11e rencontre internationale des partis communistes et ouvriers Déclaration finale de Delhi

jeudi 10 décembre 2009

La rencontre de Delhi réitère son analyse selon laquelle la récession mondiale actuelle est une crise systémique du capitalisme qui fait la démonstration de ses limites et de la nécessité de son renversement révolutionnaire. Elle fait la démonstration de l’aiguisement de la contradiction principale du capitalisme, entre la nature sociale de son mode de production et l’appropriation capitaliste individuelle.

Les représentants politiques du capital tentent de concilier les termes de cette contradiction insurmontable entre le capital et le travail qui est au cœur de la crise. La crise intensifie les rivalités entre les puissances impérialistes qui, de concert avec les institutions internationales - le FMI, la Banque mondiale, l’OMC et quelques autres – mettent en œuvre leurs « solutions » visant essentiellement à intensifier l’exploitation capitaliste. L’impérialisme, au niveau mondial, continue à appliquer de façon agressive ses « solutions » politiques et militaires. L’OTAN avance une nouvelle stratégie agressive. Les systèmes politiques deviennent plus réactionnaires restreignant les libertés civiques et démocratiques, les droits syndicaux, etc. La crise approfondit encore la corruption, structurelle dans le capitalisme, qui est en passe d’être institutionnalisée.

La rencontre de Delhi réaffirme que la crise actuelle, probablement la plus grave depuis la grande dépression de 1929, n’a épargné aucun domaine. Des centaines de milliers d’usines sont fermées. Les économies rurales et agraires sont ruinées aggravant la misère et la pauvreté de millions d’agriculteurs et d’ouvriers agricoles de par le monde. Des millions de personnes sont privées d’emploi et de logement. Le chômage atteint des niveaux inédits et doit officiellement dépasser la barre des 50 millions. Les inégalités s’accroissent dans le monde : les riches deviennent plus riches, les pauvres, plus pauvres. Plus d’un milliard de personnes, c’est-à-dire le sixième de l’Humanité, souffrent de la faim. Les jeunes, les femmes, les immigrés sont les premières victimes.

Fidèle à leur nature de classe, la réaction des différents gouvernements capitaliste pour surmonter la crise échoue à répondre à ces problèmes fondamentaux. Tous les suppôts néolibéraux et les gestionnaires socio-démocrates du capitalisme, qui avaient tant dénigré l’Etat, utilisent maintenant l’Etat à leur rescousse, soulignant ainsi une donnée fondamentale : l’Etat capitaliste a toujours favorisé les superprofits et leur a ouvert des boulevards pour se réaliser. Tandis que la charge des plans de sauvetage et de renflouement pèse sur les dépenses publiques, leurs bénéfices reviennent à un petit nombre. Les plans de renflouement annoncés visent d’abord à sauver puis à étendre les possibilités de faire du profit. Les banques et les sociétés financières ont déjà repris les affaires et recommencé à faire du profit.
L’augmentation du chômage et la baisse des salaires réels représentent la charge payée par les travailleurs en contrepartie des cadeaux consentis aux trusts avec ces gigantesques plans de renflouement.

La rencontre de Delhi estime que cette crise n’est pas une aberration qui serait due à l’avidité de quelques uns ou au défaut de fonctionnement des mécanismes de régulation. La recherche du profit maximal, qui est la raison d’être du capitalisme, a largement accentué les inégalités à la fois entre pays et à l’intérieur des pays dans ces décennies de mondialisation. La conséquence naturelle a été la perte de pouvoir d’achat d’une grande majorité de la population du monde. La crise actuelle est bien une crise systémique. Une fois de plus est attestée l’analyse marxiste selon laquelle le système capitaliste est en crise de façon inhérente. Dans sa recherche du profit maximal, le capital franchit toutes les limites et foule tout au pied. Dans ce processus, il intensifie l’exploitation de la classe ouvrière et de toutes les autres couches du monde du travail, leur imposant de plus grandes privations. Le capitalisme a effectivement besoin d’une armée de réserve de travailleurs. La libération d’une telle barbarie capitaliste ne pourra provenir que de l’avènement d’une véritable alternative, le socialisme. Cela suppose le renforcement des luttes antimonopolistes et anti-impérialistes. Notre lutte pour une alternative est ainsi une lutte contre le système capitaliste. Notre lutte pour une alternative est une lutte pour un système où l’exploitation de l’homme par l’homme, d’une nation par une autre nation n’existe pas. C’est une lutte pour un autre monde, un monde de justice, un monde socialiste.

