Vu de Cuba : Que peut-on bien fêter ? Berlin ?

samedi 14 novembre 2009
par  Alger républicain

Ce 9 novembre, les vainqueurs de la Guerre Froide ont fêté le 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin, considéré comme le symbole d’un affrontement qui ne fut pas aussi froid que son nom le suggère. Il y a quelques jours l’ancien dirigeant soviétique, Mikhail Gorbatchev a écrit un article sur le sujet dans le quotidien espagnol El Pais dans lequel il affiché une certaine déception quant au cours pris par la politique internationale lors des deux dernières décennies :

Selon l’ancien dirigeant soviétique : « (…) ce que les politiques de ma génération espéraient sincèrement n’a pas eu lieu : un monde dans lequel, avec la fin de la guerre froide, l’humanité pourrait finalement oublier l’aberration de la course aux armements, des conflits régionaux et des querelles idéologiques stériles et entrer dans une sorte de siècle d’or de la sécurité collective, de l’usage rationnel des ressources, de la fin de la pauvreté et des inégalités et le rétablissement de rapports harmonieux avec la nature. »

Cela ressemble ? une plaisanterie. Les mots de Gorbatchev ne peuvent pas être le fruit de la naïveté. Aucun des dirigeants politiques, qui comme lui ont été les acteurs de ce fameux effondrement, ne pouvait réellement croire que l’avenir serait celui d’un monde meilleur. Pour une simple raison : ce ne fut jamais, au grand jamais, le projet des Etats-Unis et du reste du monde capitaliste.

Un monde meilleur ne pouvait voir le jour comme fin d’un affrontement dans lequel le vainqueur humilie le vainqueur, récupère le butin et impose ses règles. Et c’est ainsi qu’ils ont conçu le monde de l’après-guerre froide : celui des politiques néo-libérales, de l’unipolarité et de la satisfaction constante affichée devant les difficultés économies et sociales de l’Europe de l’Est et des ex-républiques soviétiques après toutes ces années d’affrontement.

Ce fut le début d’une période de reconquête, au cours de laquelle l’impérialisme avait une vision tellement omnipotente et triomphaliste d’elle-même qu’il a produit des thèses aussi absurdes que celles de la fin de l’histoire. Le rêve d’un monde meilleur fut simplement le produit d’un travail de matraquage idéologique et de propagande, et il n’a pas fallu attendre 20 ans pour en avoir la confirmation.

La décennie des années 1990 s’est ouverte avec la Guerre du Golfe, les dépenses militaires ont grimpé, l’OTAN s’est érigé comme armée internationale au service des intérêts nord-américains. Le pillage du Tiers-Monde s’est intensifié par le biais des multinationales et des organismes financiers.

Elle a ouvert la voie ? la tragédie que nous vivons depuis l’an 2000, avec une Maison Blanche néo-conservatrice qui s’est inventé des prétextes pour mener des guerres en Afghanistan et en Irak, qui a parrainé des coups d’Etat en Amérique Latine et a montré le plus profond mépris pour les règles du droit international. Il s’agit seulement ici de jeter un coup d’œil ? l’histoire et nous verrions que le monde ne fut pas, ne serait-ce un seul instant, plus tranquille, harmonieux et sûr.

Il serait intéressant de demander ? ceux qui se sont rassemblés ce 9 novembre ? Berlin ce qu’ils peuvent bien fêter.

En tout cas, que cette occasion puisse servir ? demander la chute de tous les murs de la période post-mur de Berlin. Avant tout celui qui se dresse face au sang et ? la sueur des émigrants latinos ? la frontière Sud des Etats-Unis, où chaque année plus de mexicains et de centre-américains meurent que ce qu’il y eut de victimes en 30 ans de mur de Berlin ; ainsi que ce mur israélien qui fait de la Palestine la plus grande prison ? l’air libre au monde.

Et que ne tombent pas seulement les murs physiques, mais aussi ceux économiques et politiques comme le blocus contre Cuba, qui n’est pas un vestige de la Guerre Froide mais plutôt la preuve qu’elle est toujours en vigueur.

De Oliver Zamora Oria, pour CubaDebate