Le Maroc est riche de soleil L’Algérie ne l’est-elle pas ?

vendredi 5 février 2016
par  Alger républicain

La première tranche des travaux de l’installation de la plus grande centrale solaire au monde, au sud d’Ouarzazate au Maroc, a été inaugurée le 4 février par le monarque marocain. Une fois terminée, cette centrale aura une superficie égale à celle de la capitale chérifienne, Rabat, c’est dire l’importance de ce projet. Elle assurera, nous dit-on, la moitié des besoins du pays. C’est ce que nous annoncent les agences de presse. Cela pour l’information sur les énergies renouvelables… à l’étranger.

Le Maroc disposant dans son Sud de beaucoup de soleil, les rayons infrarouges ne font pas défaut dans ce pays. Et dans le nôtre qu’en est-il, se demandera-t-on ? Le soleil serait-il moins abondant et les rayons infrarouges moins généreux chez nous ? Que non, il brille aussi abondamment, bien plus de 3 000 heures d’ensoleillement par an dans les vastes espaces sahariens. Mais qui se réjouit de cette abondante ressource ? Déjà, dans les années 75 des scientifiques de chez nous en poste à l’observatoire de Bouzareah, s’étaient heurtés à la plus grande indifférence des autorités. Au cours d’une discussion avec le ministre responsable du secteur des énergies, ils avaient été poliment renvoyés à leur expérience acquise, à leurs essais : « Vous n’êtes pas réalistes, leur avait-on dit à ce moment. Avec toutes nos richesses en gaz, vous venez nous parler d’énergie solaire. Vous êtes de doux rêveurs peu réalistes, finalement vous n’êtes que des utopistes ! » Il n’était pas venu à l’esprit de ce ministre que ces ressources en gaz n’étaient pas inépuisables. Absence d’anticipation ?

L’un de nos chercheurs un peu avant-gardiste, Abderrahmane Bouchama, un homme érudit, avait rêvé sans « utopie » mais avec réalisme à d’immenses installations solaires, en damier pour tenir compte de la trajectoire du soleil et ne pas exposer tout au long des journées brulantes toutes les surfaces cultivées aux rayons du soleil saharien. La richesse des nappes permettait d’innover en la matière, il avait envisagé de d’implanter des parcelles de culture de fruits et légumes alternées avec les panneaux solaires posés sur une structure à deux mètres de haut. Mais aucune autorité n’avait pris son projet au sérieux.

Peut-être attendra-t-on l’épuisement total de notre gaz pour envisager sérieusement des moyens de substitution à notre prévisible manque de ressources. Il est vrai, nous n’allons pas le taire, que des premiers pas sont engagés dans ce domaine, mais des petits pas, vraiment petits sans que l’on se mobilise à fond dans ce nouveau domaine. Et lorsqu’un projet comme celui de Ras el Ma se précise, on l’annule « pour faire des économies »… on l’annule… et l’on verra bien, plus tard.

.

Malik Antar

05.02.16