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« C’est le marché qui régule l’économie »

vendredi 26 janvier 2018, par Alger républicain

C’est le leitmotiv des forces droitières, de Benyounes en particulier, pour justifier leur aversion vis-à-vis de la planification et de tout autre regard de l’État sur les activités des patrons privés.

Pour vérifier cette affirmation il est utile de voir la configuration actuelle de la sphère économique au niveau mondial. Avant tout il faut comprendre qu’il n’existe pas sur terre d’Homme qui ne contribue pas de manière active ou passive à la vie sociale motif essentiel de l’économie. C’est justement par son génie et sa force de travail que l’Homme crée et développe ses moyens d’existence qui sont devenus des objets de marché. Depuis l’état primitif sa préoccupation essentielle reste comment pérenniser son existence face aux différents phénomènes inhibiteurs tels que les maladies, les intempéries, les séismes, la famine, les guerres etc. Ainsi d’expérience en expérience l’humanité a appris à améliorer ces outils de manière à produire ce dont elle a besoin à chaque étape du développement qu’elle génère.

Aujourd’hui l’humanité produit quelques millions de différents produits pour les besoins de la construction de bâtiments, de route, de la santé, de l’alimentation, du transport, de la production industrielle, de l’agriculture, etc. Chacun de ces produits nécessite l’intervention de plusieurs branches industrielles dans les domaines de matières premières, de la technologie des matériaux, de la chimie, la sidérurgie, l’usinage etc.

Leur fabrication passe par des opérations qui sont réalisées de manière successive par plusieurs entreprises. Il n’existe plus de produit qui soit fabriqué de manière industrielle par une seule entreprise. Le développement démographique de la population mondiale entraîne celle des besoins nécessaires à la vie. Les méthodes de production pour y subvenir nécessitent une division de travail qui associe plusieurs branches et entreprises industrielles. Certains produits nécessitent l’intervention de plus d’une centaine d’entreprises et de branches industrielles différentes, comme par exemple la voiture, le téléphone portable, une maison, etc. Ceci pour mettre en évidence une partie de la complexité qui caractérise la production industrielle des besoins nécessaires à la survie de l’humanité. Cette complexité est aggravée par les conséquences de l’intervention de la bourgeoisie et son mode de production le capitalisme dans l’histoire de l’humanité. Ce mode de production motivé par le profit et uniquement par le profit a généré des processus d’affrontements interminables qui opposent d’une part les forces bourgeoises et les masses prolétariennes qu’elles exploitent dans les pays capitalistes développés, et, d’autre part ces pays capitalistes développés aux pays sous-développés en vue d’exploiter aux prix symboliques les richesses qu’ils recèlent. Ces affrontements, sans retenue où tous les coups sont permis, découlent du but même de l’entreprise capitaliste de réaliser des profits les plus grands possibles. C’est le marché qui leur sert d’arène. Il ne s’agit bien sûr pas du marché hebdomadaire des villages de chez nous, qui ne sont pas aussi exempts d’affrontements, mais d’un marché virtuel à dimensions planétaires où s’écoulent, par des transactions inobservables, des millions de types de produits. Le marché, alors, ne se limite pas uniquement à la mise à disposition du produit fini, il concerne aussi toutes les relations de coopérations interentreprises. Plus que cela ces relations sont souvent soutenues par d’autres toutes aussi complexes telles que les procédures financières, les assurances, etc. lesquelles sont aussi des objets de marchés.

Dans chaque domaine de chaque sphère économique il existe des milliers d’entreprises qui fabriquent le même produit. Généralement elles produisent sans connaître les besoins réels ni même les quantités fabriquées par d’autres entreprises. Il faut savoir aussi que dans la majorité des cas se sont les sociétés commerciales qui mettent les produits à la disposition des consommateurs. Lorsque les quantités de produits mises sur le marché sont supérieures aux besoins, les prix des produits baisseront automatiquement ce qui occasionne des pertes aux fabricants. Dans de telles situations seules les entreprises qui ont les grands moyens peuvent résister aux aléas du marché. Il s’agit généralement d’entreprises qui associent plusieurs intervenants dans la chaîne de production d’un produit depuis la matière première jusqu’à sa fabrication. Celles-ci transcendent souvent les Etats et ne rendent compte qu’aux propriétaires de capitaux investis.

Ces sociétés multinationales, pour pérenniser leur puissance sur le marché au niveau mondial, ont imposé à la faveur de la mondialisation, dans le cadre de l’OMC, des dispositions qui éliminent toute concurrence. Elles utilisent un arsenal de facteurs techniques et technico-économiques pour imposer des critères qui les mettent au-dessus de tous les concurrents telles que les normes, les barrières douanières, etc. Il s’agit d’entreprises d’importance mondiale des multinationales qui n’ont de comptes à rendre qu’aux propriétaires des capitaux investis. Sachant que ces dispositifs de protection de leurs intérêts ne peuvent les prémunir contre tout surtout pas contre d’éventuelles révolutions elles ont alors créé leur armée l’OTAN.

Depuis que le tarissement des gisements de certaines matières premières s’est avéré une réalité irréversible les propriétaires de ces sociétés ont fait agir leurs pays respectifs, conformément à des plans préétablis pour s’accaparer de ce qui reste des richesses naturelles au niveau de toute la planète. Ces pays ont d’abord reformé l’ONU et ses institutions en ajoutant des dispositions qui leurs permettent de s’ingérer dans les affaires d’autres pays pour soi-disant la protection des minorités, des droits de l’hommes, la démocratie, etc. Ils ont alors créé des armées de mercenaires entrainées et dotées d’armes sophistiquées dont l’objectif est de créer des foyers de tensions qui justifieraient les interventions de leurs armées et de l’OTAN sous couvert de l’ONU dans les pays qui recèlent le reste des matières premières afin d’installer des pouvoirs politiques qui leur sont acquis. C’est ce qui se passe au Moyen Orient et en Afrique. Et ceci n’est pas le fruit du hasard c’est l’aboutissement de stratégie édifiées, planifiées et soutenues par des administrations sophistiquées qui contrôlent et régulent tous les flux physiques et virtuels du marché. Quand les moyens administratifs ne suffisent pas ils utilisent le terrorisme et bien sûr les missiles et tout autre moyen de régulation à leur disposition.

C’est à quelque chose près le marché auquel Mr Benyounes et compagnie veulent confier la régulation de l’économie nationale et paraît-il c’est la démocratie qui l’exige. Une démocratie de ceux qui ont le pouvoir d’exiger des autres de se conformer à leur bon vouloir.

Ammar HADI
26.01.18