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Alger : Hommage à Mahmoud Darwich
mardi 13 octobre 2009, par
Un hommage à l’immense poète Mahmoud Darwich décédé il y a un peu plus de 14 mois a été enfin organisé à Alger, du 1er au 3 octobre 09 au MAMA.
L’Aarc (Agence algérienne pour le rayonnement culturel) a été chargée par le ministère de la Culture de la réalisation de cette manifestation intitulée : « Mahmoud Darwich, une vie de poésie »
Nous saluons l’organisation de cet hommage bien que nous regrettions qu’il ait été organisé avec un tel retard car Mahmoud Darwich avait fait vibrer les algériens il y a déjà bien longtemps lorsqu’il vint au Palais des Nations, clamer l’immense chant qu’il portait en lui. Depuis, ceux qui l’avaient écouté alors, ne l’ont jamais oublié.
Nous déplorons par ailleurs que d’autres villes du pays n’aient pas rendu hommage à ce poète qui nous a tant donné.
Une exposition de Rachid Koreichi a présenté un travail de l’artiste autour des écrits du poète. Le plasticien, ami de Darwich, a réalisé un cisèlement des mots, d’une grande sobriété avec des éclats incisifs où les lettres se figent avant de repartir comme si l’artiste avait voulu « dessiner » les chemins de poésie du poète.
Dans les espaces d’exposition du musée, les poèmes : " Qacidat Beirouth" et "A ma mère" étaient transcrites sur des panneaux muraux.
Une diffusion en continu de son extraordinaire lecture au Palais des Nations est présentée dans l’un des espaces de l’exposition.
Dans la performance de Nacéra Belaza présentée à salle Ibn Zeydoun, la danseuse a voulu raconter la poésie de Mahmoud Darwich dans la danse et la mise en scène avec le corps devenu à la fois, espace d’expression et champ de travail.
Une lecture de quelques poèmes a été donnée par Inaâm Bioud, à la Villa Abellatif. Un grand regret cependant : ce fut bref. Une vingtaine de minutes à peine alors que beaucoup de gens étaient venus pour écouter la poésie de Darwich. Quel dommage !
Nous avons par ailleurs, particulièrement apprécié le talent avec lequel Moneim Adwan a fait jouer son aoûd avec les vers du poète en filigrane, lors du récital donné à la salle Ibn Zeydoun. Un travail de qualité.
Les écrivains, poètes, romanciers et traducteurs présents lors du colloque ont apporté des contributions de haut niveau. Nous avons noté la présence deFarouk Mardam-Bey, Abbas Beydoun, Breyten Breytenbach, Mohamed Bennis, Rachid Boudjedra, Adel Karachoukli, Luiz Gomez Garcia, Francesca Corrrao, Inâam Bioud, Najwan Darwich...
Beaucoup de présence à ce colloque. Des intellectuels, des poètes, des écrivains, des chercheurs, des enseignants qui sont venus pour en savoir un peu plus sur Darwich et l’interprétation de son œuvre.
Nous avons écouté ceux qui l’ont connu, parler de lui, de son travail, de son parcours et de sa vie avec une amitié profonde. Un regard extrêmement constructif dans la présentation du poète qui a su offrir en plus de sa poésie, son amitié.
Mahmoud Darwich est non seulement l’un des plus grands poètes arabes ainsi qu’il est généralement qualifié mais c’est absolument l’un des plus grands poètes du monde. Il n’a peut-être pas obtenu le prix Nobel comme il le méritait grandement mais il est pour toujours ce poète qui a su avec la plus grande élégance, un extraordinaire brio et une fulgurante puissance, rénover, alléger et faire valser la langue arabe grâce à sa poésie. Il est le premier poète arabe à avoir atteint un tel niveau de liberté et de « mise à disposition » de la langue, pour la dénuder, la refaçonner, la mettre au service d’une écriture fulgurante. Ses images d’une puissance magistrale et l’atteinte d’une telle simplicité dans l’expression de la langue utilisée nous apprennent à parler arabe dans le poème.
Mahmoud Darwich a libéré la langue arabe avec talent.
Il offre un verbe qui donne à penser que ses poèmes sont d’accès aisé. Comme le disait très justement Farouk Mardam Bey durant le colloque, « les gens pensent que les poèmes de Darwich sont faciles ».
Et l’on sait que les poèmes de Mahmoud Darwich, extrêmement profonds, contiennent et offrent sans crier gare, de bouleversantes apparitions inattendues.
Même si la poésie de Mahmoud Darwich est un étai qui tient l’esprit éveillé, nous sommes orphelins d’une création géniale et libre.
En conclusion, nous pouvons dire que s’il est appréciable qu’une telle manifestation ait été organisée, nous attendons que les pouvoirs publics fassent en sorte qu’au-delà des actions ponctuelles, des actions pérennes soient mises en place.
La mémoire d’un poète comme Mahmoud Darwich doit être préservée et entretenue dans notre pays de façon réelle, durable et constante. Pour cela, il serait grandement temps que la poésie d’un tel poète et d’autres grands poètes du monde, soit disponible en librairie tout le temps et pas seulement dans les périodes de foire, festivals ou autres manifestations. Il n’est pas interdit de rêver...
La poésie de Darwich doit être accessible et mise à la disposition des écoliers, collégiens, lycéens et étudiants non seulement par son enseignement de manière déterminée mais également par sa disponibilité réelle et constante dans les bibliothèques lorsqu’elles existent et dans toutes les librairies du pays à des prix qui doivent être étudiés et rendent le livre accessible. C’est cela le véritable et réel grand hommage que notre pays peut rendre à ce poète magistral et aux autres écrivains du monde également, surtout lorsque nous clamons partout que nous avons arabisé l’enseignement et qu’il est aisé de constater que nous n’avons en réalité que très peu fait pour apprendre aux jeunes à rechercher la culture
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Ouahiba Abli
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[1] Programme : - 1er octobre 09 :
– Exposition de Rachid Koreichi au Mama (Musée d’art moderne d’Alger) : « Une nation en exil »
– Performance de danse contemporaine de Nacéra Belaza
– 2 octobre 09 : Lecture de poèmes de Mahmoud Darwiche à Dar Abdellatif par Inaâm Bioud
– Lancement d’une résidence d’écriture pour deux poètes.
– Concert de Moneim Adwan, quatuor palestinien à la salle Ibn Zeydoun.
– 3 octobre 09 : Colloque : « Hommage à Mahmoud Darwich »