Corée du sud : deuxième semaine d’une grève historique contre la privatisation du rail malgré une répression brutale

dimanche 29 décembre 2013

Corée du Sud Privatisation du rail Vérité en-deçà du 38e parallèle, erreur au-delà ? Prompte à railler l’énigmatique régime nord-coréen, la presse occidentale n’a pas le même étalon pour juger de l’inquiétante dérive autoritaire de son pendant sud-coréen.

La Corée du sud est un pays formidable à entendre nos commentateurs.

On a parfois du mal à imaginer qu’on parle du pays qui menace actuellement le syndicat des enseignants d’interdiction, un pays où la « police secrète » décide du sort d’une élection et lance une chasse aux sorcières pour éliminer le principal parti de gauche.

On nous vante même le « modèle sud-coréen » : ici un exemple de co-gestion harmonieuse travail-capital, là un exemple d’éducation orientée vers le résultat, ou encore là-bas une industrie compétitive tournée vers l’innovation.

On ferme les yeux sur l’endoctrinement de la population dans un nationalisme belliqueux, la destruction de la solidarité par la quête de la compétition et du travail jusqu’à épuisement.

Cachez cette omniprésence des chaebol (installés par les colonisateurs Japonais sur le modèle des zaibatsu, base économique du régime fasciste nippon), monopoles qui contrôlent tout le pays (les logements, les écoles) et ont dans leurs mains le personnel politique du pays.

On ne veut pas voir non plus les grèves historiques menées par la classe ouvrière sud-coréenne. Dans la lignée des grèves étudiantes des années 1980 contre la dictature, de celles ouvrières des années 1990 contre l’ultra-libéralisme.

En ce mois de décembre, plus de 6 500 cheminots, membre du combatif syndicat KRWU, se sont mis en grève pour lutter contre un plan de privatisation rampante du rail sud-coréen. Ils sont aujourd’hui à leur deuxième semaine de mobilisation.

Selon le syndicat, le projet de « Korail » (SNCF coréenne) d’ouvrir les trains inter-cités à l’investissement étranger est le cheval de Troie de la privatisation du secteur, qui s’accompagnerait de hausses des tarifs et de licenciements massifs.

« Dialogue social », « miracle de la co-gestion » ? On ne connaît pas en Corée. La grève a été déclarée illégale, des centaines de jaunes embauchés pour briser la grève et faire fonctionner le réseau … bien que le KRWU ait accepté de laisser un « service minimum » !

« Korail » ne recule pas devant les pires méthodes. Elle a dénoncé 200 syndicalistes aux forces de l’ordre, tout en engageant des mesures disciplinaires internes : elle a déjà lancé la procédure de révocation de 6 000 de ses cheminots !

La répression continue et ce 22 décembre, le siège du syndicat KRWU a été pris d’assaut par 600 membres des forces anti-émeutes armées et cuirassées.

Face à cette tentative de casse brutale de la grève, le moral des grévistes n’est pas entamé.

Les travailleurs du rail overground – les conducteurs, aiguilleurs, contrôleurs – ont reçu le soutien des travailleurs underground – ouvriers de maintenance, équipement – qui ont déposé leurs outils le 18 décembre dernier, amplifiant la paralysie du réseau.

De son côté, la centrale syndicale KCTU – connue pour ses positions de classe contrairement à la centrale FKTU proche du pouvoir – a qualifié ces actes de « déclaration de guerre » contre le travail et appelé à une grève générale le 28 décembre.

L’issue de cette lutte de classes risque d’être terrible, le pouvoir ne reculera devant rien pour mater cette révolte. On ne peut qu’exprimer notre entière solidarité avec les travailleurs sud-coréens et dénoncer le silence honteux de nos médias envers ce qui constitue une violation des droits de l’Homme les plus élémentaires !

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24 décembre 2013

Repris de http://solidarite-internationale-pc...