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Hommage à mon ami et camarade Zoheir Bessa, directeur d’Alger Républicain
Par Omar Bessaoud
vendredi 29 août 2025, par
En ce jour du 28 août 2025 vient de nous quitter à l’âge de 78 ans, notre ami et camarade de longue date le militant Zoheir Bessa, directeur d’Alger républicain et dirigeant du parti de la démocratie et du socialisme (PADS), suite à une longue maladie. Zoheir a milité dès le début des années 1960 alors qu’il était élève au lycée technique de Ben Aknoun.
Après sa licence en sciences économiques de l’université d’Alger qu’il obtient en 1971, il effectue son service national. Il est alors affecté en mars 1972 dans la région de Tiaret comme officier de la révolution agraire. C’est dans cette région qu’il mènera une lutte sans concession contre les grands propriétaires fonciers et résolument aux côtés des paysans pauvres et sans terre.
Ses connaissances du monde paysan et son expérience le conduiront à diriger la section agraire de l’ex PAGS. Pas un article du journal Sawt Echâab, pas une contribution théorique du PAGS qui ne soient marqué à cette époque de son empreinte.
Parallèlement à son activité militante il poursuivra dans les années 1980 des études de magister (avec à la clé une belle étude sur la céréaliculture coloniale) qui lui permettront d’être recruté au sein de l’Institut national de la Planification et des statistiques où enseignera jusqu’à sa retraite en 2023.
Membre du denier comité central du PAGS, il démissionnera et s’attellera à construire les bases d’un nouveau parti ouvrier (le PADS) fondant son action sur les principes du marxisme-léninisme. Après la chute du mur de Berlin, il était fermement convaincu que l’idéal socialiste restait vivant et que celui-ci devait être relayé par l’organisation d’un parti ouvrier. Armé de la théorie marxiste qu’il maîtrisait il brûlait de se rapprocher des ouvriers. D’aucuns le qualifiait d’intolérant. Il l’était certes, voire même inflexibles à l’égard de ceux qui avaient pris leur distance avec le mouvement ouvrier où avaient abandonné leurs convictions communistes, et qui se sont ralliés au régime ou aux principes libéraux ou néo-libéraux. Malade et allongé dans son lit d’hôpital, il me réclamait l’Anti-During d’Engels afin de répondre aux thuriféraires du régime actuel (ou à ceux qui défendent son bilan économique), ou les « thèses d’Avril » ou « L’Etat et la Révolution » de Lénine pour souligner son rapprochement avec la classe ouvrière et la nécessité d’hâter la création d’une organisation révolutionnaire mise au service de l’émancipation du peuple et de ses fractions paupérisées. Il sauva du naufrage le journal Alger républicain qui continuait jusqu’à ces derniers mois à vivre sous sa direction. La dernière déclaration du 7 août dernier qu’il signa de sa main était une déclaration patriotique attirant l’attention des élites nationales et des masses populaires de ne pas tomber dans le piège islamiste qui appelait à manifester le 8 août à la sortie des mosquées. Tout au long de sa vie, Il aura suivi avec courage et lucidité une voie difficile et escarpée, déployant tous ses efforts dans la défense des intérêts des travailleurs qu’il rencontrait dans un minuscule local du journal Alger républicain qu’il payait de sa poche.
C’était un homme bon et généreux, cultivé, tourné vers les autres et très attentif et affectueux vis à vis de sa famille ou de ses amis. Il n’a eu dans sa vie aucune ambition personnelle, sinon de mettre ses forces physiques et intellectuelles au service de la classe ouvrière, et de déployer généreusement son énergie dans des actions de solidarité internationale.
Il a vécu avec tristesse le sort réservé à la cause palestinienne et s’enthousiasmait de toutes les victoires enregistrées ici et là par le mouvement ouvrier. Sa vie a été pleine et comme le disait quelque par Nazim Hikmet, il n’aura pas vécu sur cette terre comme un simple locataire. Que Fouzia, ses filles Assia, Sabrina et Fériel soient assurées de notre soutien et de notre solidarité.
Qu’il repose en paix et que la terre lui soit légère !
Montpellier, le 28 août 2025
Alger républicain