Bouteflika renonce au 5e mandat : Le mouvement populaire arrache une première victoire mais le combat continue

mardi 12 mars 2019
par  Alger républicain

Bouteflika renonce à un cinquième mandat et décide de reporter la tenue de l’élection présidentielle. Il démet de son poste de chef du gouvernement Ouyahia, l’homme des basses besognes du pouvoir le plus haï par le peuple pour son mépris pour les modestes gens et son arrogance. Il le remplace par le ministre de l’Intérieur et désigne au poste de vice-premier ministre et de ministre des Affaires étrangères Lamamra. Ce dernier, diplomate expérimenté, est un homme rassurant pour les Etats impérialistes et donc chargé d’obtenir leur appui à l’application du nouveau plan du régime.
Telles sont les premières décisions prises par Bouteflika au lendemain de son retour de Genève après 15 jours de soins.

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Du balcon qui surplombe la place Maurice Audin on découvre l’immense cortège des manifestants du 8 mars contre le 5e mandat de Bouteflika

Bouteflika promet une nouvelle révision de la Constitution, un référendum populaire et une élection présidentielle. Ces tâches seront confiées à une « conférence nationale inclusive »
Le plan pour désamorcer le mouvement populaire ascendant repose sur la convocation de cette « conférence nationale inclusive … équitablement représentative de la société algérienne comme des sensibilités qui la parcourent » et « dotée de tous les pouvoirs nécessaires à la discussion, l’élaboration et l’adoption de tous types de réformes devant constituer le socle du nouveau système » avant la fin de l’année 2019.

Sa décision de ne pas se représenter à l’élection présidentielle et l’éviction d’Ouyahia ne répondent pas à la colère des masses populaires. La grande majorité des manifestants de ces derniers jours aspirent fondamentalement à un régime débarrassé de la corruption, de l’arbitraire et des inégalités sociales. Malgré leur caractère limité et spectaculaire, ces mesures sont les premiers fruits du mouvement populaire massif spontanément déclenché au lendemain de la décision de Bouteflika de briguer un 5e mandat. Une première victoire face aux gangs abrités derrière le portrait d’un homme impotent depuis son AVC de 2013. Cette invalidité physique n’excuse en aucune manière Bouteflika. Il est demeuré suffisamment conscient pour avoir continué à couvrir leurs malversations, le pillage des revenus pétroliers, l’achèvement de la destruction du secteur public productif, entamé avant lui par les équipes contre-révolutionnaires et anti-nationales qui se sont succédé depuis l’époque de Chadli, l’exploitation féroce des travailleurs réduits à l’impuissance par un arsenal de lois anti-ouvrières et anti-démocratiques, le tout sanctifié par les discours mensongers des gouvernants sur la stabilité du pays face aux dangers extérieurs.

Qui désignera les participants à cette conférence, comment et sur la base de quels critères ? Bouteflika ou les hommes qui se tiennent derrière lui, ne le disent pas et ne peuvent le dévoiler pour le moment
Il est clair que pour les classes possédantes et leurs politiciens influents, ultra-médiatisés, au pouvoir ou dans l’opposition de surface, l’heure est aux tractations dans les coulisses. Elles cherchent une solution et un nouveau compromis institutionnels de nature à protéger leurs intérêts égoïstes contre l’ouragan populaire. Elles ont peur par-dessus tout que ce mouvement populaire inorganisé échappe aux groupes coordonnés qui se cachent sous les réseaux sociaux, passe à un stade supérieur de conscience et d’organisation qui s’attaquera aux bases économiques qui produisent l’exploitation, les inégalités sociales, la misère, l’oppression et la dépendance économique envers les puissances impérialistes.

La pression populaire sous toutes ses formes ne doit pas faiblir.

Alger républicain
12.03.19