Les participants à la rencontre de Delhi sont conscients que les puissances impérialistes dominantes cherchent à sortir de la crise en augmentant la pression sur les travailleurs, en cherchant à pénétrer et à dominer les marchés des pays au niveau de développement capitaliste bas ou intermédiaire, appelés communément les pays en voie de développement. C’est à quoi elles essaient d’aboutir en priorité dans le cycle de négociations de l’OMC de Doha sur le commerce, qui reprend des accords économiques inégaux aux dépens des peuples de ces pays, notamment en ce qui concerne les normes agricoles et l’accès au marché des produits non agricoles (NAMA).

Secondairement, le capitalisme, qui est le premier responsable de la destruction de l’environnement, tente de transférer la totalité de la charge de la sauvegarde de la planète du changement climatique, qu’il est le premier à avoir causé, sur les épaules de la classe ouvrière et de l’ensemble des travailleurs. La proposition du capitalisme de se restructurer au nom du changement de climat n’a que bien peu à voir avec la protection de l’environnement. Le « développement vert » et « l’économie verte », inspirés par les trusts, sont conçus pour servir à imposer de nouvelles règles du capitalisme monopoliste d’Etat qui permettent une maximisation du profit et imposent de nouvelles privations aux peuples.

La rencontre de Delhi constate que la seule sortie de cette crise capitaliste pour la classe ouvrière et les peuples réside dans l’intensification des luttes contre la domination du capital. La classe ouvrière en a fait l’expérience : quand elle mobilise ses forces et résiste aux attaques, elle peut réussir à défendre ses droits. Les manifestations dans l’industrie, les occupations d’usine et d’autres initiatives militantes de ce type venant de la classe ouvrière ont obligé les classes dominantes à prendre en compte les revendications des travailleurs. L’Amérique Latine, théâtre actuel de mobilisations populaires et d’actions importantes de la classe ouvrière, a montré comment, par la lutte, des droits peuvent être défendus et conquis. Dans ces temps de crise, à nouveau, le mécontentement met la classe ouvrière en effervescence. Dans beaucoup de pays, on a observé et on observe d’immenses luttes de la classe ouvrière pour ses revendications. Ces luttes de la classe ouvrière ont besoin d’être prolongées en mobilisant la grande masse de ceux qui souffrent, non seulement en vue d’améliorations immédiates mais de réponses de long terme à leur détresse.

L’impérialisme, sur la lancée de la fin de l’Union soviétique et de la période de boom économique précédent la crise actuelle, a engagé une offensive sans précédent contre les acquis de la classe ouvrière et des peuples. Ce mouvement s’est accompagné d’une propagande anticommuniste frénétique, non seulement dans chaque pays, mais au niveau mondial et interétatique (UE, OSCE, Conseil de l’Europe). Mais quoiqu’ils essaient de faire passer, les réalisations du socialisme et sa contribution à la définition des contours d’une civilisation moderne n’en demeurent pas moins.

Devant cette offensive acharnée, nos luttes ont été jusqu’à présent principalement des luttes défensives, des luttes visant à préserver les acquis gagnés auparavant. La conjoncture présente appelle au lancement d’une offensive, plus uniquement pour défendre nos acquis mais pour en gagner d’autres. Non pour gagner quelques droits nouveaux mais pour démanteler l’ensemble de l’édifice capitaliste, pour aller à l’assaut de la domination du capital, pour une alternative politique, le socialisme.

La rencontre de Delhi décide d’inciter dans ces conditions les partis communistes et ouvriers à travailler au rassemblement et à la mobilisation les plus larges des forces populaires dans la lutte pour l’emploi stable à plein temps, pour un système de santé entièrement public et gratuit pour tous, pour l’éducation et la protection sociale, contre le racisme et la discrimination selon le genre, pour la défense des droits de toutes les composantes de la classe ouvrière notamment les jeunes, les femmes, les immigrés, les personnes appartenant à des minorités ethniques ou nationales.

