Un voyage singulier : deux peintres en Algérie à la veille de l’insurrection (1951-1952).

jeudi 10 décembre 2009
par  Alger républicain

L’association Art et mémoire au Maghreb a organisé le 7 décembre 09 ? la Bibliothèque Municipale Nelson Mandela de Vitry sur Seine le vernissage d’une exposition de dessins de reportage intitulée :

Un voyage singulier :

deux peintres en Algérie
à la veille de l’insurrection (1951-1952).

Mireille Miailhe et Boris Taslitzky.

Commissaire de l’exposition : Anissa Bouayed.

L’exposition se tiendra jusqu’au 2 janvier 2010.

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Un voyage singulier

Un public nombreux était présent pour faire connaissance avec le travail de deux artistes d’une grande sensibilité et d’un engagement de haut niveau à l’égard du peuple algérien et de ce qu’il a enduré pendant la colonisation.

Les dessins exposés sont de véritables portions de vie et d’existence des êtres et des lieux présentés.
Les deux artistes avaient été envoyés en Algérie par le Parti Communiste Français (PCF) en 1952.

Henri Alleg, dans la préface du catalogue de l’exposition dira : « Mireille Miailhe aussi bien que Boris Taslitzky, arrivant en Algérie, n’avaient pu qu’être séduits eux aussi par ces paysages éblouissants de verdure et d’azur, par la merveilleuse harmonie de ces anciens édifices d’avant la conquête encore éclatants de blancheur mais ils n’étaient pas venus pour peindre ce que d’autres avaient déjà, et depuis bien longtemps, si magnifiquement exalté. Leur ambition sera de dire la vie des femmes et des hommes de cette Algérie coloniale dont les porte-parole de la France officielle continuaient de proclamer qu’elle était une terre française, un »prolongement de la métropole", heureuse de vivre à l’ombre du drapeau tricolore.

Mireille et Boris ne s’y laisseront pas prendre. Ils peindront tout simplement ce qu’ils voyaient et contribueront à faire connaitre la vérité au peuple français et au monde…. Cinquante ans plus tard, ces extraordinaires documents témoignent encore« En parcourant l’exposition on a l’impression d’être replongé dans l’époque et de se promener dans les rues aux côtés des personnages habitant les tableaux. Les traits sont d’une grande discrétion mais réalisent en même temps de vrais flashs d’un peuple laborieux et inquiet. »

Comme le dit Anissa Bouayed dans le catalogue d’exposition dans lequel elle rappelle les conditions historiques de l’époque : « Mireille Miailhe et Boris Taslizky ont saisi et restitué avec une extraordinaire acuité la tension extrême des êtres et des situations, à la campagne ou dans les villes qu’ils ont traversées. »

Il conviendra de noter qu’ « en 1953, la Préfecture de police de Paris a fait arracher les affiches de la première exposition des deux peintres »Algérie 1952" ajoutera Anissa Bouayed.

Cette très belle exposition a été préparée sur la base des principes de travail et de l’orientation de l’association dont les objectifs sont principalement :

  • Le recensement, le recueil et la conservation des œuvres artistiques et culturelles concernant les rapports entre l’Algérie et la France, en particulier pendant la période coloniale et la Guerre d’indépendance.
  • Œuvrer à une mémoire de cette histoire sur la base des droits de l’homme et donner accès aux œuvres recueillies, dans les milieux scolaires en Algérie et en France.

L’association se donne également pour mission la mise en œuvre du partage d’un patrimoine artistique dans une démarche de rigueur historique.

Il est réconfortant de voir un tel travail pris en charge même si ce n’est pour l’instant qu’avec les modestes moyens d’une association.

Nous saluons l’association Art et Mémoire au Maghreb pour ce travail et les engagements qu’elle s’est donné pour contribuer à la restitution aux peuples du Maghreb de leur mémoire et de l’essence de ce qui les a fondés.

Il est important que par cette exposition, les jeunes et ceux qui ont oublié puissent redécouvrir ce que fut l’Algérie autrefois et comment les artistes par leur art et leur engagement ont pu faire parler ce pays lorsqu’il n’avait pas le droit à la parole.

La mémoire est encore, toujours et plus que jamais à construire au moment où dans le pays, la folle passion pour l’argent rapide et les bizness éphémères d’une bourgeoisie sans foi ni loi, fleurissent partout et côtoient dans la plus grande indifférence la situation des travailleurs affrontant seuls la rigueur des temps difficiles que traverse le pays en raison d’un dérèglement échevelé des normes et des principes pour lesquels l’Algérie s’est battue.

Nous noterons pour finir la restauration d’une œuvre de M’Hamed Issiakhem : « Alger 1960 » et nous saluons l’association pour ce travail ainsi que pour les missions qu’elle a réalisé.

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Ouahiba Abli


site web de l’association Art et Mémoire au Maghreb : http://artetmemoire-maghreb.com