Ne pas oublier les martyrs de la guerre de libération

samedi 5 janvier 2013
par  Alger republicain

Un lecteur nous a adressé ce message :

Le "chahid Rouchai Boualem, dit Si Zoubir, chef de la zone autonome d’Alger et principal instigateur des contre-manifestations du 11 décembre 1960 à Belcourt est mort les armes a la main un mois après avoir accompli son devoir de nationaliste, le 11 janvier 1961 (voir les quotidiens algérois du vendredi 13 janvier 1961 ) c’est-à-dire récupéré et transformé la manifestation gaullienne d’ « Algérie algérienne » par le slogan « Algerie musulmane » ... crée par lui.
A-t-il droit aux honneurs de la part des dirigeants de son pays, aujourd’hui libre et indépendant ? ”
(Lettre d’un membre de la famille du chahid).

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Note de la rédaction d’Alger républicain :

Les manifestations du 11 décembre ont été un tournant dans la guerre de libération. Dans tout le pays des centaines de milliers d’Algérien ont bravé une répression sauvage et sanglante pour marquer leur refus du plan du général De Gaulle.
Ces manifestations ont mis en échec son plan de création d’une « 3e force » visant, dans le cadre de la « paix des braves » à isoler le Gouvernement Provisoire de le République Algérienne comme seul représentant du peuple algérien en lutte pour son indépendance, à entamer des pourparlers formels avec de prétendus représentants désignés comme tels par les colonialistes : MNA de Messali Hadj, engagé dans une lutte armée féroce contre les patriotes, « béni-oui-oui » et quelques dissidents de l’ALN démoralisés par la violente offensive menée par l’armée française sous la direction du général Challe, futur chef du putch fasciste du 21 avril 1961. Le plan de De Gaulle avait pour objectif de transformer l’Algérie en néo-colonie pour conserver ses régions les plus riches et le Sahara sous le contrôle de l’impérialisme français.

Les manifestations du 11 décembre ont donné un nouveau souffle à la lutte de libération. Elles ont obligé l’armée française à éparpiller ses forces dans d’innombrables villes, à alléger leur pression sur l’Armée de Libération Nationale. La lutte devint une lutte de masse sur toute l’étendue du pays, combinant manifestations de rues et actions armées jusqu’au plus petit village algérien. Elle asséna un coup fatal à la propagande colonialiste cultivant le mythe de la « fraternisation » lors des émeutes organisées par les ultra-colonialistes le 13 mai 1958 et la fin du Front de Libération nationale. Les maquis connurent un afflux de jeunes patriotes. Elles ont eu aussi pour résultat de briser l’esprit défaitiste et la démoralisation qui avaient commencé à s’emparer d’un grand nombre d’Algériens et même de quelques responsables de l’ALN, par suite des conséquences des opérations militaires massives engagées après l’arrivée de De Gaulle au pouvoir en 1958.

A partir de ces manifestations, les dirigeants colonialistes n’avaient plus d’autre choix que d’entamer des négociations avec le GPRA. Leurs manœuvres pour en écarter le GPRA allaient lamentablement échouer face à l’unité politique profonde qui s’était renforcée durant ces journées historiques entre les masses populaires et leurs représentants, le GPRA et le FLN-ALN.

Cette lutte aurait pu cependant s’élargir, s’organiser en profondeur et sous toutes les formes si certains dirigeants du GPRA, comme Ferhat Abbas, son président, n’avaient pas appelé le peuple quelques jours à peine après le 11 décembre à les arrêter. En fait, les courants bourgeois du GPRA semblaient éprouver des frayeurs devant l’irruption inattendue du peuple dans cette lutte. Ils ne voulaient pas que le peuple apprenne à prendre des initiatives de masse échappant à leur contrôle et imprimant à la lutte pour l’indépendance des objectifs populaires de classe qui auraient marqué le contenu social et politique du futur État algérien.