La rencontre de Delhi appelle les partis communistes et ouvriers à entreprendre cette tâche dans chacun de leurs pays et à lancer de vastes luttes pour le droit des peuples et contre le système capitaliste. Bien que la crise soit inhérente au système capitaliste, il ne s’effondre pas automatiquement. En l’absence d’une contre-offensive menée par les communistes, une poussée des forces réactionnaires menace. Les classes dominantes se lancent dans une attaque généralisée pour empêcher la croissance des partis communistes et ouvriers, pour maintenir leur statu quo. La social-démocratie continue à répandre des illusions sur le véritable caractère du capitalisme mettant en avant des slogans comme « l’humanisation du capitalisme », sa « régulation », la « gouvernance globale » etc. En fait, ces formules soutiennent la stratégie du capital en niant la lutte des classes et en appuyant la poursuite des politiques antipopulaires. Une addition de réformes dans le cadre du capitalisme n’éliminera pas l’exploitation. Le capitalisme doit être renversé. Cela exige l’intensification de luttes populaires conduites politiquement et idéologiquement par la classe ouvrière. Toute sorte de théories sont propagées du genre : « il n’y a pas d’alternative à la mondialisation impérialiste ».
A l’opposé, nous répondons : « le socialisme est l’alternative ».

Nous, partis communistes et ouvriers, venant de toutes les parties du monde, représentant les intérêts de la classe ouvrière et de tout le reste du monde du travail (soit une large majorité de la population mondiale), soulignons le rôle irremplaçable des partis communistes, appelons les populations à nous rejoindre pour renforcer les luttes, pour affirmer que le socialisme est la seule véritable alternative pour l’avenir de l’Humanité et que l’avenir nous appartient.

Liste des partis participant à la rencontre de Delhi :

Parti communiste sud-africain ;
Parti communiste allemand ;
Parti communiste d’Argentine ;
Parti communiste d’Australie ;
Parti communiste du Bangladesh ;
Parti du travail de Belgique ;
Parti communiste brésilien ;
Parti communiste du Brésil ;
Parti communiste du Canada ;
Parti communiste de Chine ;
AKEL, Chypre ;
Parti des travailleurs de Corée ;
Parti communiste de Cuba ;
Parti communiste au Danemark ;
Parti communiste espagnol ;
Parti communiste des peuples d’Espagne ;
Parti communiste des Etats-Unis ;
Parti communiste de Finlande ;
Parti communiste français ;
Parti communiste de Grande-Bretagne ;
Parti communiste de Grèce ;
Parti progressiste du peuple de Guyane ;
Parti communiste ouvrier de Hongrie ;
Parti communiste de l’Inde ;
Parti communiste de l’Inde (marxiste) ;
Parti Tudey d’Iran ;
Parti communiste d’Irak ;
Parti communiste d’Irlande ;
Parti communiste d’Israël ;
Parti de la Refondation communiste italien ;
Parti des communistes italiens ;
Parti des communistes de Kirghizie ;
Parti révolutionnaire du peuple laotien ;
Parti socialiste de Lettonie ;
Parti communiste libanais ;
Parti communiste du Luxembourg ;
Parti des communistes du Mexique ;
Parti communiste du Népal (marxiste-léniniste unifié)
Parti communiste de Norvège ;
Parti communiste du Pakistan ;
Parti communiste palestinien ;
Parti du peuple palestinien ;
Nouveau parti communiste des Pays-Bas ;
Parti communiste péruvien ;
Parti communiste portugais ;
Parti communiste de la Fédération de Russie ;
Parti communiste de l’Union soviétique ;
Parti communiste ouvrier de Russie ;
Parti communiste du Sri-Lanka ;
Parti communiste de Suède ;
Parti communiste syrien ;
Parti communiste de Bohème-Moravie ;
Parti communiste de Turquie ;
Parti communiste du Vietnam ;
Parti communiste de Yougoslavie.

NB : Le Parti Algérien pour la Démocratie et le Socialisme a envoyé une contribution aux discussions.