui ont combattu aux côtés des républicains espagnols contre le fascisme franquiste soutenu par Hiltler et Mussolini et tous les fascistes de la terre, durant la guerre civile en Espagne dans les années 1937-1938 ?

Si c’est cela, alors M. Merdaci fait preuve d’ignorance. Car le mouvement des brigades internationales de soutien à la République espagnole attaquée par les forces fascistes franquistes, a été initié par les partis communistes du monde entier dont le parti communiste en Algérie (PCA). Et par conséquent, en ma qualité de sympathisant puis de militant de ce parti depuis les années 1930, je tiens à souligner que tous les communistes d’Algérie étaient fiers d’apprendre que 600 enfants de notre pays, tels que Maurice Laban, Georges Raffini, Abderahmane Guessoum, Rabah Oussidhoum, Sanaa, avaient rejoint les brigades internationales à l’appel de leur Parti communiste.

Le Parti communiste en Algérie et ses militants dans leurs écrits n’ont jamais manqué de parler de ces camarades héroïques qui ont sacrifié leurs vies pour des causes justes. Dans mon ouvrage « Le Camp des Oliviers - parcours d’un communiste algérien », je n’ai pas manqué d’évoquer le combat mené par Maurice Laban en Espagne et durant notre guerre de libération nationale. Si M. Merdaci ne l’a pas lu, je lui conseille de le lire pour découvrir quand s’est produite une réelle divergence de vue entre le Parti et Maurice Laban. Cette divergence portait sur le choix de la participation ou du boycott d’une consultation électorale organisée dans le cadre du système colonial dans les années 1950. Maurice Laban et la section du PCA de Biskra, dont il était l’un des dirigeants, étaient favorables au boycott. La décision majoritaire d’y participer, des adhérents du parti dans le reste du pays, avait été appliquée par Maurice Laban qui a eu le droit de conserver son opinion et la possibilité de la défendre constamment. Mais en militant discipliné il avait appliqué la décision majoritaire.

Cette divergence n’a nullement abouti à une « condamnation » du PCA de Maurice Laban qui est demeuré membre du parti malgré cette divergence. Le fonctionnement démocratique naturel de notre parti reposait sur des principes organiques qui étaient entièrement approuvés par Maurice Laban. C’est pourquoi, tout en conservant son opinion sur cette question, Maurice Laban, en militant fidèle aux idées communistes, à son idéologie marxiste-léniniste a, jusqu’à son dernier souffle, poursuivi dans les rangs du PCA le combat pour l’indépendance de notre pays mais aussi pour une société sans exploitation et sans oppression : la société socialiste. Cet idéal l’a constamment inspiré et rien ne pouvait le séparer de son parti qui luttait pour cet idéal même si parfois celui-ci a pu avoir des positions erronées sur certaines questions, qu’il n’a pas partagées. Mais il connaissait suffisamment son parti pour comprendre qu’il était en mesure de procéder à la critique de ses erreurs comme il l’a courageusement fait en juillet 1946.

Nul ne saurait ignorer que nos ennemis capitalistes dans le monde tentent de s’approprier la mémoire de nos camarades communistes qui ont sacrifié leurs vies dans les combats pour le bonheur de l’humanité.

N’a-t-on pas vu en France, un Président de la République représentant de la droite conservatrice, s’emparer de la mémoire du jeune militant communiste Guy Moquet assassiné par les hitlériens durant l’occupation de son pays ? Ne voit-on pas dans la Russie capitaliste d’aujourd’hui, certains oligarques qui s’emparent du passé héroïque de l’Union soviétique durant le combat à mort contre l’hitlérisme pour tenter de tromper le peuple en se présentant ainsi comme des patriotes alors qu’ils lui ont volé ses richesses ? Le même phénomène se retrouve dans d’autres pays. Il serait bien long de les citer. Mais heureusement l’existence des partis communistes que le capitalisme ne pourra jamais faire disparaître donne la possibilité aux communistes de défendre leur histoire. C’est à cette tâche que je convie tous les communistes de mon pays, et notamment ceux organisés dans le PADS, en défendant la mémoire de tous ses militants qui ont vaillamment combattu pour notre idéal afin d’empêcher que d’autres s’approprient leur mémoire en recourant au révisionnisme historique.

Quant aux prétendues « purges staliniennes », elles relèvent du fantasme de tous ceux qui ont applaudi à la victoire de la contre-révolution en Union Soviétique, ce premier Etat socialiste des ouvriers et des paysans au monde, qui sous la conduite de Staline a défait le fascisme hitlérien et évité au monde de tomber dans la barbarie. La défaite de l’hitlérisme et l’affaiblissement de l’impérialisme français au lendemain de la seconde guerre mondiale ont facilité le combat de notre peuple pour sa libération. Nous ne devons pas l’oublier et toutes celles et tous ceux qui désirent le bonheur de leur peuple et la paix dans le monde refuseront d’écouter et de répéter les mensonges déversés sur l’Union Soviétique et les communistes qui se sont battus et se battent encore pour en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme et celle d’un peuple par un autre.

Il faut souligner au passage que le 70e anniversaire de la défaite de l’hitlérisme dans les ex-pays de l’Union Soviétique a été marqué par des manifestations populaires dans de nombreuses villes. Elles ont rassemblé des dizaines et des dizaines de milliers de manifestants portant des milliers de drapeaux rouges frappés de la faucille et du marteau (symbole de l’alliance des la classe ouvrière et de la paysannerie laborieuse), de grands portraits de Staline et scandant des mots d’ordre à sa gloire et au socialisme. L’histoire n’est pas achevée avec la disparition de l’URSS. Elle renaîtra et le socialisme vaincra.

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William SPORTISSE

24.06.15

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