Sidi Saïd, « la fête du travail » et la solidarité nationale Parlons-en !

samedi 9 avril 2016
par  Alger républicain

Dans sa rubrique « Evénement » le journaliste d’un quotidien national titre

«  Le premier Mai, la fête travailleurs sera cette année une expression de solidarité nationale et internationale avec la cause sahraouie. »

Cette journée sera célébrée avec la bénédiction du président de la République. Accordons à ce journaliste que cette journée sera une journée de solidarité avec le peuple sahraoui. Encore que ! Pour sa part, Abdelmadjid Sidi Saïd a déclaré que l’OUSA (Organisation de l’Unité Syndicale Africaine) devait adresser une lettre au secrétaire général de l’ONU avant le 10 avril courant. C’est bien, mais depuis quand une simple lettre, de caractère plus ou moins diplomatique, peut-elle venir en aide aux Sahraouis ? Il est vrai aussi, signalons-le par souci d’objectivité, qu’un convoi de 30 semi-remorques chargés de divers denrées prendra la route en direction des camps de réfugiés sahraouis. Mais qu’est-ce par rapport aux besoins réels de ce peuple, de la charité ou un geste de solidarité ?

Dans sa conférence de presse Sidi Saïd a également appelé l’ONU à respecter ses engagements pour « éviter une radicalisation, notamment des jeunes, » que veut-il dire par radicalisation ? Ce terme générique comprend-il la lutte armée ? Il ne l’a pas précisé, car il mise surtout sur la « voie pacifique ». Cette voie pacifique est-elle souhaitable ? Oui, certainement. Mais est-elle en mesure d’accélérer la libération d’un peuple colonisé ? C’est à voir !

Les Algériens aussi avaient souhaité une voie pacifique pour se libérer de l’impérialisme français, mais celui-ci, comme tous les impérialismes, n’a rien voulu savoir, il a poursuivi son impitoyable colonisation avec la plus violente répression.

C’est par les armes lié à l’action politique que notre peuple s’est libéré. Le pouvoir colonialiste marocain est-il de nature différente ? C’est non. Sans la lutte du peuple sahraoui, quelle que soit sa forme, cette même situation se perpétuera. C’est à ce peuple frère de décider la forme du combat qui le conduira à sa libération et non à Sidi Saïd de prôner ou conseiller telle ou telle forme du combat libérateur.

Et dans quel pays cette fameuse voie pacifique a-t-elle conduit à la libération d’un peuple ? Nulle part, bien entendu, ni en Afrique ni en Amérique Latine ou dans les Caraïbes et encore moins en Asie, le peuple vietnamien confronté à l’impérialisme français puis US en sait quelque chose ! Les négociations pour un cessez-le-feu ont toujours été imposées par la fermeté des combats jusqu’à la défaite des forces impérialistes.

Mais revenons à la conception de la solidarité nationale selon Sidi Saïd. Cette « fête des travailleurs », pour reprendre l’expression de ce journaliste, et la solidarité nationale affirmée par le secrétaire général de l’UGTA, en quoi consistent-elles ? Seulement en une journée chômée et payée ? En une journée de « cohésion sociale », c’est-à-dire à ne plus se battre pour améliorer leurs conditions de vie, pour trouver un emploi ou le conserver lorsqu’ils en ont un, à se taire, à cesser leurs luttes devant l’exploitation par le patronat oppresseur ?

Si les travailleurs ne s’étaient battus, il n’y aurait jamais eu aucune « fête » du 1er Mai. Les colonialistes français eux-mêmes avaient été contraints d’accorder cette journée aux travailleurs dans notre pays. Ce furent souvent des journées de luttes sanglantes, y compris en 1945 dans la capitale.

Les travailleurs et les chômeurs auront-ils le cœur à festoyer ? Certainement pas avec leurs incessants et quotidiens soucis pour boucler les difficiles fins de mois, nourrir, soigner, loger leur famille ou encore faire suivre des études à leurs enfants dont l’avenir est totalement bouché. Ils ne sauteront probablement pas de joie contrairement aux souhaits trompeurs et démagogiques du secrétaire général de la centrale syndicale, grand collaborateur s’il en est, avec le pouvoir et la bourgeoisie en place. Le 1er Mai est une journée de lutte contre l’impitoyable capitalisme et l’impérialisme dans notre pays et ailleurs dans le monde.

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Malik Antar

05.04.16