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Femme Algérienne : miroir des luttes sociales
lundi 22 septembre 2025, par
Les droits des femmes n’ont jamais avancé seuls. Chaque fois que la classe ouvrière et les forces progressistes constituaient une force agissante et repris l’initiative, les femmes ont gagné en dignité, en droits, en place dans la société. Mais chaque fois que le pouvoir a basculé du côté des classes dominantes, des capitalistes, des intégristes et des conservateurs, ce sont les femmes et surtout les femmes des classes laborieuses qui ont payé le prix fort.
L’émancipation de la femme algérienne ne peut pas se faire sans l’émancipation de la classe ouvrière. C’est une illusion dangereuse de croire que les femmes pourront être libres dans une société où la majorité des travailleurs et des travailleuses vivent dans l’exploitation, le chômage, la misère et l’humiliation.
Après 1962, les choses semblaient aller dans le bon sens. Les femmes ont participé à la lutte de libération nationale, aux côtés des hommes, dans les maquis, les villes, les campagnes. C’était un combat pour l’indépendance, mais aussi pour une vie meilleure, pour la justice sociale, pour une société égalitaire.
Dans les premières années de l’Algérie indépendante, l’État a investi dans l’éducation, dans l’emploi, dans la santé. Des filles de paysans et d’ouvriers sont devenues ingénieures, médecins, enseignantes. Les femmes ont accédé au travail, pas en tant que faveur, mais comme un droit. Un droit conquis par la lutte. Mais ce progrès n’était pas durable, car il n’était pas fondé sur une véritable transformation sociale.
À partir des années 1980, le vent a tourné. Le pouvoir s’est mis au service des importateurs, des affairistes, des réactionnaires. On a privatisé, on a détruit l’industrie nationale, on a étranglé les syndicats, on a réprimé les militants ouvriers. Et au même moment, on a imposé aux femmes le Code de la famille, véritable retour en arrière, qui fait de la femme une mineure à vie.
Ce n’est pas un hasard : c’est une stratégie de classe. Quand on veut écraser les ouvriers, on commence par diviser le peuple. On renvoie la femme à la maison, on l’accuse de « sortir de son rôle », on brandit la religion pour la faire taire. Ce sont les mêmes qui ferment les usines, imposent le chômage, et disent ensuite que la femme prend la place de l’homme sur le marché du travail.
Aujourd’hui encore, malgré toutes les difficultés, des centaines de milliers de femmes travaillent, souvent dans des conditions précaires, sans droits, sans protection. Dans les entreprises privées, elles sont surexploitées, faiblement rémunérés, et sont fréquemment privées de leurs droits les plus fondamentaux, tels que la protection sociale, le congé maternité ou la liberté syndicale. Dans le public, elles subissent le harcèlement, les humiliations, les pressions. Mais elles tiennent bon. Elles se battent. Elles participent aux grèves, aux luttes syndicales, aux mobilisations pour leurs droits.
Elles savent, par expérience, que leur dignité ne viendra pas de lois votées en haut, mais de la lutte menée en bas, dans les ateliers, les écoles, les hôpitaux, les champs. Elles savent que tant que le système capitaliste et patriarcal dominera, elles resteront les premières sacrifiées.
Les femmes algériennes ont prouvé qu’elles sont des combattantes. Mais leur combat doit s’inscrire dans un projet global de transformation sociale. Il ne suffit pas d’exiger des droits pour les femmes : il faut remettre en cause le système tout entier. Tant que les usines appartiendront à une minorité, tant que les décisions seront prises par une élite corrompue, tant que le travail sera source d’exploitation et non de dignité, les femmes resteront des citoyennes de seconde zone.
Dans ce combat, l’ouvrière ne doit pas tomber dans le piège des faux droits de la femme, ni se laisser berner par le faux slogan de la « liberté de la femme » porté par le féminisme bourgeois. Ce féminisme-là est déconnecté des réalités sociales : il vise des intérêts et des objectifs totalement différents de ceux des femmes laborieuses. Alors que ces dernières luttent pour leur survie, pour la fin de l’exploitation et la justice sociale, le féminisme bourgeois défend avant tout la conquête de privilèges individuels dans un système qui maintient les masses populaires dans la précarité. Ce discours individualiste leur vend une illusion de liberté dans un système qui continue de les exploiter. Il fait croire qu’on peut être libre dans une société dominée par le capitalisme et le patriarcat, en se contentant de quelques droits accordés par le pouvoir. Mais tant que les travailleuses restent exploitées, cette soi-disant liberté n’est qu’un mirage, un leurre qui détourne la lutte des femmes laborieuses de leur véritable émancipation.
Pas d’émancipation des femmes sans émancipation des travailleurs.
Pas de liberté pour les femmes sans fin de l’exploitation.
Pas de justice pour les femmes tant que règnent le capital et le patriarcat.
C’est sur le terrain de la lutte des classes que se joue l’avenir des femmes. Et c’est ensemble, femmes et hommes du peuple, qu’il faudra mener ce combat.
Taouès. P
Alger républicain