Lettre d’un lecteur sur les préparatifs de guerre contre la Syrie : La « démocratie » occidentale a la mémoire courte

mardi 10 septembre 2013

L’un de nos lecteurs nous adresse ses réflexions- elles ne manquent pas de pertinence et rappellent bien des vérités parfois oubliées - sur la situation en Syrie.

La voici intégralement :

L’un de mes amis a vainement tenté de me convaincre du bien fondé d’une intervention militaire de la France et des USA en Syrie. Quelques citoyens, rares heureusement, s’alignent, sous prétexte de neutralité ou d’objectivité dans leurs analyses sur la politique de pouvoirs occidentaux à l’égard de la Syrie. D’autres, à l’instar des médias invoquent humainement la soi-disant utilisation par le régime de Bachar El Assad d’armes chimiques.

Mais ne pas prendre nettement position en condamnant les va-en-guerre n’est-ce pas prendre position ? Leur faudra-t-il longtemps encore se poser des questions sur le comportement politique et militaire de ces gouvernements, « socialistes » ou de droite occidentaux, pour ne pas dire impérialistes, un mot qui fait peur mais qui traduit bien la signification de ce qu’il veut dire.

Les médias US et français en particulier, soumis aux principes de leurs actuels pouvoirs produisent d’énormes mensonges, démesurés et de la sorte, espèrent-ils et souhaitent-ils, les faire avaler par leurs lecteurs ou leurs téléspectateurs, car répétés à satiété ils deviendraient réalité, s’imaginent-ils.

Comment ne pas voir clair avec tous les éléments d’information en notre possession ? Par ailleurs, pour connaître vraiment les intentions cachées de ces gouvernements, il suffirait simplement à ces quelques citoyens égarés de faire le pas nécessaire à une information élargie à tous les secteurs et non pas à un seul, et aussi faire un petit effort de mémoire. Par exemple, se souvenir de l’État qui, le premier, en 1945, a lancé sur les populations civiles japonaises des bombes atomiques des villes de Hiroshima et Nagasaki, inutilement et atrocement criminelles, alors que leur pays était déjà vaincu.

Il suffirait aussi de se rappeler, des armes de destruction massives, bactériologiques ou chimiques employées au Viet Nam par ces mêmes USA. L’effort à faire n’est pas considérable, le peuple martyr de ce pays, lui, se souvient encore de l’agent orange lancé par les bombardiers US sur les hommes, les femmes, les enfants … et les plantations de ce pays qui souffre toujours des conséquences de l’emploi de ces armes. Qui ne se souvient de l’image de cette fillette vietnamienne arrosée de napalm par des GI’s, des prisons irakiennes où l’on torturait et humiliait les prisonniers ? Qui évoque les terribles conditions de détention des détenus de Guantanamo et des lieux de sévices mis par certains États à la disposition des tortionnaires US ? Quel est le résultat de leurs interventions ? C’est cet État impérialiste qui prétend nous donner des leçons d’humanisme ?

Mais continuons. Faut-il également rappeler les opérations de ce gouvernement d’Israël, de l’extrême droite sioniste, telle celle nommée « Plomb durci » qui fit plus de 1500 morts et des milliers de blessés utilisant des armes interdites par les instances internationales, comme l’uranium appauvri ou le phosphore ou encore les bombes à fragmentation.

Faut-il encore rappeler les nombreuses et incessantes agressions contre le peuple palestinien et sur lesquelles, gardant un silence honteux et complice, bien peu de voix de l’Occident, mais pas seulement, se sont alors élevées ?

Pour remonter dans le temps, qui ignore l’agression de la Baie des cochons qui se termina par un lamentable fiasco pour les agresseurs ?

Qui de nos jours ignore le criminel blocus appliqué contre Cuba, les coups d’État organisés par les USA au Guatemala, au Chili, au Honduras, etc. le refus opposé à Evo Moralès par certains pays européens de survoler ou de poser son avion leur territoire.

Doit-on aussi se poser la question de savoir qui sont les alliés privilégiés de ces pays occidentaux ? Les monarchies rétrogrades arabes et autre Turquie dirigée par un parti islamiste sont leurs « amis » ; ils ont leur part de responsabilité ces pays qui osent parler de démocratie.

Quant à l’État français, il aurait intérêt à se taire, à se faire tout petit car il n’est pas non plus à épargner depuis les expéditions de colonisations jusqu’à ses récentes interventions sur le continent africain et ailleurs, d’abord au Viet Nam, en Tunisie, au Maroc puis chez nous en Algérie où les morts se comptent par centaines de milliers, en Yougoslavie et récemment en Libye, en Côte d’Ivoire et encore dans d’autres pays. Cet État a fait la déjà trop longue démonstration de sa véritable nature. Pourtant, malgré une forte opposition à ses visées scélérates, il s’entête dans sa politique agressive et meurtrière.

Nous pourrions facilement poursuivre cette longue énumération, mais est-ce bien utile ? Le monde quand il ne tourne pas le dos ou ferme les yeux, sait ce qu’il s’est passé dans tous ces pays, par qui les peuples ont été criminellement agressés.

S’ils attaquent la Syrie cela ne peut se faire sans provoquer de victime. Mais alors, diront-ils « Ce ne sont que des victimes collatérales ». Leur vocabulaire est bien rodé, pensent-ils.

Voilà le bilan de leur politique. Le reste n’est que hâbleries, inventions malhabiles avec des prétextes fallacieux qui sont de la fourberie et ne résistent pas longtemps à une analyse sérieuse, à l’établissement de la vérité. Ceux-là mêmes qui ont commis tant de crimes, comme toujours, se revêtent maintenant d’un voile prétendu humaniste pour tromper honteusement l’opinion publique et ainsi avoir les mains libres.

N’en déplaise à nos quelques rares citoyens « neutres » ou aveuglés par les médias d’Occident et leurs sentiments pro-occidentaux, il faut le souligner : depuis quand les pays impérialistes se porteraient au secours des peuples ?

Les justifications persistantes et laborieuses du va t’en guerre français François Hollande et son allié Barak Obama ne convaincront que ceux qui veulent se laisser convaincre. Le passé du parti de Hollande en dit long sur sa prétendue bonne foi. Dans notre pays, depuis longtemps nous le savons. Nous savons les abjections que furent les comportements depuis et avant Naegelen jusqu’à Guy Mollet et son comparse le sinistre Robert Lacoste.

Et comment un «  socialiste  » peut-il avancer l’odieux argument de « punir » Bachar El Assad ? Pour qui se prend-il ?

Il me revient à l’esprit une déclaration d’un fameux écrivain libanais qui, loin d’être un révolutionnaire, déclarait : « Si tu me punis par le mal pour le mal que j’ai fait, alors tu es aussi coupable que moi  ». Mais qui fait le mal ?

De quoi accuse-t-on exactement le régime syrien, de ne pas se plier aux injonctions de l’impérialisme ?

S’il doit avoir une solution, celle-ci ne peut être que politique et c’est au peuple syrien de décider de son sort.

Rachid Hamidou