Des dizaines de milliers de manifestants à Berlin pour rendre hommage à Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, assassinés il y a 95 ans

vendredi 17 janvier 2014

Des dizaines de milliers de manifestants à Berlin pour rendre hommage ? Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, assassinés il y a 95 ans

Ils étaient plusieurs dizaines de milliers à Berlin ce 12 janvier 2014 pour rendre hommage aux fondateurs du Parti communiste allemand, les révolutionnaires Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, assassinés par les « Frei Korps » sur ordre d’un ministre social-démocrate.

Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, assassinés par les «<small class="fine"> </small>Frei Korps<small class="fine"> </small>» sur ordre d'un ministre social-démocrate, il y a 95 ans

Comme chaque année, ce 12 janvier, les militants de gauche, anti-facistes, pacifistes, communistes ont déposé une gerbe sur la tombe de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers, venus de toute l’Allemagne, de toute l’Europe, des oeillets rouges à la main.

Le dépôt de gerbe s’est poursuivi par un défilé qui a mobilisé, selon les organisateurs, 15 000 manifestants, avec une forte présence des militants du Parti communiste allemand (DKP) ainsi que de divers groupes anti-fascistes.

Un défilé où la banderole accolait les noms de Luxembourg, Liebknecht à celui de Lénine. Avec comme mot d’ordre combatif :
« On n’oublie rien ni personne … levez-vous et résistez ! »

Rosa et Karl, une passion révolutionnaire face à la trahison social-démocrate

Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht

Par leur martyre, leur courage héroïque, Rosa et Karl sont devenus deux icônes, aux idées parfois édulcorées, au combat dévoyé par une mémoire sélective, visant à les réduire comme tant d’autres à des « icônes inoffensives ».

Liebknecht fut un des premiers à dénoncer le péril de la militarisation de la société allemande qui atteignait même les socialistes. Il est le premier député social-démocrate à rester fidèle au serment de l’Internationale socialiste, à refuser de voter les crédits de guerre.

« L’aigle » Rosa, comme la surnommait Lénine, fut une inlassable combattante de la révolution, de la paix, dénonçant dès 1914 la trahison de la social-démocratie, ces Kautsky qui transformait l’appel de Marx en temps de guerre en « Prolétaires de tous pays, égorgez-vous ! »

Fondateurs du courant spartakiste au sein du Parti social-démocrate – héritier de la tradition marxiste et pacifiste du parti – c’est pénétrés par la pensée et l’action de Lénine, artisan de la Révolution d’octobre qu’ils fondent le 1er janvier 1919 le Parti communiste d’Allemagne (KPD).

En dépit des réticences de Lénine, des doutes de Luxembourg, une « insurrection spartakiste » frappe Berlin début janvier 1919.

Sans organisation ferme, ni perspective claire, la révolte est réprimée dans le sang avec l’action des « Frei korps », des milices issues des troupes de choc de la Première Guerre mondiale, qui se fonderont plus tard dans les SA du Parti nazi.

Ces « frei korps » reçurent lors de la fameuse « Semaine sanglante » le feu vert de la part du Ministre de l’Intérieur social-démocrate Gustav Noske et du Président social-démocrate Friedrich Ebert pour réprimer dans le sang la révolte, assassiner les deux dirigeants communistes.

Finalement, les brutaux « frei korps » capturent Liebknecht et Luxembourg, fracassent le crâne de cette dernière avant de la jeter dans le canal qui longeait le lieu de l’exécution (Landwehrkanal).

Disons-le haut et fort, l’héritage de Rosa et Karl appartient au mouvement communiste, pas aux forces héritières, continuatrices ou supplétives de la social-démocratie. Ce serait un comble !