Lettre de Pierre Barbancey journaliste, sur les évènements survenus ce 13 novembre 2015 à Paris.

samedi 14 novembre 2015

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Pierre Barbancey - journaliste au quotidien français l’Humanité
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Dohuk, (Irak), ce 14 novembre 2015

Je suis actuellement en Irak. Ce pays qui a été démembré, ses communautés et ses confessions jetées les unes contre les autres, par une guerre voulue par les Etats-Unis en 2003. C’est sur ce terreau que s’est développé Daech, l’organisation de l’Etat islamique. Des terroristes soutenus et aidés par des pays comme le Qatar, la Turquie et l’Arabie saoudite. Trois pays aux liens privilégiés avec la France qui leur vend des armes.

Il faut pleurer les morts d’hier à Paris. Mais il faut aussi avoir en tête que les populations du Moyen-Orient vivent ce cauchemar au quotidien depuis des années.

La France officielle fait des guerres : Libye, Mali, Centrafrique, Irak... Toujours sous des prétextes humanitaires. Ce qui est un leurre. La guerre n’a jamais rien réglé, au contraire.
La guerre ne peut pas toujours se regarder à la télévision. Si on accepte qu’elle ait lieu ailleurs, alors il faut s’attendre à ce qu’elle nous revienne dans la gueule un jour.

C’est pour cela qu’il faut la paix. Une politique internationale de la France dédiée à la paix, pas une politique de gendarme, vendeuse d’armes et de captation des richesses d’autres pays.

Le danger est grand de voir une partie de la France se tourner vers le Front national. Ce parti d’extrême-droite ne prône que la haine et le rejet de l’autre, qui tente de désigner comme bouc émissaire les musulmans. Des ingrédients pour que les drames comme celui que nous venons de connaître à Paris ne s’amplifient.

En souvenir des morts du 13 novembre, déjouons le plan de tous ceux qui voudraient nous dresser les uns contre les autres.

C’est un appel à l’intelligence humaine.

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Pierre Barbancey

Dohuk (Irak).

14 novembre 2015

Pierre Barbancey est journaliste, actuellement envoyé spécial du quotidien l’Humanité en Irak.