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Aujourd’hui l’AFRIQUE en partenariat avec Alger républicain

Editorial

N°113 - Septembre 2009

mardi 24 novembre 2009, par Alger républicain

47 ans après avoir libéré leur pays d’une cruelle domination coloniale, les masses laborieuses et la jeunesse poursuivent le combat pour un monde définitivement débarrassé de l’oppression et de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Leur état d’esprit reflète leur refus des inégalités grandissantes. Elles ne se font aucune illusion sur la volonté des hommes du régime de se pencher sur leur sort.
Le régime ne peut justifier les résultats désastreux de sa politique. Il ne le peut encore moins quand les caisses de l’Etat sont pleines mais que seule une minorité de très gros affairistes en profite. Ce qui révolte le plus c’est la décision du pouvoir de mettre plus de 100 milliards de dollars à la disposition du Trésor des USA ou des banques européennes alors que le pays en a besoin pour développer sa base productive et améliorer les conditions d’existence des plus démunis. Ses choix de classe sont à l’origine des problèmes auxquels les masses sont confrontées.

Dans les années 1970, avec cent fois moins de moyens financiers et malgré de nombreuses erreurs qui pouvaient être évitées, l’Etat algérien avait démontré qu’il était possible d’éradiquer le chômage et de réduire la pauvreté. Et pourtant le pays était parti de conditions très défavorables : absence d’encadrement et d’expérience, refus du capital étranger de s’impliquer dans une véritable politique de développement, hostilité de l’ancienne puissance coloniale.

Devenu une machine de répression au service d’une petite minorité de profiteurs et d’accapareurs sans foi ni loi, l’Etat actuel n’est animé d’aucune volonté d’en finir avec la misère et la régression économique et sociale. Il entretient à bon escient le chômage. Il veut maintenir par la faim et les frustrations la jeunesse et les travailleurs dans un état de soumission, de résignation. Il agit de façon méthodique pour répandre dans les esprits une mentalité servile qui fait prospérer une minorité de nouveaux nantis sans scrupules.

Pourquoi s’étonner que les jeunes cherchent par tous les moyens à s’embarquer vers d’autres rivages face au verrouillage de la vie sociale, à la fraude électorale grossière et à la surdité arrogante des dirigeants ? Ce n’est pas leur pays qu’ils n’aiment pas. Ils fuient des gouvernants qui eux ne l’aiment que pour accaparer ses pétro-dollars. Le pouvoir n’a rien trouvé de mieux pour “régler” les problèmes des jeunes que d’édicter une loi qui jette en prison les candidats à l’émigration clandestine. Que reste-t-il ? faire : brûler les édifices publics, symboles d’un État étranger à leur sort, couper les routes, se taillader publiquement la poitrine, menacer de s’immoler en masse ? La colère ne fait que monter chaque jour un peu plus.

Il ne faut pas s’étonner face à la multiplication des signes de diversion orchestrés en haut lieu pour diviser les masses ou détourner leur attention des vraies causes de leurs malheurs. Comme par hasard, des heurts violents opposent depuis quelques mois les deux composantes de la population du M’zab. Des bagarres sont suscitées à la sortie des stades par des éléments aux liens douteux. La bigoterie est cultivée par des walis pour focaliser sur de fausses préoccupations. Les bars sont désignés comme la source de tous les maux sociaux et fermés l’un après l’autre pendant que la consommation de la drogue explose de façon exponentielle. Des responsables officiels organisent et animent des manifestations carnavalesques autour des prouesses de l’équipe nationale de foot-ball.

Comme l’ont bien compris beaucoup de jeunes, il n’y a qu’un seul choix pour sortir de l’impasse actuelle : s’organiser et se battre avec persévérance afin d’imposer des changements radicaux. Il n’y a pas d’autre voie pour réaliser les aspirations des masses laborieuses et de la jeunesse, en cet anniversaire d’un évènement qui marquera de façon indélébile la conscience progressiste du peuple algérien.

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Zoheir Bessa