Le secteur privé dans notre pays et ses réalisations… Les privatisations qu’ont-elles vraiment apportées au peuple allemand de la RDA ?

mercredi 3 février 2016
par  Alger républicain

Un des sites algériens dirigé par un homme d’affaires, ses affaires sont diverses, qui en était jusque-là le directeur général - pour ne pas le nommer il s’agit de Kamel Haddar - s’est désisté de son site initial pour tenter de faire fructifier de bonnes affaires ailleurs, peut-être en créant un autre site, « moderne et de progrès », celui-ci, précise-t-il. Ainsi, il veut créer des sociétés de production (production de quoi ?) et des écoles privées de journalisme.

Pour avancer dans son discours, il déplore que toutes les entreprises de secteur public n’aient pas encore été privatisées. Ses louanges du secteur privé pour « sauver » notre économie sont sans limite, et sans scrupule aussi. Par exemple lorsqu’il fait référence, pour s’en inspirer, à la prétendue réussite de l’expérience allemande après l’annexion et les privatisations par l’Allemagne de l’Ouest de celle de l’Est. Soit ses sources d’information sont erronées, soit il est de la plus grande mauvaise foi. Soit encore il est victime de graves dommages chromosomiques. Mais nous penchons pour la seconde hypothèse, car la plus vraisemblable ! Puisse le sort le libérer du firmament de l’utopie et de la démagogie mensongère !

En effet, comment peut-on vanter les privatisations des industries, de l’éducation et de la santé publique, des logements et autres services dans ce pays qui devint, sous le socialisme, la huitième puissance économique du monde alors qu’elle avait subi les plus grands dégâts durant la seconde guerre mondiale. Dégâts volontairement provoqués par les aveugles et incessants bombardements des puissances impérialistes anglo-américaines dans les années 1940 alors que la fin de la guerre approchait.

C’est bien mal connaître l’histoire de ce pays, de vouloir de surcroit s’en inspirer en omettant de rappeler que dès la fin de la guerre et sa libération par l’Armée rouge, la RDA fut l’objet d’interminables agressions, tant politiques que matérielles, embargo, etc. etc. de ces mêmes puissances impérialistes qui n’hésitèrent pas à voler au secours de cette Allemagne de l’Ouest, la RFA, héritée du nazisme :

  • en la dispensant de payer ses dettes de guerre,
  • à bâcler le procès de Nuremberg [1] qui, tout compte fait, n’a concerné qu’une poignée de nazis
  • et à user des mensonges les plus inimaginables et de toutes sortes de provocations pour tenter de la déstabiliser allant même jusqu’à contraindre ce pays à construire un mur à Berlin afin de se protéger des mille et une provocations.

Sans pudeur aucune, ce mur construit à partir de la mi-août 1961, fut baptisé par les Occidentaux « rideaux de fer » ou « mur de la honte » durant la guerre dite froide. Ce monsieur Haddar veut également mais sciemment ignorer la grande solidarité que ce pays et son régime authentiquement socialiste, manifesta à notre égard durant notre guerre de libération nationale, contrairement à la RFA capitaliste.

Rappelons au passage l’énorme effronterie de tous ces propagandistes médiatiques « humanistes » de l’impérialisme qui ne soufflent mot de l’édification de murs à travers nombre de pays de l’Europe maintenant totalement capitalistes pour tenter, probablement en vain, de mettre un frein à l’arrivée de vagues de dizaines de milliers d’émigrés fuyant leur pays pillés par l’impérialisme quand ils ne perdent pas la vie dans les naufrages.

Malgré ce mur dont elle avait elle-même provoqué la construction avec l’aide de divers pays impérialistes, l’Allemagne de l’Ouest, la RFA, ne manqua pourtant pas de reconnaître la RDA en tant qu’Etat indépendant comme de nombreux pays dont le nôtre.

Souvenons-nous des premières provocations commencées avec celle que l’on appelait la « chienne de Buchenwald ». Cette nazie avait été kapo et avait aidé à semer la mort dans ce camp de prisonniers où étaient parqués des Juifs, des Tsiganes, des Maghrébins, des progressistes et des militants communistes allemands nombreux à avoir résisté au nazisme. Elle fut envoyée par le pouvoir de la RFA pour provoquer des désordres à Berlin où le mur de protection n’avait pas encore été bâti. Mais elle fut rapidement découverte et ses provocations cessèrent… pour être remplacées par d’autres provoquées par des pronazis toujours soutenus par les autorités de l’Allemagne de l’Ouest et les autres Etats impérialistes.

Mais revenons à la question des privatisations. Qu’en est-il aujourd’hui de cette politique de privatisation et d’annexion supposée apporter la liberté et le bien-être aux Allemands de l’Est ? Pas grand-chose ou plutôt rien ! Ce pays qui ignorait le chômage, l’insécurité en matière de santé publique et dans lequel l’éducation nationale était une priorité et à la portée de tous, la satisfaction en matière de logements et de nombreux autres éléments, connaît maintenant toutes les plaies du capitalisme et ce dans tous les domaines. Les travailleurs de la nouvelle Allemagne, tant vantée par les médias et aveuglement par monsieur Haddar, loin de constituer un exemple voient leurs conditions de vie se dégrader constamment. Ces travailleurs connaissent aujourd’hui un degré de pauvreté jamais atteint jusqu’alors.

La plus grande partie de la population de la RDA, en particulier les classes laborieuses regrette maintenant, comme dans tous dans les pays ex-socialistes, cette malheureuse expérience d’annexion et de privatisation à tout va. Les bonnes conditions de vie qu’elle avait connues et l’épanouissement des travailleurs qu’avait permis durant sa courte existence le socialisme en RDA ne sont plus que de bons souvenirs.

Dans notre pays, préconiser la privatisation totale comme le fait Kamel Haddar permet de ne pas chercher les véritables solutions, de situer les vraies responsabilités, de détourner la tête sur les raisons des insuffisances et des sabotages qu’ont connus nos sociétés du secteur public par diverses composantes de notre sociétés, celles de la bourgeoisie. Destructions de nos entreprises commencées par l’ex-président Chadli qui s’était mis au service de la bourgeoisie compradore et autres prédatrices.

Ignorer les réalisations du socialisme, c’est aussi se taire aujourd’hui sur l’apparition d’Etats fascisants ou carrément fascistes avec la réhabilitation du nazisme ou du fascisme dans les pays où fut tentée l’expérience pourtant réussie du socialisme.

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Abdelkader Hamidou

02.02.16


[1Le président de l’Allemagne de l’Ouest, «  élu  » chancelier après la seconde guerre mondiale, le nommé Kurt Kiesinger était un ancien nazi, de même que Gehlen le chef des services secrets d’Hitler. Prétendument opposé au führer, Reinhard Gehlen avait été reconduit dans ses fonctions immédiatement après le conflit. Ce ne furent pas les seuls anciens nazis à occuper de hautes fonctions en RFA, ils furent légion.