La question du Sahara occidental sert les intérêts d’un pouvoir qui falsifie la réalité

jeudi 4 octobre 2012

Sur le plan de la légitimité internationale, le Sahara occidental peut tout à fait revendiquer son droit à l’indépendance. Et ce, par le biais des urnes. Mais encore, faut-il que le référendum d’autodétermination puisse être organisé ! A partir de là, nous pourrions enfin nous féliciter de la résolution de ce très vieux conflit.

Cette solution pacifique a du mal à se mettre en place du fait du manque de volonté politique du royaume. En 1975, notre gouvernement a conclu un accord avec le régime franquiste pour un partage du Sahara avec la Mauritanie. Lorsque Nouakchott s’est retiré du territoire en 1978, le Maroc s’est empressé de déclarer que cette partie lui appartenait également. Exemple typique d’une incohérence savamment entretenue qui a conduit le régime marocain dans l’impasse actuelle.

En 1981, Le roi Hassan II acceptait, au sommet des pays africains à Nairobi, le principe d’un référendum d’autodétermination. En 1991, changement de sémantique, on remettait la consultation en cause préférant évoquer un cessez-le-feu. Désormais, il ne s’agit plus que d’autonomie. Voilà illustrée, en trois étapes, l’incohérence patente du régime. A chaque fois que la communauté internationale propose des solutions, le royaume modifie sa position sur le dossier afin de maintenir la région dans le statu quo.

En outre, si la population marocaine appréhende de manière si épidermique la question du Sahara occidentale, c’est surtout par manque d’informations. Prenons pour exemple notre parti, celui de La Voie démocratique, nous n’avons jamais eu accès à la télévision pour faire entendre notre point de vue sur le sujet. Reste que de plus en plus de citoyens commencent à avoir une vision plus juste de la situation. Ils réalisent ô combien le pouvoir exploite la fibre nationaliste afin de détourner l’attention du peuple des problèmes économiques, sociaux et politiques du pays. Ce patriotisme prend notamment ses racines dans les luttes anti-coloniales. Or, notre régime est aujourd’hui pro-colonial, si ce n’est néo-colonial. Le paradoxe est flagrant. Et pourtant, nous avons du mal à faire entendre cette vérité tant le régime actuel s’accapare tous les espaces de pouvoir et d’expression.

Le roi a donc fait de la sacralité de cette question un moyen d’asseoir son pouvoir, de renforcer ses assises, d’en assurer la permanence. Un conflit qui conforte également les structures policière et militaire, leviers essentiels dans l’encadrement du peuple marocain. La question du Sahara occidental sert ainsi les desseins d’un pouvoir qui a tout intérêt à falsifier la réalité. Dernièrement, la controverse autour de l’envoyé spécial Christopher Ross, le fait que l’État marocain lui ait retiré sa confiance, tout cette polémique prouve bien que la communauté internationale s’oppose clairement au Maroc sur la question de fond, celle de la légalité.

Néanmoins, certaines puissances occidentales, comme la France, ont intérêt à ce que ce conflit perdure. Elles profitent ainsi des réserves de pêche comme des ressources en phosphate, elles vendent aussi des armes... Bref, cette situation absurde, ce « ni guerre, ni paix » leur convient sans mal. Ils devront, plus tard, en assumer la responsabilité. En soutenant le plan d’autonomie proposé par le Maroc, la France porte atteinte à la légalité internationale. Jusqu’à aujourd’hui, le Sahara occidental ne demeure-t-il pas un territoire non décolonisé ?

En outre, les relations tendues entre le Maroc et Christopher Ross, suite à la publication d’un rapport très critique, démontrent bien que ce plan n’a pas convaincu la communauté internationale. En Syrie comme en Irak, la France et d’autres pays occidentaux n’ont que la notion de « respect au droit international » à la bouche, il serait bon qu’ils fassent de même lorsqu’il est question du Sahara.

La position de mon parti, La Voie Démocratique, est donc claire : la résolution de la question du Sahara occidental, par le biais d’un référendum d’autodétermination, assurera une paix durable dans la région et permettra de jeter les bases d’une construction maghrébine des peuples. Pour aboutir à cette solution pacifique, les deux parties en présence doivent faire preuve de bonne volonté. Commençons donc par respecter les droits de l’homme au Sahara occidental, laissons les familles se déplacer librement des deux côtés du mur et organisons le déminage de la région. Voilà des premiers signes positifs à même de créer un climat propice pour la réconciliation. Oui, donc au référendum ! Oui donc au droit à l’expression pacifiste des Sahraouis !

Il faut comprendre que tous les peuples vivant au Maroc ont cette souffrance en commun, celle causée par un régime despotique qui ne laisse pas de place à la liberté d’expression. Partant de là, il y a une base d’entente possible entre tous et des intérêts communs, contrairement à ce beaucoup pensent. La question de la démocratisation du pays est intrinsèquement liée à celle du devenir du Sahara occidental. Or, à mes yeux, on ne peut rien espérer du régime actuel.

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Par Said Sougty Responsable des relations internationales à l’étranger du Parti de La Voie Démocratique (Maroc)

02 octobre 2012